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Introspection !

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Les événements qui ont frappé les Etats-Unis le 11 septembre ont changé de façon irrémédiable le monde dans lequel nous vivons. Nous ne pouvons ignorer ce qui s'est passé, et nous devons encore moins refuser l'occasion qu'il nous est donné de nous interroger sur nous-mêmes comme sur la société que nous construisons.

Aujourd'hui, il est temps de réfléchir à ces événements, à leurs causes et aux leçons qu'il s'agit d'en tirer.

Le symbole du 11 septembre

En s'attaquant au World Trade Center, au Pentagone et aux Etats-Unis d'Amérique, les terroristes - quels qu'ils soient - ont avant tout frappé trois symboles.

Tous nos journaux ont déjà expliqué en quoi le Pentagone symbolisait la sécurité de la première puissance militaire du monde. En quoi le World Trade Center représentait le modèle capitaliste et la puissance financière. Et enfin, combien de fois a-t-on lu que l'attaque contre les USA était un acte majeur contre le modèle de développement économique et culturel américain. La menace du bio-terrorisme, en ce qu'elle prolonge les méfaits des attentats, démontre d'ailleurs une volonté de nuire, voire de détruire ce modèle et non pas seulement de frapper ses symboles.

Mais ne nous trompons pas de cible. Derrière les Etats-Unis, c'est aussi nous-mêmes en tant qu'occidentaux qui sommes visés. Plus précisément c'est notre modèle de développement économique et culturel ainsi que notre propension à l'imposer comme seul moyen d'accéder au bonheur qui est attaqué.

Cependant, plus que le fait que nous ayons tendance à imposer notre modèle de développement, c'est sa teneur même qu'il s'agit d'examiner afin de comprendre comment nous en sommes arrivés là !

Individualisme et perte de sens

Une première contradiction apparaît dans l'individualisme qui sous-tend la plupart de nos actes. C'est aujourd'hui un lieu commun que de dire que les pays occidentaux s'enrichissent toujours plus alors que les pays du tiers-monde s'appauvrissent et voient leurs perspectives de développement s'amenuire d'autant. C'est un lieu commun que de dire qu'au sein même de nos " sociétés développées " une part de la population se marginalise et est mise à l'écart du développement.

Mais derrière ce phénomène il y a une tendance simple de notre système actuel : l'individualisme qui consiste à donner la primeur à notre réussite et notre bonheur individuel avant de nous soucier des autres, de l'autre. Trait majeur de notre société, l'individualisme nous incite à améliorer toujours plus notre situation personnelle. Cela nous conduit à produire des biens et services satisfaisants nos désirs les plus sophistiqués, allant même jusqu'à nous inventer de nouveaux besoins, alors qu'un grand nombre de nos semblables ne peuvent satisfaire leurs aspirations les plus élémentaires.

Qu'en est il en effet du développement en France de violences urbaines à l'occasion des fêtes de Noël si ce n'est le sentiment de toute une frange de la population d'être exclue, car n'ayant pas les ressources pour " consommer ", il lui manque le passeport indispensable pour être membre de notre société de consommation.

Le même exemple se retrouve sur le plan mondial avec des pays et des sociétés à qui l'on propose et souvent impose un modèle de développement auquel ils ne pourront accéder qu'en partie du fait d'un manque de ressources. Le sentiment de frustration de ces populations est alors facile à exploiter par des fondamentalistes qui n'auront pas de grandes difficultés à les inciter à combattre contre un modèle au sein duquel ils n'ont pas leur place.

Une deuxième contradiction fondamentale réside dans le fait que notre société n'a plus de sens. C'est ici encore un lieu commun que de dire que nos hommes politiques n'ont plus de projet politique. Mais nous devons nous faire le même reproche. Nous ne faisons plus l'effort élémentaire de donner un sens à notre vie. Nous consommons cette vie comme nous consommons des produits. Cette consommation revient à profiter, à gérer, à tirer le meilleur parti de chaque opportunité qu'il nous est donné de vivre. Et ceci n'est pas fondamentalement mauvais.

