Italie du Sud : plus de taxe foncière, plus de routes, plus rien
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raffaella tolicettiDans la moitié Sud de l’Italie, traditionnellement moins développée que le Nord, la suppression de la taxe foncière risque de ralentir sérieusement le développement. L’histoire d’une carotte électorale de Berlusconi.
En pleine crise du secteur immobilier, à l’heure où les prix ont chuté de 40 % dans des pays comme le Royaume-Uni ou l’Espagne, la situation du Sud de l’Italie est elle aussi, de nouveau, critique. L’abolition de l’ICI (« imposta comunale sugli immobili » c'est-à-dire la taxe que chaque propriétaire doit payer sur son premier logement) aggrave encore plus le sous-développement qui touche cette partie du pays. L’argent de l’ICI, qui est pourtant un impôt national équivalent à la taxe foncière française, était en effet utilisé par les mairies du pays pour financer des projets de travaux publics.
Comptabilité créative
Le gouvernement de Berlusconi a promis de compenser la disparation de cet impôt en remboursant à toutes les administrations communales, à commencer par Rome, la somme annuelle que l’ICI leur rapportait, c’est à dire plus ou moins 2 600 millions d’euros ; somme qui, pour ce qui est de la Sicile et de la Calabre (les deux régions les plus pauvres du pays) sera retenue sur les investissements publics destinés aux infrastructures visant l’amélioration des voies de communications terrestres, une des causes principales du retard industriel dont souffre cette zone. Parmi ces investissements, se trouvait le projet de pont pour unir le détroit de Messine, entre la Sicile et la Calabre (1365 millions d’euros).
Carte blanche pour la ‘Ndrangheta
Des sources proches de la municipalité de Reggio Calabria affirment que cette mesure, une des promesses de campagne du Parti de la liberté de Berlusconi, ne fera qu’augmenter le retard dont souffrent déjà les « terroni », comme sont appelés péjorativement les habitants du Sud, en référence à leurs activités agricoles. Et, de fait, dans une zone où 80 % de la production est contrôlée par la ‘Ndrangheta, une entité politique et militaire mafieuse, abolir un impôt entièrement contrôlé par le gouvernement central « équivaut à la laisser libre de continuer ses extorsions », explique un voisin, ex- militant du parti communiste local.
De Prodi à Berlusconi
La suppression de l’ICI est une initiative du gouvernement précédent, celui de Prodi, mais la mise en œuvre fut alors réalisée de façon moins radicale : l’exemption du paiement de cet impôt sur le premier logement ne touchait que ceux qui avaient un revenu minimum. Cependant Berlusconi, de tendance populiste et sachant que l’abolition de cet impôt serait très bien accueilli par la population, a converti en loi ce qui ne semblait qu’une « simple carotte électorale », commente Stefano Morabito, professeur de philosophie de l’Université de Messine.
Les protestations incessantes des présidents des provinces calabraises de Cosenza et de Crotone, Mario Oliverio et Sergio Iritale, la passivité et le conformisme qui caractérisent la côte italienne de la mer Tyrrhénienne, ont fait qu’à Rome, ne sont arrivés que des échos des conséquences possibles de l’application cette loi.
Loi non applicable à l’immigré italien
Il se trouve que l’abolition de l’ICI ne concerne pas les Italiens qui résident à l’étranger, exception qui a aiguisé la colère de Gino Bucchini, élu du Parti démocrate à la chambre et représentant des électeurs expatriés en Amérique septentrionale et centrale, doté du droit de vote et d’intervention au parlement et au sénat italien depuis l’étranger, selon le journaliste du Quotidiano, Giuseppe Baldessaro. Bucchini a qualifié la mesure adoptée par Berlusconi de « dommage gravissime » et de « gifle économique », non seulement parce qu’elle abolit un tribun public « nécessaire », mais surtout parce qu’elle est le symbole de la guerre constante que mène le gouvernement contre l’électeur à l’étranger, dont le profil ne correspond pas avec celui du votant du Parti de la liberté.
Translated from ¡Es el impuesto, estúpido!