Irlande et Royaume-Uni : « au fond, on aime l'Europe »
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Emilie FromontLes tensions en Europe existent-elles réellement entre ses citoyens ou se manifestent-elles uniquement parmi les politiciens désireux de jeter le blâme sur quelqu'un d'autre?
Les satiristes européens ont énormément bénéficié des actions de « Merkozy » : Angela Merkel et Nicolas Sarkozy représentent le fer de lance des efforts économiques pour gérer la crise de l'euro. Les médias européens, se sont laissés emporter, perdant de vue le fait qu'il devrait y avoir un point de vue intelligent derrière la satire. Les variantes nationales à travers l'Europe semblent vouloir perpétuer l'idée que tout plan économique est une peine cachée, un complot euro-fédéraliste visant à remplacer la souveraineté nationale, la presse irlandaise et britannique se démarque par son scepticisme à l'égard de l'UE et des dirigeants européens.
La Grande-Bretagne, membre de l’Europe, uniquement pour s’en plaindre
Dans la partie anglophone de l’Europe, les positions envers les voisins du continent sont décidément mitigées. La Grande-Bretagne possède une culture bien ancrée de l'euroscepticisme, perpétuée par la presse écrite dominée par les tabloïds. Les Britanniques sont désireux de profiter des avantages de l'adhésion, tels que la libre circulation (environ un million de Britanniques résident en Espagne). Ils sont généralement opposés à toutes les mesures qu'ils considèrent comme empiétant sur leur souveraineté. Due à un degré considérable de désinformation par la presse, cette étiquette s'applique à la majorité des lois et directives européennes. L'UE, y compris ses bureaucrates, les institutions et les dirigeants nationaux, est devenu un bouc émissaire pour les politiciens britanniques, qui la rende coupable de divers problèmes. De nombreux commentateurs sociaux ont noté que le gouvernement britannique semble être tenté de convaincre le public britannique que tout irait bien, économiquement parlant, s'il n'y avait pas la crise la zone euro. Le public britannique concentre son ressentiment sur les Grecs et la condescendance des Allemands irresponsables : une victoire pour le gouvernement conservateur et les tabloïds britanniques habitués à répandre des demi-vérités pour « prouver » la théorie de la faute de l'Europe.
Irlande – on ne veut pas de toi, mais partir serait une insulte
En Irlande, les médias sont farouchement anti-européens, mais en tant que nation, il existe un ressentiment à l'égard de nos voisins européens, comme si la perte du statut d’enfant modèle de la croissance économique à cause des emprunts imprudents et des dépenses excessives était en quelque sorte la faute de l'Europe. En tant que nation anciennement colonisée, il existe aussi un sentiment persistant de scepticisme envers toute chose imposée de « l'extérieur ». Le plan de sauvetage UE/FMI tombe dans cette catégorie. L'Irlande a abrité une quantité considérable de rancœur à l'égard de certains de ses voisins européens avant la crise financière. Petite nation insulaire habituée à des siècles d'émigration, l'Irlande a subi un choc quand elle est soudainement devenue une destination d’immigration. L'inexpérience du multiculturalisme combiné avec un afflux rapide de migrants venant d’Europe de l'est à partir de 2004, a causé quelques problèmes sociaux, le racisme se rencontre occasionnellement et bien que de nombreux migrants aient trouvé du travail et soient bien intégrés, beaucoup d'autres ont été exploités. Comme l'économie irlandaise a ralenti, la majorité des migrants d'Europe orientale sont retournés dans leur pays d'origine. La tendance irlandaise habituelle à accepter les choses à contrecœur s’est accentuée : les remarques méprisantes se sont faites de plus en plus fréquentes aux comptoirs des troquets. De la même manière, l’animosité envers les migrants, désormais installés, augmentent. Soit une saillie xénophobe selon laquelle les étrangers ne devraient plus occuper des emplois qui sont « destinés » aux Irlandais.
Ceci étant dit
Les médias n'ont pas totalement tort. Nombreux sont ceux qui pense que la presse britannique et irlandaise ne reflète pas pleinement l'ampleur de la résistance populaire à l'Union européenne (clairement, ce sont des gens qui n'ont jamais lu le Daily Mail - voir un exemple de leur couverture sur l'Union européenne). « Le public britannique est beaucoup plus eurosceptique que la presse », déclare Robert Oulds, directeur du groupe de réflexion Bruges Group. La réalité est qu’au fond, la Grande-Bretagne et l'Irlandeaime faire partie de l'Europe. Nous aimons nos weekends à Vienne ou à Budapest et nos vacances d'été en Provence ou à Alicante. Nous aimons acheter de l'alcool et des cigarettes pas chers en Pologne et les hommes apprécient l'afflux de jolies filles slaves. Nous sommes conscients de nos différences en tant que citoyens européens sont au mieux, superficielle. Nous aimons être une partie de l'Europe et, même si nous ne comprenons pas vraiment pourquoi vous vous embrassez au lieu de vous serrer la main comme des gens normaux, nous aimons les Européens.
Photo : Une en Catalogne (cc) Birdyphage/ Nicolas Loiseau/ flickr
Translated from British and Irish perspective on 'being European'