"J'aimerais que tu définisses le succès": OJBM.
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Cafébabel Bruxelles est allé poser ses fesses au concert du groupe Old Jazzy Beat Mastazz (OJBM) au Reflektor, à Liège. Pour la sortie de leur EP, intitulé NOTORIOUS, OJBM nous a accordé un entretien fort frais.
OJBM offre un show
Suite à l'album Robben Island, sorti en 2014, OJBM déploie NOTORIOUS. Neuf artistes sur scène, la team au complet a dévoilé leur nouvel opus au public, agrémenté de nouvelles sonorités et d'un MC (Le Dé) bien au fait des récents codes du rap. Shana (voix, synthé, congas) a rappelé que Michael Jackson et James Brown ont laissé des traces dans le brin de sa mémoire vive. Basse, guitare, batterie, platine et cuivres ont porté les voix avec beaucoup de classe et d'audace. Yes, la fusion des genres a bien fonctionné. Une heure et 25 minutes de concert lors desquelles le public a été présent. Shana et Le Dé nous ont accordé un entretien pour discuter de NOTORIOUS.
Cafébabel: NOTORIOUS, nouvel EP, à quoi ce titre fait-il référence?
Le Dé: Premièrement, c'est évidemment un clin d'oeil à Notorious B.I.G., Biggie Smalls. Ce titre, qui n'est pas le nom d'une chanson, j'en ai eu l'idée et puis j'en ai parlé aux autres parce qu'il y a beaucoup de significations possibles. À la fois, le clin d'oeil au rappeur parce que la génération qui connait le rap, quand elle entend "Notorious", c'est la première chose à laquelle elle pense. Et aussi, l'autre sens, celui de la notoriété, la célébrité, sa signification, les sacrifices que l'on est prêt à faire pour l'atteindre.
"La célébrité signifie pouvoir vivre de son art"
Cafébabel: Dans la chanson Brazilian girls, tu dis "J'aimerais que tu définisses le succès". Peux-tu parler de la notion de succès telle qu'elle est portée par le hip-hop contemporain?
Le Dé: C'est le but en soi. Pourquoi s'investit-on à fond dans la musique? Pour que cela porte ses fruits car au final, la célébrité signifie pouvoir vivre de son art, faire des tournées et vivre de sa musique. C'est ça le Graal, le but ultime pour tout musicien. Dans le milieu du rap, on l'assume, ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs.
Cafébabel: Quels sont les thèmes abordés par votre nouvel EP?
Shana: Cela tourne beaucoup autour de la notoriété, comment atteindre le succès. Ce n'est pas seulement une référence à Biggie.
Le Dé: Un des titres de l'EP s'intitule Propaganda. On aborde la relation entre le producteur véreux et l'artiste. Le producteur dit "Tracasse pas, je vais faire tourner ton nom comme une propagande et tu vas devenir une star".
Les textes abordent aussi ma situation à l'époque où je les ai écrits. Qu'est ce que je vais faire de ma vie? Est-ce que je m'investis à fond dans la musique? Cela en vaut-il la peine? Où vais-je?
Cafébabel: Est-ce un choix difficile, notamment pour un jeune?
Shana: Le Dé est un bon exemple. Il suivait des études en même temps que le rap qu'il pratiquait depuis longtemps, il a sorti plusieurs EPs. Deux choix s'offraient à lui au terme de ses études. Soit il se taillait au Luxembourg pour gagner de l'argent ou alors il mettait en place un projet personnel. Nous nous étions croisés par hasard l'année passée et il a fait un choix. Il s'agit toujours de faire un choix.
Cafébabel: OJBM a récemment subi une reconfiguration dans le Band. Shana, dans quel état d'esprit se trouvait le groupe l'année passée?
Shana: Nous avions tourné pendant trois ans et le tour du set avait été fait (jeunesses musicales, festivals). D'abord, l'artiste a toujours besoin de se regénérer. Ensuite, l'ancien MC (Taio) a décidé de partir voyager ce qui nous a donné l'opportunité de relancer la machine. En écoutant plusieurs MCs, je suis tombé sur Le Dé. En fait, il n'y a pas eu de coup d'état.
Cafébabel: Qu'est-ce que Le Dé apporte au groupe?
Shana: Il amène ce flow que nous n'avions pas avant, un peu trap. Il a aussi des idées rythmiques et au niveau de l'écriture, c'est très intéressant. Aujourd'hui, son style apporte de la cohérence.
Le Dé: Les refrains, on les taffe ensemble. Il y a une belle cohérence. Il s'occupe des refrains et je me charge des couplets. Mais chacun amène ses idées à l'autre.
Cafébabel: Suite à l'album Robben Island, pourquoi avoir sorti un EP?
Shana: Nous ne voulions pas être dans le rush. Il fallait faire six bons morceaux...
Le Dé: Cela fait un an que je suis dans le groupe et que nous composons ensemble. C'est une séance d'échauffement. Le but est aussi de démarcher les festivals et de se faire connaître. Soit c'est le monde entier qui l'écoute ou alors personne.
"Si tu restes maître de ton projet, tu peux aller sur un gros label"
Cafébabel: Vous vous auto-produisez. Quel regard portez-vous sur l'industrie musicale?
Shana: Il y a du bon et du moins bon. Tout dépend de la maîtrise que tu as sur ton projet. Si tu restes maître de ton projet, tu peux aller sur un gros label.
Le Dé: C'est vrai que c'est complexe. C'est bien de commencer comme indépendant. Il faut toujours un peu bourlinguer. Lorsque tu atteins une certaine maturité, tu peux alors te poser d'autres questions.
Cafébabel: Pourquoi avoir intégré des cuivres?
Shana: Si nous avions produit un album, OJBM n'aurait pas eu le temps de travailler sur les arrangements. Les cuivres ont toujours été importants dans la musique que nous faisons. On a pu se payer ce luxe cette fois-ci. Nous jouons un mélange de funk, soul, hip-hop et même par moment de l'afro-beat. Grâce aux cuivres, ça devient de l'afro-beat à la Fela Kuti!
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