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Grèce : une présidence low-cost ?

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BruxellesPolitique

La Grèce va ac­cé­der pour la cin­quième fois de­puis son en­trée dans l’Union eu­ro­péenne à la pré­si­dence du Conseil de l'UE. En perspective d'une année électorale, cette présidence s'opèrera sur un mode des plus particuliers qui témoigne encore une fois de la politique d'un pays soumis à un régime sec.

La Grèce va ac­cé­der pour la cin­quième fois de­puis son en­trée dans l’Union eu­ro­péenne, en 1981, à la pré­si­dence du Conseil de l’Union eu­ro­péenne. Cette cin­quième pré­si­dence survient alors que l'UE, en crise, doit composer avec les en­jeux de pros­pé­rité et de sta­bi­lité qui ne peuvent être at­teints qu'à condition de tra­vailler à la ré­af­fir­ma­tion d'une certaine « mis­sion eu­ro­péenne ». C’est également sous la pré­si­dence grecque que vont se dé­rou­ler les élec­tions eu­ro­péennes de 2014, dans une Eu­rope où les so­lu­tions pro­po­sées jus­qu’à main­te­nant - po­li­tiques et plans d’aus­té­rité suc­ces­sifs - n'ont pas vraiment rassuré les citoyens quant au bien-fondé de l'Europe à 28.

Une Pré­si­dence un peu par­ti­cu­lière

La pré­si­dence grecque ne dis­po­sera que de 4 mois pour trai­ter les dos­siers qui lui seront confiés,  en perspective des élec­tions du Par­le­ment eu­ro­péen en mai 2014. De plus, cette pré­si­dence sera pla­cée - pas de grande résolutions - sous le signe des éco­no­mies. Alors que les pré­cé­dentes pré­si­dences disposaient d'un bud­get entre 60 et 80 mil­lions d’eu­ros administré par 250 fonc­tion­naires, la Grèce devra se contenter de bien peu et de seulement 130 fonc­tion­naires.

Le se­cré­taire d’État aux af­faires étran­gères Dimitris Kour­kou­las a dé­claré, à l'occasion d'une conférence de presse organisée le jeudi 12 décembre dernier, que la pré­si­dence grecque se­rait une « cost-ef­fi­cient Pre­si­dency ». Comprendre : une pré­si­dence pas dé­pen­sière mais ef­fi­cace. Il s'ex­plique : « compte tenu de la si­tua­tion fi­nan­cière, nous au­rons le plus li­mité des bud­gets pour la pré­si­dence par rap­port aux autres pays l'ayant as­su­rée ces der­nières an­nées, ce sera une pré­si­dence très spar­tiate. » Dans le fond comme dans la forme, on dira que ça tombe bien.

Un tra­vail de fond quant aux va­leurs eu­ro­péennes ainsi qu’un ac­cent pé­da­go­gique concer­nant le coût d'une probable désaffection (démocratique) à l'idée européenne semble in­dis­pen­sable à cette pré­si­dence afin d’évi­ter une vague eu­ros­cep­tique aux pro­chaines élec­tions. Pour sa part, le Pre­mier mi­nistre An­to­nis Sa­ma­ras a pré­senté les véritables prio­ri­tés de la pré­si­dence grecque lors du sommet européen organisé le 20 décembre dernier : crois­sance, em­ploi, co­hé­sion et ap­pro­fon­dis­se­ment de l’union ban­caire et bud­gé­taire, la lutte contre les flux mi­gra­toires aux fron­tières ex­té­rieures de l’UE et ren­for­ce­ment de la po­li­tique ma­ri­time in­té­grée de l’UE.

Puis tant qu'à faire, la Pré­si­dence tra­vaillera aussi à la conso­li­da­tion de l’Union éco­no­mique et mo­né­taire et plus par­ti­cu­liè­re­ment à sa di­men­sion so­ciale ainsi qu'à la co­or­di­na­tion des po­li­tiques fis­cales et mo­né­taires. Tout ceci pour promouvoir et conso­li­der l’Union ban­caire et ainsi res­tau­rer la confiance dans l’éco­no­mie eu­ro­péenne. Enjeu cen­tral s'il en est de la mise en pra­tique ef­fi­cace des nou­veaux mé­ca­nismes éco­no­miques de gou­ver­nance.

Régime sec

Dans une pé­riode de crise la ques­tion de l’im­mi­gra­tion illé­gale est une ques­tion cen­trale, par­ti­cu­liè­re­ment pour les pays situés aux fron­tières de l’Eu­rope, qui sont de plus parmi les plus tou­chés par la crise. La pré­si­dence grecque veut donc souligner les ef­fets po­si­tifs et la né­ces­sité d’une po­li­tique eu­ro­péenne com­mune concer­nant l’im­mi­gra­tion. La ges­tion et la sé­cu­rité des fron­tières ma­ri­times eu­ro­péennes sera éga­le­ment un dos­sier im­por­tant au pre­mier se­mestre 2014. La Grèce sou­haite re­dé­fi­nir et re­lan­cer la po­li­tique ma­ri­time eu­ro­péenne à tra­vers tous ses as­pects.

En ce qui concerne l’élar­gis­se­ment, la fu­ture pré­si­dence veut être très at­ten­tive face aux si­tua­tions et aux crises aux­quelles nos voi­sins font face, de la si­tua­tion sy­rienne au ren­for­ce­ment des re­la­tions eu­ro­péennes avec la Mol­da­vie. Le Pre­mier mi­nistre grec à conclu la confé­rence de presse en rap­pe­lant que l’ébauche de sor­tie de crise de la Grèce s'organise grâce aux ef­forts effectués par le peuple grec. 

Sa­ma­ras souhaite enfin que, dans une Union eu­ro­péenne où les dif­fé­rences entre le Nord et le Sud se creusent, la pré­si­dence grecque soit le re­flet d’une po­li­tique eu­ro­péenne qui pas­se­rait de celle du dogme de l’aus­té­rité à celle d’une Eu­rope de la crois­sance. Les en­jeux de cette pré­si­dence se veulent au­tant éco­no­miques que dé­mo­cra­tiques. Reste à voir ce qu’il lui sera pos­sible de réa­li­ser avec peu de moyens et surtout une pé­riode de temps ré­duite.