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Josefa Idem : «Un enfant et une médaille d'or»

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Default profile picture Sophie Janod

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Championne de canoë kayak plusieurs fois médaillée olympique, l'Allemande Josefa Idem, 42 ans, vit exilée en Italie. Elle mène de front sa vie de mère et de sportive de haut niveau et vient d'empocher l'argent aux JO de Pékin.

Los Angeles, Jeux Olympiques de 1984. L’allemande Josefa Idem, 20 ans tout rond, remporte la médaille de bronze de l’épreuve du 500 mètres kayak, en tandem avec sa compatriote Barbara Schuttpelz. Près de 24 ans plus tard, Idem score à nouveau. A Pékin, c'est l'argent qu'elle décroche, après avoir eu l'or en 2000 aux JO de Sydney et en 2006, aux Championnats du monde d’athlétisme en Hongrie. Mais au fil des années, elle cumule aussi un mariage, deux enfants et un engagement en politique.

Rencontres secrètes avec les athlètes de RDA

Née à Goch, dans l’ex-Allemagne de l’Ouest, Josefa Idem a commencé le canoë à onze ans et demi, presque par hasard. « Je me souviens que je suis tombée sur une démonstration dans l’école de ma sœur. J’ai décidé d’essayer. Au début, je tombais sans arrêt dans l’eau. Rester en équilibre n’était pas simple, mais j’ai trouvé cela drôle et je me suis accrochée. » Déterminée, Idem décroche bientôt des qualifications lors de compétitions internationales. A 17 ans, elle participe aux Championnats du monde de canoë kayak.

Face à elle concourrent les athlètes de l’ancienne Allemagne de l’Est. Un duel qu’elle qualifie aujourd’hui de très impressionnant. Voire inquiétant. « Ils n’avaient pas le droit de nous parler, de nous saluer », se souvient t-elle. « Comme si nous existions pas ». Idem souligne que les jeunes de l’Est étaient sous un « contrôle de fer » même s’ils avaient « envie de nous connaître ». Idem confesse d’ailleurs avoir organisé « des rencontres secrètes dans les chambres de l’hôtel. Avec une vigie pour donner l’alarme en cas de contrôle. S’ils avaient été découverts, » reprend t-elle, «  ces athlètes auraient été disqualifiés et interdits de compétition à vie ».

Cette curiosité mutuelle valait pourtant le risque. Idem était ainsi particulièrement intéressée par les techniques d’entraînement pratiquées dans l’Allemagne de l’Est. « Au-delà du dopage bien connu, les méthodes étaient vraiment avant-gardistes. La science appliquée au sport », se rappelle t-elle. La médaillée olympique reconnaît aussi avoir beaucoup parlé avec ses homologues de l’Est : «  De nos rêves, de la possibilité de quitter un jour l’Allemagne communiste ». « Quitter sa famille n’était pas facile », ajoute Idem. « A l’époque, on se mariait très jeune. Et le temps pour se dédier à une discipline sportive avant d’avoir d’autres liens était limité. »

Laure Manadou bis

Après ces multiples récompenses, les choses se gâtent pour l’équipe allemande. Lors des Mondiaux de Pologne de 1989, Idem remporte deux médailles de bronze en courses individuelles mais elle se plaint d’un manque de confiance de la part de son équipe. Coup de tête, elle décide de partir en Italie avec son homme : Gugliemo Guerrini, un entraîneur de volley-ball originaire de Santermo qu’elle avait rencontré à Prague l’année précédente.

Pour la championne amoureuse, continuer les entraînements dans son pays natal devient de plus en plus problématique. Gugliemo ne parle pas l’allemand, les longs voyages pour se perfectionner et ses rapports non satisfaisants avec l’équipe nationale poussent de plus en plus Idem vers l’Italie. Là, elle dit y trouver un environnement plus « attentif » à ses exigences. Elle commence à fréquenter le cercle canoéiste de Milan et très vite Guerrini devient son entraîneur personnel. Son changement d’équipe ne tient plus qu’à un cheveux.

« J’ai été très étonnée lorsque l’on m’a accordé le permis de concourir avec l’Italie », souligne Idem avant d’ajouter : « C’est peu de temps après que j’ai découvert que deux championnes originaires d’Allemagne de l’Est avaient demandé et finalement obtenu la possibilité de concourir au nom de l’Allemagne de l’Ouest. » Selon Idem, « l’Allemagne souhaitait récupérer deux médailles d’or, gagnées toutes les deux par Katrin Borchert, une ex-athlète de l’Est. Mais aux Mondiaux de 1990, c’est moi qui suis arrivée première pour l’Italie alors que Borchert est arrivée troisième. »

Ce n’est que le début d’une série de succès impressionnants. Participant aux Mondiaux, aux championnats d’Europe ou aux Jeux Olympiques, Idem décroche l’or à Sydney en 2000. Ces résultats sont obtenus grâces à des entraînements toujours plus sophistiqués et personnalisés : « Aux côtés de mon mari, nous avons commencé à faire des recherches et à nous adapter à l’âge qui avançait. »

Sport politik

1995 marque un évènement majeur dans la vie d’Idem : la naissance de Janek, son premier fils. L’année précédente, Josefa avait même disputé les championnats du monde à Mexico, enceinte de dix semaines, réussissant à obtenir une troisième place. Pour autant, l’athlète se sent « coupable » de reprendre les entrainements « dix huit jours seulement après mon accouchement ». « J’étais très perturbée », explique t-elle encore. « Je repensais à ma mère, qui était tout le temps à la maison ». Désormais grand nom du sport en Italie, Idem a choisi de suivre sa route sans jamais renoncer à ses enfants, Janeck et Jonas, son second fils, qui vont finalement la suivre partout pendant les compétitions. « Beaucoup d’athlètes laissent leurs enfants à la maison pour les grandes compétitions, mais nous voulions les avoir près de nous », pointe t-elle.

En 2001, changement de voie. On lui propose de se présenter aux élections locales de la ville Ravenne, pour la coalition de centre gauche. « Au début, »se souvient t-elle, « je voulais être sûre que ce n’était pas seulement à cause de mon image ». Elle accepte le marché et est immédiatement élue. » On la nomme ‘adjointe au sport’ dans l'équipe de la municipalité. Conquise par ce nouveau ‘hobby’, Idem arrête brièvement la compétition dans l’espoir d’être « réélue ». Et puis en 2007, revirement de situation : elle arrête la politique et se concentre à nouveau sur le canoë kayak. « J’ai décidé de reprendre la compétition, ce que je sais le mieux faire, en vue des mondiaux d’été de Hongrie », raconte t-elle.

Après une courte période d’entraînement, elle est de nouveau en forme pour la compétition de haut niveau. Aux Championnats d’Europe, elle grimpe sur la troisième marche du podium et décroche la médaille d’argent aux Championnats du Monde. « Cette année a été vraiment grandiose pour moi », confesse Idem. « Après seize mois de pause, deux enfants et à 42 ans, parvenir à ce résultat a été une grande performance ».

Ce "brunch avec " a été publié une première fois sur cafebabel.com en septembre 2007.

Translated from Josefa Idem: «Io canoista (e mamma) a 42 anni»