Jeux paralympiques : le sport au-delà des médailles
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Imaginez plonger dans une piscine les yeux fermés, courir sans vos jambes, jouer au tennis de table sans vos mains, au rugby assis dans une chaise roulante… Ces aventures courageuses sont celles qui font vibrer les autres Jeux Olympiques, ceux qui peinent à faire la Une ou le direct sur les chaînes publiques.
Les yeux sont encore une fois rivés sur Londres depuis le 29 août, où ont lieu les XIVèmes Jeux Paralympiques d’été de Londres d’été de Londres dans le parc olympique de Stratford. Jusqu’au 9 septembre, 4 200 athlètes de 174 pays différents tenteront de décrocher les 503 médailles d’or mises en jeu.
84% des Français aimeraient suivre les Jeux Paralympiques
À Londres, la flamme des Jeux Olympiques brûle encore avec cet évènement hors du commun. Les Espagnols, eux, leur offrent 300 heures de direct sur RTVE pour se faire pardonner leurs erreurs de Pékin. Mais, en France, les épreuves ne sont pas retransmises sur France Télévision et occupent une place quasi inexistante dans le quotidien sportif français, L’Équipe. Même si France Télévision a tenté de se rattraper en retransmettant la cérémonie d’ouverture sur France O (avec un journal quotidien à 17h), les Jeux Paralympiques ne suscitent pas le même intérêt que les Jeux Olympiques, mais qui blâmer de cette indifférence ?
Un sondage réalisé par l’Institut Toluna pour Ouest France montrerait que 84% des Français aimeraient suivre les Jeux Paralympiques à la télévision et 66% d’entres eux préféreraient des émissions en direct. Alors, sommes nous face à un véritable désintérêt ou souffrons-nous plutôt d’un manque d’information ?
La rentrée ne crée certainement pas un contexte favorable à une grande couverture médiatique des Jeux, particulièrement après des semaines de mobilisation de personnel et d’installations techniques des médias qui ont impliqué des budgets considérables. Rémy Pflimlin, président-directeur général de France Télévision, a effectivement déclaré la semaine dernière sur France Inter que « dans le prolongement direct des Jeux Olympiques, voire dans le chevauchement, on aurait pu faire autrement. »
« Ce n’est pas l’exploit que l’on va mettre en avant mais l’exploit humain et c’est tout à fait différent. »
Il est également difficile pour les spectateurs de connaitre la même euphorie face à des Jeux plus complexes, comprenant de nombreuses catégories pour un même sport afin de différencier les handicaps. Même si la vérité peut paraitre cruelle, il faut aussi dire que peu de monde s’intéresse au handisport haut niveau. On peut se désoler, mais il faut aussi s’intéresser aux progrès faits et comme l’a déclaré Christophe Barbier dans son édito vidéo du 30 août, il faut également « penser différemment la retransmission, puisque ce n’est pas l’exploit que l’on va mettre en avant mais l’exploit humain et c’est tout à fait différent. »
Ces jeux paralympiques peuvent, en effet, faire l’objet d’une plus grande réflexion sur la place des handicapés dans notre société. Mais alors, il faut choisir entre une grande audience à des fins commerciales et financières ou, une mission exemplaire et désintéressée pour les chaînes de télévisions publiques. Plus que sportif, le message de cet événement est fort, notamment grâce à chacune de ses aventures personnelles. Voilà la mine d’or inexploitée par les médias. Aujourd’hui, la médaille d’or devient une preuve de courage qui démontre que la condition physique n’est en aucun cas un frein à l’aboutissement de grandes réussites.
Photos : Une (cc) Will Clayton/flickr