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KlubRadio, entretien avec le directeur en Hongrie : « nous avons besoin du soutien des pays démocratiques »

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Default profile picture Emma Izquierdo

PolitiqueStyle de vie

La sentence de la seconde Cour de Budapest, rendue le 14 mars dernier, sur l'attribution de la fréquence 95.3mhz de KlubRadio brouille les cartes, et remet au Conseil des Médias hongrois l'attribution des fréquences. La redistribution des stations apparaît comme un prétexte.

Car la dure réalité est tout autre : Vickor Orban et son gouvernement sont en train d’exécuter l’unique radio d’opposition du pays. Interview exclusive avec le directeur de Klub Radio, András Arató .

András Arató, le président de KlubRadio qui, il y a un mois à peine était méconnu en dehors des frontières hongroises, nous accueille dans son élégant studio. Le cigare à la bouche , il esquisse une grimace qui appuie son caractère décontracté. En plus d'être le fondateur de la seule radio d’opposition de Hongrie, il est aussi un excellent photographe. Son bureau en est d’ailleurs tapissé.

KlubRadio n'est pas une radio de gauche - accordons-nous sur le terme - et n'est pas non plus une radio créée pour faire opposition. C’est une station avec de solides valeurs libérales démocratiques, interactive, riche en interviews et en opinions. Un espace qu’Arató compare à l'agora des temps antiques, ouverte aux citoyens et aux sachants, via les discussions et l’échange de points de vue. Au cours des années la radio hongroise a atteint les 700 000 auditeurs (sur 10 millions de citoyens) et, forte de ce soutien, se pare désormais du symbole de la révolte contre le tournant autoritaire du gouvernement Orban.

Lire aussi sur cafebabel.com : « La Hongrie, l’« Orbanistan » et l’exagération des médias étrangers »

Arató nous raconte comment les institutions gouvernementales d'abord et les officines privées ensuite ont sucré la radio de ses financements après le vote de 2010. Année pendant laquelle coût de création des fréquences a augmenté de plus de 100%.

cafebabel.com : Pourquoi KlubRadio a-t-elle perdu sa licence pour la transmission ?

András Arató : L'organe gouvernemental qui attribue les fréquences radiophoniques (un organe qui concentre des compétences excessives selon le memorandum de Human Rights Watch) a établi, pour la nouvelle compétition des licences, que le plus grand nombre de points (10) seraient obtenu par la radio dont la programmation était composée de plus de 60% de musique. KlubRadio, radio d'opinions et d'informations, décide d'en garantir 41%, perdant 3 points au total. En plus de ce détail, évidemment destiné à faire taire les opinions gênantes, KlubRadio a été battue pendant la compétition par une compagnie anonyme, d’un point seulement.

cafebabel.com : Qu'offrirait en plus cette station inconnue par rapport à KlubRadio ?

András Arató : Le Conseil des Médias n'a pas permis la publication du contenu des propositions, et jusqu'à présent leur contenu nous est tenu secret. Mais je vous le dis quand même, car j'ai vu le projet avec lequel ils ont participé, et je vous dis que c’est une saleté qui a gagné. Leur programmation n'existait pas, ils n'auraient jamais pu gagner la compétition. Il s'agit en fait d'une société anonyme fondée en 2011 sans expérience dans le domaine des médias et avec un capital de 3 000 euros contre un million d'euros pour KlubRadio.

Maintenant KlubRadio est en procès contre le NMHH (National Media and Infocommunications Authority Hungary) à cause de cette enchère et, Arató, malgré la situation tragique vers laquelle penche son pays vis à vis de la liberté des médias, n'abandonne pas pour autant : « Les gens font de cette situation, un scandale. Et les pays voisins peuvent désormais s'en apercevoir. De plus l'affaire regardera toute la nation : les citoyens pourront estimer la réelle indépendance de la Cour de Justice qui a en main l'affaire. »

cafebabel.com : Les amendes prévues pour les médias qui « violent l'intérêt public » peuvent arriver jusqu'à 700 000 euros. Mais quel est cet intérêt public ?

András Arató : L'intérêt public est précisément celui du public, qui lit, qui écrit, qui écoute et qui s'informe. Nous n'existerions pas s'il n'y avait pas cet intérêt public. Nous avons besoin du soutien des pays démocratiques et l'attention qui nous a été montrée jusqu'alors nous remplie de fierté et de courage. Notre groupe facebookMentsük meg a KlubrádiótSauvons KlubRadio ») a aujourd'hui plus de 10 000 membres.

Mise à jour : l' UE a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation vis à vis des réformes antidémocratiques, attentatoires à la liberté de la presse. Le Conseil des Médias a décidé, en rapport avec ses souhaits, que KlubRadio puisse continuer à diffuser jusqu'au début du mois d'avril au plus tard, à moins que le tribunal n'en décide autrement. La sentence du 14 mars, a remis la décision sur l'attribution des fréquences aux mains du Conseil des Médias hongrois, accordant un ultime recours à KlubRadio.

Ces dernières semaines Magyar Nemzet (premier quotidien de droite en Hongrie) et Hir TV (chaine de télévision conservatrice), connus pour entretenir des liens étroits avec le gouvernement, suivent NMHH dans la construction de fausses accusations à l’encontre des journalistes de la radio. La dernière en date a visé Bolgar György, fameux journaliste de la rédaction, accusé d'avoir interrompu durant la transmission, l'intervention d'un auditeur qui aurait menacé de mort Pál Schmitt, l'actuel président de la République hongroise. Klubradio a répondu avec un communiqué demandant aux concurrents de publier une rectification.

Photos : Une (cc) zellaby/flickr; Texte : © Greta Gandini; Vidéo (cc) andreariscassi/YouTube

Translated from Ungheria, sentenza su Klub Radio. Il direttore: "abbiamo bisogno del sostegno dei paesi democratici"