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Kosovo : le born again de l’Europe

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Style de vie

Le Kosovo est, depuis un siècle au moins, le théâtre de la confrontation de deux nationalismes, Serbes et Albanais, qui tous deux survalorisent ce territoire, perçu comme le « berceau » de la nation. Le Kosovo est-il serbe ou albanais ? Cette question demeure, encore aujourd’hui, source du conflit. Aux droits démographiques de la majorité albanaise s'opposent les droits historiques de la minorité serbe. « Newborn » est une série de portraits dont l’objectif est de rendre compte du quotidien des Kosovars à travers ce clivage. Né de l'envie de comprendre le pays de l'intérieur, de dépasser les stéréotypes véhiculés par les médias et de réfléchir sur ce nouvel État qui pourrait faire un jour partie de l'Union européenne, ce projet a été réalisé après le 4ème anniversaire de l’indépendance du Kosovo, le 17 févier dernier. Le pays compte aussi 60% de moins de 25 ans. Comment vit cette jeunesse ? Quelles sont ses difficultés, ses espoirs ? Telles sont les questions posées, à travers 16 photos, par Clément Quentin.

Nouveau-né

Ces lettres ont été posées à Pristina le jour de l'indépendance du Kosovo en février 2008. Elles symbolisent la naissance du pays.

Photo : © Clément Quentin

Liridon Veseli, 21 ans vit à Pristina

Liridon travaille pour la FSK (Forces de Sécurité du Kosovo). « A dix ans à cause des massacres perpétrés par l'armée serbe, j'ai dû quitter ma maison, mon école et mes amis sans savoir si je les reverrais. Je ne veux plus jamais vivre ça. » Après un an d'exode, il rêve d'être colonel au service de son pays.

Photo : © Clément Quentin

Driton Berisa, 25 ans

Village rom de Plemetina. Après des études de médecine, Driton ne parvient pas à trouver de travail. En partie à cause du chômage élevé mais surtout, selon lui, à cause de ses origines rom. « La discrimination des rom est un problème majeur au Kosovo. Aucune chance de sortir de l'engrenage qui nous marginalise. Même en étudiant dur pour m'en sortir, les portes sont fermées. » Driton est aujourd'hui le leader de l'association « balkans sunflower » qui milite au quotidien pour la reconstruction sociale des enfants rom de son village. Il donne des cours de langue, organise des sorties et des activités sportives.

Photo : © Clément Quentin

Visar Uffla, 29 ans, vit à Pristina

« J'ai un sentiment d'enfermement dans mon pays. Nous ne pouvons pas sortir. L'entrée dans l'Union européenne nous ouvrirait tellement de portes. Je vous envie de pouvoir voyager librement mais nos passeports n'ont pas la même valeur. Mon gouvernement m'autorise à aller en Albanie, en Macédoine ou à.... Haïti alors que moi je rêve d'aller jusqu'en Asie en moto. »

Photo : © Clément Quentin

Fitim, 28 ans, village rom de Plemetina

Le village de Plemetina a la triste réputation d'être le village le plus pollué du Kosovo. Il se situe à 1 kilomètre de la centrale électrique « TC kosova B » alimentée par les mines de charbon plus au nord du pays. « Le gouvernement a construit notre village tout près de cette centrale. Selon l'orientation du vent, nous ressentons tous les rejets de charbon et il n'est pas possible de rester deux heures dehors sans avoir ses vêtements noircis par la pollution. La plupart des gens ici souffrent de maladies pulmonaires. Vivre jusqu'à 70 ans dans ce village tient du miracle. »

Photo : © Clément Quentin

Ismet Dobratici, 25 ans, vit à Pristina

« La communauté internationale dit vouloir nous aider mais combien de civils ont été tués sous les bombes de l'OTAN ? » Les bombardements de l'OTAN furent très controversés. Contrairement à ce qu'on a trop souvent dit, l'OTAN n'a pas « écrasé » militairement la Serbie de Milosevic et les civils furent encore une fois les principales victimes.

Photo : © Clément Quentin

Bajram Kinolli, 27 ans, rom albanais de Pristina

On pourrait définir Bajram comme un « activiste social » tellement ses actions sont dévouées à l'autre. Il milite pour la paix des peuples à travers différentes associations (Gaïa, entre autres). A côté de cela, il se définit comme un artiste, convaincu que l'art, la musique en particulier, représente des armes redoutables pour faire passer des messages.

Photo : © Clément Quentin

Albulena Bardhi, 24 ans, vit à Pristina

Albulena ne joue que des comédies ou des pièces pour enfants. « Le Kosovo a assez souffert, je veux faire rire les gens, les distraire, qu'ils oublient le temps du spectacle leurs problèmes. » A la question « Aimerais-tu quitter le Kosovo ? », elle s'empresse de répondre « Jamais ! Même si la vie est dure ici, je suis fière d'appartenir à ce pays. Je dois rester pour aider à le reconstruire. »

Photo : © Clément Quentin

Sacha, 28 ans, Serbe de Gracanica

« L'OTAN est intervenu pour mettre fin au conflit. En réalité, la paix n'est pas au rendez-vous. Les Albanais sont aux commandes et la minorité serbe est reléguée en bas de l'échelle. Vos télés occidentales font passer mon peuple pour la dernière incarnation des nazis mais personne ne parle des meurtres commis contre nous par les Albanais. » Il reste 125 000 Serbes au Kosovo, isolés dans des enclaves, qui n’osent pas sortir de leur village, juste par peur.

Photo : © Clément Quentin

Unité des chasseurs alpins français, Mitrovica

La ville de Mitrovica est partagée en deux et le fameux pont sur la rivière Ibar symbolise la division du Kosovo. Au nord les Serbes, au sud les Albanais. Il suffit de peu pour maintenir au Kosovo une atmosphère de peur et de menace, étant donné la longue histoire des difficiles relations inter-ethniques.

Photo : © Clément Quentin

Léonid Palushaj, 30 ans, vit à Pristina

Artiste peintre.

Photo : © Clément Quentin

Driton, 24 ans, vit à Pristina

Étudiant en école d'art, exercice d'auto-portrait.

Photo : © Clément Quentin

Millica Milovic et Bajram Kinolli, 31 et 27 ans, vivent à Pristina.

Ce couple albano-serbe est un véritable symbole à Pristina. Il ne parle pas le serbe et elle ne parle pas l'albanais. Leur langue quotidienne est devenue l'anglais. Leur chambre est remplie d'affiches représentant les droits de l'homme, Gandhi et des associations pour la paix. Ils en font une véritable philosophie.

Photo : © Clément Quentin

Couple albanais à Pristina

Photo : © Clément Quentin 

Université de Pristina

Les jeunes Kosovars sont très nombreux à faire des études supérieures. Ils espèrent s'en sortir grâce à l'obtention de diplômes. Malheureusement il n'y a pas de travail pour tous ces diplômés. Les terrasses des cafés autour de l'université sont remplies d'étudiants parlant de politique, de littérature, de philosophie mais aussi de la frustration de ne pas pouvoir travailler et de ne pas pouvoir sortir de leur pays.

Photo : © Clément Quentin

Boîte de nuit « Le Duplex »à Pristina

Photo : © Clément Quentin 

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