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Joseph Daul : « Il faut sortir les nuls du Parlement »

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Si le centre-droit européen remporte de nouveau les élections européennes de juin prochain, il pourra disposer de postes politiques clés afin de faire avancer l’UE. Aider les Européens face à la crise et les impliquer dans la construction du projet communautaire : deux défis de taille.

Le français Joseph Daul est un des politiciens les plus influents de l’UE. Il préside le plus grand groupe du Parlement européen : le Parti populaire européen (PPE) qui aura sûrement le pouvoir de nommer les présidents du Parlement européen et de placer Durão Barroso, pour un deuxième mandat, à la tête de la Commission européenne.

Quel bilan politique tirez-vous du mandat 2004-2009 au nom du PPE ?

(©Nabeelah Shabbir)Ces cinq années sont passées très vite. Au début, nous pensions que les choses allaient continuer à très bien se passer et que nous aurions plus de croissance… Et puis, cette crise financière est arrivée à la fin du mandat.

Cette crise a-t-elle été un contrepied pour le PPE ?

Elle nous a prise à contrepied, même idéologiquement parlant.

Travaillez-vous pour chercher des solutions sur le long terme ?

Nous avons toujours essayé de favoriser l’économie sociale de marché. Mais dans notre groupe, certains ont parfois exigé plus d’économie de marché, prétendant que nous n’étions pas assez modernes. Pas assez avec notre temps. Maintenant, et avec la crise, nous sommes revenus à nos vraies valeurs. Les valeurs que les nouveaux Etat-membres ont essayé de nous transmettre depuis quatre ans et que nous avions depuis 60 ans : la famille, les vrais besoins...

Est-ce difficile de présider un groupe aussi pluriel ?

Bien sûr ! Tous les matins quand je me lève, je me pose la même question : où est aujourd’hui ma majorité ? Avec quels pays, avec quels groupes politiques, avec quels partis ? Mais c’est merveilleux, quand-même, lorsqu’à la fin de la journée, on trouve un bon compromis.

Quel est votre sentiment sur les résultats du PPE aux élections maintenant que les Tories britanniques ont confirmé leur séparation à l’amiable du groupe ?

(©Nabeelah Shabbir)Je ne crois pas qu’on arrivera à récupérer tous les sièges. On va les récupérer en Italie, en Pologne, moins en Allemagne, j’espère, un peu en France. Globalement, l’ambiance n’est pas mauvaise. La seule chose que je crains, c’est le taux de participation : depuis 2004, on n’a pas réussi à déclencher une forte mobilisation, celle qu’il faut pour l’Europe.

Comment mobiliser les gens alors ? Ne faut-il pas plus de transparence de la part des politiciens européens ?

Nous sommes très transparents sur la question des travaux ! Par contre, sur l’argent public, nous pourrions l’être plus. L’Espagne est très transparente par exemple et cela se répercute sur la participation aux élections et le vote en faveur du projet de constitution européenne. Il faut montrer où l’Europe intervient. Je vous donne un exemple : quand on se lève le matin et qu’on allume la lumière, c’est l’UE qui décide quel type d’ampoule on peut utiliser ; quand on prend ensuite une douche, ce sont les normes européennes qui protègent l’eau qu’on consomme ; quand on prend le petit déjeuner, ce sont les normes européennes qui protègent notre alimentation ; et quand on prend la voiture, ce sont aussi les normes européennes sur les gaz d’échappement qui nous protègent.

Parlorama.eu note les eurodéputés en fonction de leur participation aux travaux quotidiens du PE. Ce site a été fermé temporairement suite aux pressions des eurodéputés : cette initiative vous semble-t-elle positive ou au contraire, pas très constructive ?

Pour les juger, il faut classer les membres du PE en deux catégories (et je suis mal placé pour en parler car j’ai pour ma part eu une bonne note) : d’un côté, il y a Pöttering, le président du Parlement, qui a reçu une mauvaise note car il n’a naturellement pas le temps de faire des rapports quand il représente constamment le PE. De l’autre, il y a effectivement ceux qui ne travaillent pas. Si on fait des moyennes, le résultat est clair et il faut faire sortir les nuls. Moi j’ai manqué trois ou quatre plénières, mais c’est parce que je représentais le Parlement à Bruxelles, au Conseil. Dans tous les cas, ce genre d’initiatives fait émerger les noms de ceux qui ne travaillent pas, ce qui est une bonne chose.

Lors du prochain mandat, le PPE préfèrera-t-il partager la présidence du Parlement avec le libéral Watson ou avec le socialiste Schulz ?

Pour prendre cette décision, il faut attendre le résultat des élections et voir avec qui on peut atteindre une majorité de deux tiers.

Quelles sont les qualités que vous attendez du prochain président de la Commission européenne ?

Qu’il ne se limite pas à enfiler la veste du président et qu’il soit un animateur du jeu européen.

Doit-il avoir son propre agenda ou se contenter d’être l’intermédiaire entre les Etats-membres, comme on a vu Barroso le faire jusqu’à présent ?

Il faut qu’il travaille pour chercher les majorités et faire passer ses propositions.

Etes-vous candidat à la présidence du groupe PPE pour le prochain mandat ?

Oui, je suis de nouveau candidat.