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Impression du débat de l’Orient Express

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Claudia

Vienne

Ecrit par John Hodgshon

Traduit par Marie Krpata

Le but du débat de l’Orient Express qui s’est tenu à la Maison de l’Union européenne le 26 mai était de discuter sur la question : « les Balkans commencent-ils à Vienne ? ».

La réponse était un « oui » emphatique, tout en mentionnant les questions ayant trait à la relation entre Vienne et les pays des Balkans, l’histoire de leur relation et son effet sur les habitants de cette région.

Le public s’étant rendu à la conférence était composé non seulement d’académiciens qui étudient les Balkans mais aussi de personnes d’un plus jeune âge et d’origine balkanique. Cela a permis de donner un aspect intéressant au débat qui mêlait avis d’experts d’un côté, et d’individus dont l’expérience personnelle pouvait témoigner de cette relation, de l’autre.

Les intervenants s’étaient tous mis d’accord sur le fait qu’il y a une attache balkanique entre Vienne et la région mais la question portait sur la nature de cette attache. Une des intervenantes Marina Delcheva, éditeur marketing et communication du magazine viennois Biber, a relevé que l’Autriche a fortement bénéficié de l’ouverture des marchés est-européens puisque beaucoup de compagnies (en particulier des banques) ont ouvert des filiales là-bas. Cependant, l’Autriche a rechigné à ouvrir son marché du travail aux immigrés de ces pays dans une large mesure, et a refusé l’octroi de postes à de nombreux migrants hautement qualifiés dont les compétences correspondaient pourtant aux qualifications attendues, en raison de la non-reconnaissance de ces compétences en Autriche. Elle a aussi mentionné qu’un grand nombre de compagnies autrichiennes s’étaient établies dans ces pays parce qu’elles ont l’habitude de l’ « hospitalité » dans la manière de mener les affaires dans les Balkans.

OrientExpress_audience

Après la discussion entre animateur et intervenants, l’audience était invitée à poser des questions.

Nombreux étaient les points intéressants (et pertinents) soulevés ; incluant le degré auquel des immigrants des Balkans pouvaient effectivement se sentir chez eux à Vienne, et auquel des Viennois se sentaient liés aux Balkans. Beaucoup de panelistes venant de la région balkanique se réclamaient davantage chez eux à Vienne, cependant, comme le soulignait l’intervenante Silvia Nadjivan, sur la « carte mentale » viennoise de l’Europe, la distance des Balkans par rapport à Vienne est beaucoup plus significative qu’en réalité (après tout Vienne est plus proche de Belgrade que de Berlin !).

La discussion avec le public s’est transformée en un débat animé faisant référence à la musique et l’économie en passant par l’hégémonie culturelle. Les échanges sur la musique étaient particulièrement intéressants, et Marina a insisté sur le fait que la musique qu’écoute la majorité des Autrichiens (et des Européens de l’Ouest), le Balkan jazz, à défaut de correspondre à ce qu’écoutent réellement les immigrants des Balkans n’en est qu’une version aseptisée qui élimine les sons de la hard techno et les remplace par une version jazz, davantage « bobo ». Ce point a tout naturellement mené à une discussion sur l’intégration ; l’intégration dans la classe moyenne de la société viennoise nécessite-t-elle de nier ses origines ? ou simplement de présenter les aspects les plus acceptables de la culture balkanique que les « bobos » suivant l’esprit du temps décident d’appliquer ?

La question de l’hégémonie culturelle a aussi été posée. D’un côté l’expansion des compagnies autrichiennes dans les pays balkaniques s’est accrue, mais de l’autre, le gouvernement autrichien a manqué à l’octroi de visas (ou n’en a octroyé que de façon limitée) à des migrants de ces pays. Il a été débattu si ce fait ne pouvait pas être interprété comme la mise en pratique de l’opinion autrichienne type que les Balkans représentent des terres d’expansion et de développement autrichien, mais que la réciproque ne s’applique en aucun cas. Un représentant du WKÖ (chambre du commerce autrichienne) présent lors du débat s’est montré en désaccord avec cette réflexion et expliquait que la relation entre l’Autriche et les Balkans est mutuellement bénéfique, tandis que beaucoup de panelistes exprimaient leur impression qu’alors que l’Autriche profite de la possibilité de répandre ses compagnies dans ces pays, elle n’a pas accueilli avec hospitalité ses migrants venus pour des raisons professionnelles.

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En conclusion, le débat était intéressant et a soulevé beaucoup de points sur la relation entre l’Autriche et les Balkans, une relation dont l’importance s’accroit en ce que ces pays se rapprochent de plus en plus en accédant à l’Union européenne.

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