Mais en agissant ainsi nous refusons de faire des choix. De chercher à donner une direction et un sens à notre vie et à nos actes. Notre société nous pousse dans cette direction de façon irrémédiable. Dire " non " est aujourd'hui une preuve de courage. Car tout choix impose un renoncement. Et l'idée même de nous priver, d'être privé, nous angoisse. Mais n'est ce pas du fait de l'insatisfaction des ses besoins et de ses désirs que l'homme cherche à se surpasser, grandit, se développe et finalement construit sa vie ?

Redevenons hommes !

Et c'est parce que notre société doit évoluer, parce que nous la construisons perpétuellement, que nous devons définir un référent dans lequel nous croyons. Le rôle d'un référent est de nous identifier à quelque chose, d'orienter nos actes et nos décisions en fonction de cette chose. Une chose pour laquelle nous soyons prêt à nous priver, à faire des concessions. Si chacun est heureusement libre de se référer à ce qu'il veut, mettre l'homme au centre de la société et agir en fonction de lui et pour lui peut être une façon de reconstruire une société qui ait un sens.

L'homme deviendrait alors le centre et l'objet de nos actions, nos décisions, nos projets. Mais à travers l'homme c'est aussi de l'autre qu'il faut se soucier ! Prendre l'autre ou l'homme comme référent consiste aussi à s'interroger sur les conséquences qu'ont nos décisions sur les autres, à penser que ces décisions peuvent leur nuire et que rien que cela mérite qu'on les examine à deux fois. Qu'il s'agisse de l'homme ou de l'autre, cela requiert aussi une vision de long terme, des actions souvent impopulaires voire difficiles à court terme ou pour nous-mêmes. Mais des actions porteuses de sens.

Il existe un moyen pour arriver à cette fin : le retour du politique comme réel lieu d'action et d'initiative. Nos responsables politiques sont dépossédés de leur pouvoir et de leur fonction à la fois par le poids de l'opinion publique - et sa manipulation par les médias - et la pression financière qui les contraint à prendre des décisions n'ayant plus de logique humaine.

En effet, la nécessaire médiatisation de l'action politique - gage de démocratie - empêche la prise de décisions impopulaires mais nécessaires. La professionnalisation de la politique contraignant dans le même temps les responsables à s'attacher coûte que coûte à leur place.

Parallèlement, grand nombre de décisions économiques d'importance sont dictées à nos dirigeants par le poids de la pression économique et financière internationale dont ils ne peuvent absolument pas faire abstraction au risque de conduire le pays à la faillite.

Aujourd'hui l'Ecole ne forme plus (peut-être cela n'a-t-il jamais été son rôle ?) des hommes prêts à assumer des responsabilités et à faire des choix, mais façonne des gestionnaires et des techniciens performants mais sans force, sans caractère, sans diversité. Les jeunes diplômés d'aujourd'hui arrivent à un niveau de compétence et de savoir jamais atteint. Mais parallèlement ils ne sont plus capable d'assumer les responsabilités élémentaires de leur condition d'homme comme celle de fonder une famille par exemple.

Il est donc urgent de revoir notre système d'éducation : que ce soit par l'école, la famille, ou tout autre lieu encore, les hommes qui auront à assumer les responsabilités de demain doivent savoir ce qui a du sens à leurs yeux. C'est en cela qu'ils seront hommes.

Aussi, parce que l'homme et les hommes méritent bien mieux que ce à quoi ils sont réduits aujourd'hui, parce qu'il y a urgence pour notre monde, redonnons un sens à celui-ci. Recentrons nous sur des valeurs fondamentales. Et pour ce faire, ayons le courage de dire : " non ", ayons le courage de faire des choix. Laissons la place à la nouveauté, laissons émerger les idées différentes et construisons ensemble un modèle de société qui ait du sens parce qu'il est existe pour l'homme.