Immigration en Suisse : « Fuck the EU ! »
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A une très faible majorité, les Suisses ont dit oui ce dimanche à l'initiative populaire « Stopper l'immigration de masse ». Celle-ci prévoit l'adoption de quotas d'immigration et l'embauche prioritaire des citoyens suisses. Revue de presse.
Pravda - Slovaquie : crise de xénophobie
La Commission européenne et les politiques de toute l'Europe ont regretté l'issue du référendum helvétique. Le quotidien de gauche Pravda partage cet avis, redoutant le signal envoyé à l'Europe : « Il n'a pas suffi que la quasi-totalité des partis parlementaires et des entrepreneurs se soient opposés à cette proposition déraisonnable visant à limiter l'immigration. Les arguments objectifs n'ont pas non plus été d'un grand secours. Le chômage atteint seulement les trois pour cent dans ce pays alpin, depuis longtemps dépendant de l'immigration. La restriction de la liberté de circulation de la main-d'œuvre issue de l'UE compliquera également les relations entre la Suisse et l'UE, mais cela n'a eu aucun effet dissuasif. À Berne et ailleurs, il faudra se demander pourquoi même dans les pays riches, une propagande plutôt primitive contre toute forme d'intégration peut s'avérer payante. … En sous-estimant sa politique sociale, Bruxelles a également sa part de responsabilité dans ce phénomène. Si l'on n'agit pas à ce niveau, la xénophobie deviendra incontrôlable. » (Article publié le 10.02.2014)
El País - Espagne : un repli sur soi inquiétant
L'issue du référendum en Suisse illustre la montée de la xénophobie en Europe, écrit le quotidien de centre-gauche El País, qui appelle les partis du centre à prendre résolument le contre-pied de cette évolution : « La victoire de ceux qui s'opposent à l'immigration de masse en Suisse aura des conséquences pour toute l'Europe, car ce scrutin remet en cause l'accord de libre circulation conclu avec l'UE, mais aussi parce qu'il reflète le populisme et la xénophobie qui sévissent sur le Vieux Continent quelques mois avant les élections européennes. … En Europe, les forces centristes doivent à présent réagir. Elles doivent surtout fortifier enfin leur faible leadership et défendre les valeurs européennes face à ceux qui craignent l'ouverture des frontières et la mondialisation, et qui voient dans le repli sur soi une solution à la crise. » (Article publié le 10.02.2014)
Die Zeit - Allemagne : un clivage entre Zurich et pauvres
Cette votation populaire place les Suisses dans une situation difficile, analyse l'édition en ligne de l'hebdomadaire libéral Die Zeit. Un résultat lié au problème identitaire du pays, écrit le journal : « L'enjeu n'était pas le manque de places assises dans les trains, ni les embouteillages sur les routes engorgées, ni les loyers faramineux des appartements dans les grandes villes. Car dans les régions où vivent les nouveaux immigrés, à Zurich, Genève ou dans le canton de Vaud, l'initiative de l'UDC a été rejetée. … La votation sur l'initiative contre l'immigration massive est devenue un plébiscite de l'image que les Suisses ont de leur pays. Dans cette course, les régions rurales et conservatrices l'ont emporté de justesse sur les zones urbaines libérales. … Mais le prix de cette décision idéologique pourrait être énorme pour le pays. En effet, le contingentement de l'immigration exigé par le texte de l'initiative enfreint les accords bilatéraux que la Suisse a passés avec l'UE. » (Article publié le 10.02.2014)
Corriere del Ticino - Suisse : être souverain ou ne rien sauver ?
Les Suisses n'ont pas voté contre les étrangers mais pour leur propre souveraineté nationale, juge le quotidien libéral Corriere del Ticino : « Et maintenant, n'allez pas dire que les Suisses sont égoïstes, xénophobes ou même racistes. La Suisse reste et demeure l'un des pays les plus démocratiques, les plus tolérants et les plus altruistes au monde. A l'heure où la souveraineté de l'Etat n'a de cesse de s'amenuiser, la Suisse croit encore aux vertus de la démocratie, et surtout à celles de la démocratie directe. … Cette décision est une décision historique. Elle illustre en effet le sentiment d'un nombre croissant de peuples européens face à l'UE et aux institutions internationales. Un sentiment qui s'exprimera aux élections européennes. … Il s'agit d'une décision non pas rationnelle, mais émotionnelle. Non pas contre mais pour une cause : la défense de soi et de sa propre identité. » (Article publié le 10.02.2014)