Hommage à Mandela : la mélodie Nelson
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Nelson Mandela est mort. Le prix Nobel de la paix et premier président noir d'Afrique du Sud est décédé jeudi à Johannesburg, à l'âge de 95 ans. La petite musique des hommages européens rendus à Madiba sonnent comme une mélodie pour la réconciliation, les droits de l'homme et l'avenir en général.
Suède : le meilleur du XXe siècle
Après la mort de Mandela, il faut impérativement poursuivre son œuvre, plaide le journal à sensation de centre-gauche Aftonbladet : « L'apartheid a laissé dans son sillage une profonde cassure sociale, chômage, violence, corruption et intolérance politique. Ces séquelles perdurent, bien que plus de 20 ans se soient écoulés depuis la libération du dernier prisonnier du bagne de Robben Island. Mais aujourd'hui, l'Afrique du Sud est riche d'un autre héritage. Celui d'un prisonnier politique qui, à sa libération, a été élu président, a mené un processus de réconciliation pour devenir l'un des chefs d'Etats les plus respectés au monde. C'est un héritage que nous devons tous cultiver. Nelson Mandela nous a quittés, mais il incarne le meilleur du XXe siècle. » (Article publié le 06.12.2013)
Pologne : Comme Wałęsa
Les mérites de Mandela en tant que combattant des droits de l'homme et pourfendeur du système raciste de l'apartheid sont inestimables, écrit le portail d'information de centre-gauche Polityka Online, qui le compare au prix Nobel de la paix polonais Lech Wałęsa : « D'une certaine façon, sa lutte est comparable à celle de Lech Wałęsa, à ses débuts. De par le monde, il incarne la bataille pour les droits de l'homme et plus tard, pour un changement de système réussi, sans effusion de sang. … Il a tant fait pour son pays, pour l'Afrique et pour les droits de l'homme qu'il figure parmi les personnalités exceptionnelles du XXe siècle. Grâce à lui, l'histoire des droits de l'homme ne comporte pas uniquement des génocides, mais aussi des héros, porteurs de liberté et de solidarité. … Nous chérirons longtemps son souvenir. » (Article publié le 06.12.2013)
France : pas si bon que ça
L'image internationale de Mandela a connu un changement radical ces dernières décennies, rappelle l'hebdomadaire libéral Courrier International : « Aujourd'hui, le monde entier rend hommage à sa lutte. Mais dans le tourbillon médiatique, on oublie qu'à sa libération, en 1990, Nelson Mandela était considéré comme un dangereux "terroriste" sur la scène internationale. Il a certes pardonné à ses anciens bourreaux, il a ouvert son pays à cette partie du monde qui l'avait autrefois oublié. Mais ce n'est pas sa bonté d'âme qui a permis de faire de l'Afrique du Sud une grande puissance émergente et démocratique. C'est son esprit politique. Mandela n'est ni un ange ni un saint. Ce serait simplifier son combat, ses sacrifices. Madiba était bien mortel. Et il fut un grand homme. » (Article publié le 05.12.2013)
Italie : le spectre de la récupération
Les cleptocrates mettent en péril le legs de Mandela, déplore le journal économique libéral Il Sole 24 Ore : « La mort de Mandela laisse un vide moral qui ne fait qu'accentuer la médiocrité de la présidence de Jacob Zuma. Le personnage le plus fréquent à cette époque est celui du "tenderpreneur" : un fonctionnaire de l'ANC (Congrès national africain), qui n'accorde contrats et appels d'offres qu'aux entrepreneurs membres ou donateurs de l'ANC. Cette absence de distinction entre politique et affaires, cette forme maladive de socialisme inversé, sape davantage l'économie que les illusions de la "Nation arc-en-ciel", la société multiculturelle, qui nécessite plus d'une génération pour s'accomplir. Les "tenderpreneurs" et leurs mentors seront présents aux funérailles de Mandela. Ils verseront des larmes de crocodiles, tout en espérant qu'il n'y aura pas de nouveaux Mandela. » (Article publié le 06.12.2013)