JAPON : Les Verts se mobilisent contre le Nucléaire
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Le flashmob confidentiel des Verts à l'Opéra Bastille
Mélodie Labro Photos Susanna Arus
Suite au séisme qui a ébranlé les Japonais, un appel à la mobilisation avait été lancé lundi dernier sur le site d’Europe Ecologie Les Verts (EELV). Les Verts voulaient manifester leur solidarité envers les victimes au cours d’une minute de silence mais aussi réclamer, une nouvelle fois, un débat sur le nucléaire en France. Mardi 15 mars, des flashmobs ont été organisés dans plusieurs villes françaises, de Lille à Marseille, en passant, donc, par Paris.
Les participants manquent cruellement à l'appel
Inutile de dire que le parti attendait beaucoup de la capitale, où les habitants sont censés être un peu plus ecofriendly qu’ailleurs. Mais ecofriendly ne signifie pas non plus anti-nucléaire. En fait, la journée de mardi a plutôt laissé penser que les Parisiens sont surtout nucléo-indifférents. Malgré la présence de personnalités phares du parti, Cécile Dufflot en tête, ou encore Sylvain Garel, co-Président de Groupe des élus Verts au Conseil de Paris, les participants étaient vraiment peu nombreux.
La photo de groupe montre des élus du parti et quelques jeunes militants mais on cherchait désespérément les civils en combinaison blanche, le dress code de la journée.
Alors les représentants de EELV justifient le relatif échec du flash mob de Bastille. A la manière de Rodéric Aarse, secrétaire départemental pour les Verts des Hauts-de-Seine (92) : « Le flash mob n’a été décidé qu’hier. En plus, on est en pleine semaine…. » Assez peu convaincant… Mais le jeune secrétaire, drapeau vert à la main, sait aussi être lucide : « On doit cependant se poser la question de la nature de notre action. »
En clair, il faut revoir les méthodes de communication des évènements ! Disons le clairement : l’appel a été assez mal relayé. Il était ainsi très difficile de connaître le lieu de rendez-vous exact jusqu’au mardi matin (embêtant pour un évènement prévu à 13 heures piles).
Sylvain Garel, figure de plus en plus médiatisée du parti, est plus direct : l’appel n’a été publié que sur des listes internes. En Allemagne, hier, 100 000 personnes étaient dans la rue. Alors oui, il est « un peu déçu ».
Quelles peuvent être les raisons profondes de ce manque de mobilisation?
Pour Sylvain Garel, la raison est politique : entre tous les partis, le seul à avoir des positions anti-nucléaires, c’est le sien ! Et c’est un tout jeune parti né du rassemblement d’Europe Ecologie et des Verts le 13 novembre 2010. En Allemagne ou en Suède, le débat sur le nucléaire se pose dans chaque formation politique. En France, c’est un tabou ou un sujet considéré comme clos. « Le gouvernement français, depuis plus de 30 ans, fait croire que la seule énergie alternative, c’est le nucléaire. Et le débat démocratique autour de cette question n’a jamais été ouvert » explique l’élu du 18ème.
Du côté des militants, même son de cloche. Pauline, jeune femme à l’air convaincu, regrette que le flashmob n’ait pas plus d’ampleur, mais pense que la prise de conscience générale sur les dangers du nucléaire est en marche.
« Les gens ne se rendent pas compte. C’est à nous de casser cette idée acquise que le nucléaire, c’est l’avenir. »
Et comment doit s’opérer ce miracle?
« Il faudra que la transition se fasse en douceur. Elle s’étendra certainement sur 25, 30 ans. Il faut d’abord éteindre les réacteurs les plus dangereux. » Puis elle évoque l’Allemagne, un pays en avance sur le débat du nucléaire. Citer les exemples étrangers, voilà semble-t-il un argument de poids pour les membres du parti. François de Rugy, député écologiste de Loire-Atlantique, déclare ainsi que « beaucoup de grands pays dans le monde ont arrêté de construire des réacteurs nucléaires, comme l’Allemagne, la Suède. »
France, l’Europe te regarde ! « Les députés d’Europe Ecologie Les Verts ont demandé, à plusieurs reprises, des rapports officiels sur le nucléaire. La réponse fut toujours négative » explique de Rugy. « Il y a une opacité, une omerta sur le nucléaire français. »
Ceci dit, en Allemagne, tout n’est pas green : « Les Allemands utilisent encore le charbon, par exemple » rappelle Pauline.
Que répondent les Ecolos lorsqu’on leur demande quelles pourraient être les énergies alternatives si le nucléaire est une hérésie ?
Pauline ne donne pas la réponse mais suggère quelques pistes : « Il faut en fait aller vers une plus grande efficacité énergétique: isolation thermique, réseaux de chaleur. »
Tchernobyl 1986/Japon 2011: qu'est-ce qui a changé ?
Toutes les personnes interrogées s’accordent sur le fait que le Japon, pays plus développé en termes de nouvelles technologies que la France, constitue un exemple très convaincant du danger nucléaire.
Quand on parle de la catastrophe de Tchernobyl, dont on commémorera le triste 25ème anniversaire le 26 avril prochain, il y a toujours des gens pour en minorer l’impact explique Pauline. « On va vous dire, à Tchernobyl, il n’y avait aucune maintenance parce que l’Ukraine, en 1986, c’était vraiment un pays en transition. Le Japon, c’est un pays très fort, plus fort que la France même. Donc c’est bien la technologie qui pose problème ! »
Récupération politique ou action civique?
Pas besoin d'évoquer les attaques du PS, (et à vrai dire, je n’y avais même pas pensé) Rodéric Aarsse le fait tout seul :
« Evidemment, le PS nous accuse de mener une action aujourd’hui pour préparer les cantonales de la fin de la semaine, ce qui est ridicule. »
Je pense plutôt que Europe Ecologie les Verts prépare 2012. Et veut s’imposer comme le seul acteur politique appelant à la levée d’un tabou, dire que le gouvernement ignore le danger nucléaire et montrer au passage les insuffisances de tous les autres partis.
Parce qu’entre nous, aux cantonales, l’enjeu nucléaire, ce n’est pas ce qui intéresse les électeurs…
Toute la question est de savoir si le débat sur le nucléaire réclamé par les Verts pourrait un jour avoir lieu. Et ce n’est pas pour tout de suite apparemment puisque, hier matin, au Conseil des Ministres, Nicolas Sarkozy fut clair : le nucléaire, c'est une énergie avec laquelle il faudra compter.