L’ « entroido » galicien : le carnaval du bon mangeur
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Alexandra BovioLe carnelevare originel, union des termes italiens carne (viande) et levare (enlever), interdisait la viande les jours précédant le Carême. Cependant, le carnaval de nos jours - du moins en Galice - semble avoir perdu toute racine chrétienne. Desserrez un peu votre ceinture car la carnavalesque gastronomie galicienne arrive.
Avant tout, il faut clarifier une chose. En Galice, les gens aiment manger. Et beaucoup. Trop, peut-être. Si tu es invité à manger chez un Galicien, prépare-toi à ce que l'hôte essaie de te gaver comme un cochon avant la Saint-Martin. Et si cette personne est d'un âge avancé, elle te dira en galicien « Mange plus, mon enfant, tu es trop maigre ». Même si « l'enfant » pèse 200 kilos. Ce sont les raisons d'une population vieillie qui a souffert de la faim, surtout dans les zones rurales. Beaucoup souffert. Alors si tu vas en Galice, prépare-toi psychologiquement à prendre quelques kilos, si tu manges dans ta famille, chez des amis ou au restaurant.
Et fais-toi aussi à l'idée que tu vas mourir de faim si tu es végétarien : ici les gens n'imaginent pas ne pas manger de viande. La gastronomie galicienne repose sur les produits frais de la terre, c'est pourquoi, afin de ne pas enlever l'intensité de sa saveur originelle, sa préparation n'est pas très complexe. Même si elle semble être une gastronomie monotone, elle ne l'est pas du tout et on peut s'en rendre compte avec le nombre de fêtes qui servent d'exaltation des produits galiciens toute l'année : la fête de la empanada à Noia, celle de la moule de l'Île d'Arousa, celle du fromage blanc d’A Capela ou celle du pot-au-feu de Lalín, reconnue fête d’intérêt touristique national qui se célèbre le dimanche précédent le week-end du carnaval.
Et c'est pendant cette période que les Galiciens exploitent au maximum le sens de cette fête. Haplologie du terme italien carnelevare – créé à partir des mots carne (viande) et levare (enlever) –, le carnaval se célèbre pendant les trois jours précédent le carême, période durant laquelle, selon les religions chrétiennes, il est interdit de manger de la viande. Cependant, l'entroido - carnaval en galicien- est une fête d'excès, surtout en ce qui concerne la bonne nourriture et la bonne boisson. Le plat typique de cette célébration est le lacón con grelos (pattes d'avant du porc aux légumes), la cachucha (tête de porc aussi cuite), filloas (une sorte de crêpes faites avec du bouillon de viande, de la farine et des œufs) et les oreilles.
Et même si le mot oreilles peut vraisemblablement renvoyer au porc (les Galiciens les mangent aussi), les oreilles sont un dessert typique de cette terre bon pour les végétariens et qui se prépare uniquement en période de carnaval. Les oreilles sont une pâte faite à partir de farine, d'œufs et de beurre et qui, une fois frite, à la forme d'une oreille de taille XXL.
Si vous voulez rapporter un petit morceau d'entroido galicien chez vous, voici la recette:
Ingrédients : 1 tasse de farine, 1 pincée de sel, 1 petite cuillère de levure, 1 morceau de beurre, 2 œufs battus, 2 verres d'eau-de-vie, la râpure d'1 citron, de l'huile à friture et du sucre glace pour saupoudrer. Préparation : bien pétrir tous les ingrédients jusqu'à former une pâte homogène et laisser reposer une heure. Une fois le temps écoulé, diviser la pâte en morceaux de la taille d'une noix et l'étirer avec un rouleau (plus elles sont fines, meilleures elles sont). Ensuite, frire dans beaucoup d'huile jusqu'à ce qu'elles deviennent dorées, les mettre sur du papier absorbant, les placer sur un plat et les saupoudrer de sucre glace.
Une et oreilles © Magdalena Barro; Lacón con grelos, (cc) juantiagues/Flickr. Vidéo: mikeold55/YouTube.
Translated from El “entroido” gallego: el carnaval del buen comedor