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Géographie du cerveau  - Où naît la parole ? 

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Vous êtes vous posé la question de savoir pourquoi les humains ont ce "superpower” qui nous distingue des autres animaux ? La parole ! La nature nous a dotés d'un appareil phonatoire qui nous permet de produire et reproduire des sons. Mais que serait cet outil,  sans un centre de contrôle qui coordonne ce que nous voulons dire, à quel moment et comment nous souhaitons l'exprimer - le cerveau ? 

Nous savons tous maintenant qu'il est constitué d'un hémisphère gauche et d'un droit et si l'on simplifie énormément, que son rôle constitue en une transformation perpétuelle  des informations. Mais si l'on réfléchit un instant, la seule possession d'un cerveau ne fait pas de nous une espèce supérieure. Si on prend l'exemple de l'éléphant, il possède, lui aussi, un cerveau et bien plus grand que le nôtre. La taille n'a donc vraiment pas d'importance. Un autre critère que nous devons aborder est la proximité de l'être humain et du chimpanzé, son cerveau est à peine plus petit que celui de l'homme, mais si l'on applique la règle précédemment annoncée, ça n'est pas significatif. Il manque, malgré tout, dans le cerveau des singes quelque-chose, un centre de contrôle de la parole. Nous seuls, les humains avont l'honneur de ce luxe. Et pourtant, certains animaux sont capables de prononcer certains mots de façon intelligible. L'exemple du perroquet qui, éduqué,  est capable de dire "bonjour" et "au revoir" ainsi que d'autres mots moins convenables. Et pourtant, les perroquets n'ont pas, non plus, de centre de commande de la parole dans le cerveau. Alors, comment peuvent-elles parler ? La réponse est décevante, ça n'est pas de la parole, mais uniquement de la répétition et de l'imitation de sons. Ce qui est ici appelé capacité à parler comprend la possibilité de produire un nombre illimité de phrases. 

Le langage a sa place dans le cerveau ! 

Nous sommes des exceptions grâce à ce centre de commande de la parole. Mais qu'est-ce, en fait, que ce centre ? Au cœur de nos préoccupations, nous allons évoquer deux zones qui sont l'aire de Broca et l'aire de Wernicke. La première a été découverte par le chirurgien français Pierre Paul Broca qui a considéré que le langage parlé avait une place spécifique dans le cerveau. Broca, considéré comme un pionnier en anthropologie physique, s'est orienté sur les mesures du cerveau. C'est pour cette raison qu'il s'est également intéressé aux cas des patients atteints d'aphasie, c'est-à-dire de dysfonctionnements de la parole provoqués par des atteintes du cerveau. Une personne souffrant d'aphasie de Broca énonce des phrases grammaticalement incorrectes, pleines de manques et d'incohérences.

Broca a également postulé que pour un adulte aphasique, il n'est pas possible d'améliorer son état alors que dans le cas d'un enfant, il reste possible d'acquérir la capacité de parler. Il a donc pu,  par la même occasion, constater l'extraordinaire plasticité du cerveau dans le jeune âge. De plus, le chirurgien français a développé une nouvelle théorie selon laquelle "nous parlerions avec notre cerveau gauche". Cette découverte avait cela de révolutionnaire que jusqu'alors il n'était pas envisageable que deux moitiés d'un même organe, si semblables et géographiquement si proches, puissent avoir des fonctions si différentes. La fonction de l'aire de Broca, dans l'aptitude à la parole, nous permet de comprendre des phrases et d'en traiter les données. L'aire de Broca est également active lors de l'utilisation des mains pendant que l'on parle (gesticulation), sans doute est-ce lié au fait que le geste et la parole sont fortement corrélés.

La deuxième zone du cerveau responsable de notre aptitude à la parole est l'aire de Wernicke. Carl Wernicke est un psychiatre et neurologue allemand qui s'est intéressé aux patients ayant des troubles de la parole sans pour autant correspondre à l'aphasie de Broca. Wernicke a découvert qu'une autre zone du cerveau était atteinte. C'est la raison pour laquelle les symptômes de ces deux aphasies sont bien distincts. Là encore, la zone concernée a pris le nom de son découvreur. Contrairement à l'aphasie de Broca, les patients atteints de l'aphasie de Wernicke parlent de façon très fluide, mais leurs propos restent très incompréhensible pour leurs auditeurs. Ils sont d'ailleurs souvent logorrhéiques et, à l'inverse des patients aphasique de Broca qui ont conscience de leurs troubles, ils n'entendent pas de problème dans leurs propres propos.

Les découvertes de Broca et Wernicke sur la localisation des aires du cerveau liées à la parole ont été suivies de nombreuses autres. Des aires ont été identifiées comme le centre de commande de l'écriture (Siegmund Exner) et le centre de commande de la lecture (Jules Dejerine). Au milieu du XXème siècle, les chercheurs ont également découvert que le lobe frontal avait, également, une grande importance dans la production de la parole. Ceci a été confirmé par Panfield qui a appelé l'aire située à proximité du mésencéphale (partie supérieure du tronc cérébral, ndt), "l'aire de la conscience".

Cent muscles et une seule parole

Il ne faudrait pas oublier que le processus de production de la parole est réalisé par l'ensemble du cerveau, au maximum de ces capacités. De plus, l'action de parler mobilise, à elle seule, plus de cent muscles et lors de la prononciation d'un propos à rythme normal (à savoir quatorze sons par seconde), 140 000 événements neuro-musculaires par seconde sont mobilisés. Cela illustre bien la complexité du processus de la parole et du travail de notre cerveau.

Les aires de la parole ainsi que l'activité cérébrale lors de l'acquisition du langage sont toujours le sujet de nombreuses études scientifiques. Les chercheurs sont persuadés que nous ne sommes pas encore capable de comprendre certains mécanismes et structures y afférents, ce qui ne veut pas dire que nous devrions pas essayer.

Cet article a été pour la première fois diffusé sur le blog Woofla.pl.

Translated from Geografia mózgu - gdzie powstaje mowa?