Il faut sauver le football européen !
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Si vous voulez vous poser autour d’une bière avec quelques potes à Paris, surtout n’aller pas dans les bars branchés qui envahissent nos boulevards ou dans des pubs remplis de touristes américains. Non, si vous voulez pouvoir vous payer un demi sans être obligé de prendre un crédit pour ça, trouvez vous plutôt un petit bistrot qui ressemble à rien, vous serez pas déçus !
L’autre soir, j’étais à dans un bar appelé « L’Eclipse », rue St Denis, bien calé entre deux sex-shops. A la télé, il y avait du foot, comme d’hab’. A la mi-temps, ils ont interviewé un entraîneur britannique qui nous disait que les championnats anglais et français allaient mal (NDLR : enfin, il est sympa, parce que le français c’est juste une catastrophe…) à cause du droit européen et de la libre circulation des joueurs. Et de dire que la seule solution c’est de remettre des quotas nationaux dans les équipes de clubs, genre 6 français et 5 autres sur le terrain.
Pour ceux qui ont pas suivi, les clubs n’ont plus le droit d’empêcher leurs meilleurs joueurs de partir depuis un arrêt de la Cour européenne de justice de 1995 qui concernait un footballeur, Jean-Marc Bosman, qui voulait se barrer du FC Liège pour aller à Dunkerque. En gros, la Cour a dit qu’un footballeur c’est un travailleur comme les autres et que donc les quotas nationaux dans le foot c’est contraire aux règles de la Communauté européenne.
C’est donc pour ça qu’on a des équipes qui ressemblent à rien comme le PSG ou l’Olympique Lyonnais. Comme les clubs français ils ont pas les moyens de garder leurs bons joueurs, on se retrouve avec des équipes pas cohérentes et un championnat pourri.
Alors, la solution, c’est de remettre des quotas ? Bon, alors, déjà, on l’a dit, c’est pas possible. On va pas non plus se barrer de l’Union européenne juste pour le foot ! Quoique, au moins ce serait une meilleure raison que celles que nous sortent habituellement les partis anti-européens…
Mais il y a peut être un moyen. Le problème en France, c’est qu’on a des bons centres de formation, mais que les jeunes se barrent dès qu’ils en sortent. Ce qu’il faudrait c’est non pas un quota national, mais un quota en rapport avec les centres de formation. Par exemple, on imposerait un quota de 5 joueurs issus du centre d’entraînement du club par feuille de match.
C’est beaucoup plus logique que les quotas nationaux. Bah oui, en fait, on s’en tape un peu qu’un joueur de l’OM soit français, algérien, allemand ou sénégalais. Ce qu’on veut, c’est qu’il soit marseillais. Et je pense que personne ne me dira le contraire : on n’a pas besoin d’être français pour être marseillais !
En plus, ça a plus de chances d’être accepté par la Cour européenne de justice. Parce que là on dirait que c’est pour assurer une compétition équilibrée et permettre un lien entre le club et sa ville. Et La Cour a déjà jugé dans d’autres affaires (par exemple Meca-Medina en 2006) que les règles sportives pouvait être justifiées quand elle permettent une compétition juste. Donc on a plus de chances que ça passe.
En fait, il faudrait une décision de l’UEFA qui impose cette règle du quota de joueurs issus des centres de formation. Ca serait plus simple et en plus ça permettrait d’éviter les pires conséquences de la décision de la Cour d’Appel de Lyon d’avril 2007 sur les obligations de signer dans leur club imposées aux jeunes joueurs (voir Libération du 19 avril 2007).
En plus, ça imposerait aux clubs de faire justement jouer leurs jeunes joueurs, parce que il y quand même plus de chances qu’ils restent quand ils sont pas encore devenus des stars...
Au final, on pourra se retrouver avec des équipes plus cohérentes, qui font jouer des anciens et des plus jeunes. Surtout on redonnerait un lien entre le club de foot et sa ville. Parce qu’avant d’être des machines à pognons, les clubs de foot c’était le lieu de rencontre des gamins du quartier et en fait c’est ça le vrai esprit du football européen !
P.S. : pour ceux qui se sentent concernés, vous pouvez toujours aller signer cette pétition.