Italie : le prix des pâtes flambe
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Elodie STEPHANDes revenus qui n'augmentent pas et une inflation supérieure à la moyenne européenne. Le pouvoir d’achat est au point mort en Italie. Portrait d’un pays où la pauvreté touche surtout les jeunes.
En Italie, l’inégalité économique et la pauvreté ont désormais atteints des seuils alarmants. Le rapport 2006 de la Banca d’Italia (équivalent de notre Banque de France) le confirme. Selon les associations de défense des droits des consommateurs, 14,6 % des familles italiennes déclarent avoir des difficultés en fin de mois. Elles pourraient atteindre 20 % à la fin 2008.
De toutes évidences, beaucoup d’Italiens ont de plus en plus de mal à acheter des biens durables, même si les plus grosses difficultés se retrouvent dans les domaines de l’assurance ou du transport. Si l’on considère la diminution du pouvoir d’achat selon les tranches de revenu, les personnes les moins touchées sont les patrons, avec une diminution de 1,4 % de leur pouvoir d’achat, suivis par les ouvriers avec 7,9 % et les retraités 15,5 %. La question est donc économique, mais elle devient également sociale et politique.
En 2008, les familles vivant sous le seuil de pauvreté représentent 20 % de la population italienne. Mais qui sont les plus pauvres ? Pour l’Institut Italien des Statistiques (Istat), un ménage est pauvre lorsque son revenu est d’environ 500 euros pour un seul membre, et jusqu’à 2200 euros pour les familles de plus de sept personnes.
Pâtes : plus 14 %
Et pour les prix ? En janvier, en Europe, l’inflation sur les produits énergétiques et alimentaires était la plus importante depuis quatorze ans. En plus, pour la neuvième année consécutive, elle sera supérieure à 2 %. En Italie, néanmoins, l’augmentation annuelle des prix est, depuis plusieurs années déjà, supérieure à la moyenne européenne. Une augmentation de 5 % des prix des biens de grande consommation a pu être remarquée. Alors que l’inflation moyenne est de 2,9 %. Le prix du pain a augmenté de 12,5 % alors que celui des pâtes a augmenté de 14 %. Le prix des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées ont augmenté de 5,7 % en un an. Sur ce point, des propositions ont été faites au gouvernement, notamment, en ce qui concerne l’étiquetage du « triple prix » pour tous les produits alimentaires : le tarif du producteur, du grossiste et du commerçant.
Dans le même temps, les salaires italiens sont parmi les plus bas dans la liste des pays de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L’Italie apparait en effet au 23ème rang de la classification de 2007, juste après l’Espagne et la Grèce. Les revenus du pays sont pratiquement figés depuis une dizaine d’années. Une tendance contraire aux autres pays européens. La consommation en ressent donc les conséquences : elle a diminué de 1,1 % en février 2008, le taux le plus mauvais depuis trois ans. A plus longs termes, les cas de surendettement des ménages risquent d’augmenter.
L'Italie, un pays riche ?
Pouvoir acheter, c'est aussi consommer. Nos sociétés vues par un photographe polonais (Photos:Maciej Lewandowski. Macieklew/flickr)
Les difficultés liées au pouvoir d’achat touchent surtout les jeunes : en 2006, 19 % d’entre eux étaient pauvres contre 8,5 % pour les plus de soixante-cinq ans. L’Italie dépense actuellement une grande partie de ses ressources en direction des retraités, et non pas pour les familles, les entreprises ou les jeunes.
Avec une productivité qui n’augmente pas, une compétitivité et un pouvoir d’achat amoindris, le tableau est loin d’être rose. La création d’un « M. Prix » (voir l’encadré) est un palliatif, en aucun cas une solution. On le sait, l’euro n’est pas la cause principale du problème italien, mais les consommateurs ne se sentent pas pour autant protégés par la monnaie unique. Surtout dans un contexte de ralentissement économique, alors que la Banque centrale européenne s’oppose à la réduction des taux d’intérêts.
En vue des élections d’avril prochain, Walter Veltroni et Silvio Berlusconi promettent tous deux d’abaisser les taxes, de réduire les dépenses publiques et d’intervenir sur les revenus minimums et les salaires. Comme à chaque campagne électorale, ils formulent leurs volontés. Pourtant, cette fois-ci, l’Italie est en réelle crise économique. Une crise qu’on pourrait dire « globale ». Les électeurs attendent du gouvernement qu’il réponde à cette question : « L’Italie fait-elle encore partie des pays riches ? ». Pour le moment la réponse est oui. Mais le chrono est lancé et l’Italie court toujours pour se raccrocher aux wagons des pays membres qui la devancent.
Mr. Prix nous sauvera-t-il de la crise ?
Le 15 janvier dernier, Antonio Lirosi, Ministre du Développement économique pour la régulation du marché, a été nommé garant de la surveillance des prix. Que fait ce Monsieur Prix ? Son devoir est de surveiller le marché, à travers les signalements des citoyens, et en collaboration avec la Ministre des finances. Cette initiative s’est inspiré de la Suisse où, depuis 1991, existe un Monsieur Prix qui contrôle les augmentations abusives des tarifs de gaz, d’électricité ou des transports publiques… Parmi ses devoirs encore : dénoncer les abus et les oligopoles tout comme la spéculation.
Photos en Une, l'Euro (wfabry/flickr), en haut de page (Macieklew/flickr), pâtes (Stefano Menegon/A.F.A.&G/Flickr)
Translated from Povera Italia, stipendi più bassi di Grecia e Spagna