Jeux Paralympiques de Rio 2016 : le handicap de vision
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Ce soir aura lieu la cérémonie d’ouverture de la quinzième édition des Jeux Paralympiques, à Rio. De la médiatisation aux moyens, en passant par la perception des athlètes et du grand public, nous avons essayé d’en savoir plus.
Quelle est la date d’ouverture des Jeux Paralympiques ? Ont-ils même déjà commencé ? Ce sont des questions qui ne trouvent pas de réponse évidente auprès du grand public, preuve que la médiatisation et l’intérêt manquent encore pour la deuxième compétition sportive du monde en termes de nombre de participants.
Pourtant, les Jeux Paralympiques, qui auront lieu du 7 au 18 septembre à Rio de Janeiro, ont récemment fait parler d’eux. Suite aux sommes faramineuses dépensées pour l’organisation des Jeux Olympiques, l’organisation des Jeux Paralympiques fut dans un premier temps mise en doute, avant d’être finalement confirmée par les autorités brésiliennes. Puis la suspension de l’ensemble de la délégation russe en raison du scandale de dopage d’État a eu des répercussions géopolitiques, Vladimir Poutine affirmant que cette décision avait été prise « en dehors de toute justice, morale et humanité ».
« Aujourd’hui, on est vraiment considérés comme des sportifs »
Malgré ces quelques péripéties, ce sont bien 4350 athlètes issus de 176 pays qui vont concourir pendant plus de dix jours, dont 29 pour la délégation belge. À l’instar des athlètes valides, ils ont attendu ces Jeux pendant quatre ans et souhaitent montrer au monde entier leurs performances sportives. Et ce, grâce à une médiatisation croissante du handisport et des Jeux Paralympiques, comme nous le confirme Ozek Kazimirowski, chef de mission pour le Belgian Paralympic Committee. « Au moment des Jeux de Londres, il y a eu une énorme augmentation de l’attention médiatique pour les Jeux Paralympiques et les athlètes. Cette année, on aura une équipe de la RTBF [Radio Télévision Belge Francophone] qui sera sur place pour suivre les Jeux. Ils vont faire des focus chaque jour sur les athlètes, notamment francophones. Il y aura des diffusions, en direct ou en différé », nous affirme-t-il.
Cela semble néanmoins assez dérisoire comparativement aux Jeux Olympiques, dont les épreuves étaient retransmises en direct par des télévisions du Monde entier. Contacté par téléphone, Joachim Gérard, 3ème joueur mondial en tennis en fauteuil roulant et qui s’apprête à concourir aux Jeux, relativise quant à ce déséquilibre, préférant insister sur l’évolution du regard du grand public pour le handisport. « Il faut encore du temps, la vision de l’opinion publique a déjà beaucoup changé. Aujourd’hui, on est vraiment considérés comme des sportifs et non plus comme des sportifs handicapés », nous dit l’athlète belge.
Cette perception des athlètes est effectivement un élément central de la compétition. Ozek Kazimirowski nous rappelle ainsi que les participants souhaitent avant tout « envoyer un message d’inclusion à la société belge et faire comprendre qu’un athlète qui a un handicap est un athlète comme les autres […] qui mérite autant de respect qu’un athlète olympique ».
Channel 4, la chaîne de télévision anglaise, a peut-être produit la meilleure vidéo de tous les temps sur les Jeux Paralympiques de Rio 2016.
Une prime 5 fois moins importante pour une médaille d’or
Mais si ce respect se doit d’être identique, il n’en reste pas moins que les budgets et les moyens alloués à la pratique du handisport de haut-niveau ne sont pas les mêmes que pour le sport valide. Ainsi, en cas de médaille d’or, un athlète empochera 10 000 euros, 7 500 pour une médaille d’argent et 5 000 pour le bronze. Comparativement, les primes versées aux athlètes valides pour ces mêmes breloques étaient de 50 000, 30 000 et 20 000 euros lors des JO. À noter que ce sont les comités paralympiques nationaux qui fixent et versent la prime (à titre de comparaison, la France verse le même montant aux athlètes paralympiques et valides). Ozek Kazimirowski nous explique que « si les montants ne sont pas les mêmes, c’est parce qu’on n’a pas les mêmes partenaires, le même soutien des pouvoirs publics ni la même visibilité ».
Ceci dit, tous conviennent que des efforts ont été faits depuis quelques temps et que la situation des athlètes s’améliore au fil des années. Ainsi, d’après l’athlète belge Peter Genyn, champion du monde 2015 du 100 mètres et 400 mètres sprint en fauteuil, « nous sommes soutenus par le Comité national. Les budgets sont certes limités, mais les instances essaient de l’utiliser de la meilleure façon possible. Après les Jeux de Pékin, la situation s’est améliorée. Nous avons beaucoup d’experts nutritionnistes qui nous disent ce qu’il faut et ne faut pas manger, quand manger etc. Nous avons aussi des tests de condition physique pour évaluer notre forme. Cela s’améliore énormément ! ».
Ce soutien est plus que le bienvenu, il est même indispensable pour une pratique du sport à haut-niveau. Car, à l’instar des athlètes valides, la question de l’investissement de temps pour la pratique du sport est centrale. Comment progresser et pouvoir défier des sportifs du monde entier ? Pour Joachim Gérard et Peter Genyn, le sport est ainsi leur seule activité. Comme l’affirme ce dernier, « il est quasiment impossible de combiner mon sport avec un travail puisqu’on doit s’entraîner durement ».
Et de fait, également à l’image des athlètes valides, les athlètes paralympiques se doivent de trouver des financements pour pouvoir vivre de cette seule activité. Joachim Gérard nous confie que « le développement du handisport se fait très bien. On a des rentrées d’argent qui nous permettent de vivre ». « J’ai des partenaires qui me suivent et me permettent de vivre plus facilement, bien que je ne vive pas dans l’excès », conclut-il.
Ambition et pragmatisme
À l’avenir, le Comité paralympique, comme les athlètes, souhaiteraient encore plus de visibilité, afin d’obtenir davantage de soutien de la part des pouvoirs publics et des sponsors privés et de se rapprocher de l’image du sport valide. Des progrès ont été faits, mais d’autres peuvent être réalisés. Les propos d'Ozek Kazimirowski résument sans doute fidèlement l’état d’esprit des acteurs du handisport : « Il faut être ambitieux, demander plus et il faut pouvoir prouver qu’on mérite mieux. Mais il faut également se satisfaire de ce que l’on a aujourd’hui ».
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