Inondations en Pologne : Natures mortes, beauté tragique
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Philippe-Alexandre Saulnier
Bronislaw Komorowski, nouveau président de la République polonaise, a promis lors de sa campagne de s'attaquer au déficit polonais, sans pour autant entraver la croissance. Un beau pari, qui pourrait se conclure avec l'entrée de la Pologne dans la zone euro, rêve le chef de file de la Plate-forme Civique (PO). En attendant, il y a un coût auquel il ne pourra échapper s'il ne veut pas que l'opposant Jaroslaw Kaczynski, candidat malheureux aux élections présidentielles, ne reprenne du poil de la bête aux élections régionales de l'automne prochain, puis aux législatives de 2011 : le coût des inondations ! Entre les deux tours des élections présidentielles, Ezequiel Scagnetti, photographe argentin basé à Bruxelles, s'est rendu sur les lieux du sinistre. Voici, en noir et blanc, le silence et le vide qui s'installent, après un mois de crues en dent de scie de la Vistule et de l'Odra.
Le photographe Ezechiel Scagnetti est allé chiner ses images du côté de Zastow et Wilkow. A en juger par l’ampleur des dégâts, les nuisances causées par ces crues dévastatrices se passent de commentaires et peuvent être de toute évidence qualifiées de catastrophe naturelle.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Vistule et Odra (Oder) sont les deux principaux fleuves qui arrosent la Pologne. Comme le laissent voir ces paysages, un mois après le début de la montée des eaux, la situation dans laquelle se trouvent les régions traversées et irriguées par ces puissants cours d’eau a atteint la cote d’alerte maximale.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Au sud de la Pologne, prairies et champs immergés dans les environs du village de Zastow où la Vistule, en quittant son lit, a paralysé toute l’économie de la région.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
100.000 Polonais, en particulier sur le territoire des voïvodies de Silésie, de Basse-Silésie et de Petite-Pologne doivent abandonner leurs maisons.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Raz de marée dans les jardins privés. A Zastow, jusqu’à aujourd’hui, barques, bateaux et autres embarcations de fortune restent les seuls moyens de transport opportuns.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
En ranimant le triste souvenir des inondations de 1997, les crues actuelles ont fait peser sur les élections de juin la menace d’une annulation et de report de scrutin. En effet, conformément à la loi, la proclamation de l’état d’urgence aurait pu empêcher la tenue d’élections durant une période de 90 jours.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Avec 44,1% des voix, le candidat national-conservateur Jaroslaw Kaczynski a obtenu de bons scores au premier tour des élections présidentielles dans les régions sinistrées ( y compris dans les villes de plus de 20.000 habitants). Il devance Bronislaw Komorowski, son adversaire libéral, qui ne récolte que 31,3% des suffrages dans ces mêmes circonscriptions dévastées.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Suite au décès accidentel de l’infortuné président Lech Kaczynsky et aux innondations qui ont endeuillés la pays, son frère jumeau en lice pour la magistrature suprême n’en appelle pas, comme on aurait pu s’y attendre, à un Etat fort, moins rivé à l’ Europe et plus fidèle aux valeurs traditionnelles de l’Eglise catholique romaine. Au contraire, le candidat parle, avant tout, de solidarité vis-à-vis des victimes de la catastrophe naturelle.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Il sait tirer profit du courant de compassion suscité par la disparition accidentelle de son frère jumeau, de l’épouse de ce dernier ainsi que de 94 représentants de l’élité polonaise.
Si bien que, suivant son exemple, Bronislaw Komorowski, en bon pêcheur averti, est allé, lui aussi, jeter ses filets électoraux à l’endroit même où les digues des grands fleuves se sont rompues. Après sa visite, le candidat de la droite libérale a vu les prévisions de vote en sa faveur grimper à marée haute.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
C’est à coup de collectes caritatives et de concerts de soutien aux sinistrés que Jaroslaw Kaczynski conduit sa campagne.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
La forte percée initiale de Bronislaw Komorowski (Plate-forme citoyenne, PO) fondit dans la première semaine précédant le premier tour des les élections et juste après les inondations. Au premier tour des élections, il réalise cependant ses meilleurs résultats ans les villes peuplées de plus de 500.000 habitants où il comptabilise environ 50,7% des voix. Ce qui peut lui assurer, bien qu’étroite, la majorité absolue.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Emportée par le flot déchaîné, une copie de la Cène de Leonardo da Vinci sombre dans la vase, le limon et la boue.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Des dizaines de milliers d’habitations ont été déclarées inhabitables.
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Après la victoire de Komorowski, qui a recueilli 53,1% des voix contre 46,6% pour son rival Kaczynski, une chose est sûre le nouveau président de la République polonaise ne pourra pas se tirer d’affaire juste en s’exclamant : « Après moi le Déluge !.. »
(Photo: ©Ezequiel Scagnetti)
Translated from Flut in Polen: Hochwasser als Wahlbarometer