Gentlemen hackers, pour vous servir
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Repaire des hackers germanophones, le Chaos Computer Club s'engage depuis trente ans pour un accès libre à l'information, le respect des libertés individuelles sur Internet et une certaine vision de la cyberculture. Dernier succès en date : avoir démasqué un programme d'espionnage illégal de la police judiciaire bavaroise en octobre dernier.
Fondé en septembre 1981 dans les locaux berlinois de la taz, alors que seule une poignée d'initiés pouvait se targuer de connaître Internet, le CCC* défraye vite la chronique. En 1984, un membre du Club parvient à s'infiltrer dans les ordinateurs de la Sparkasse de Hambourg pour y manipuler les comptes... et s'allouer la modique somme de 135 000 DM, qu'il rendra une fois l'affaire rendue publique. Deux ans plus tard, des hackers d'Allemagne du Nord, dont certains membres du CCC, passent au niveau supérieur. Ils piratent les ordinateurs de la NASA et revendent une partie de leurs trouvailles au KGB.
Ces jeunes virtuoses décalés, souvent autodidactes, entrent ainsi dans la légende. Mais leur dérive intéressée laisse le majorité du Club dubitatif. Depuis, les activités des membres doivent rigoureusement servir le bien commun et respecter l' « éthique du hacker » théorisée par Steven Levy dans son « Hackers: Heroes of the Computer Revolution », publié en 1984
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Le CCC et ses 2 500 membres sont ainsi parvenus à démontrer la vulnérabilité des puces de téléphones portables ou des machines de vote électronique. A l'ère du tout-numérique, ils ont fait de la sécurité informatique une question de société inévitable, ce qui n'est probablement pas étranger au récent succès du Parti Pirate aux élections berlinoises.
* Qui a dit Comité Contre les Chats ?!
Pour en savoir plus, rendez-vous au Chaos Communication Congress, l'événement annuel du CCC réunissant hackers, scientifiques, artistes et utopistes, du 27 au 30 décembre. Encore un peu de patience !
Photo : un pochoir du CCC. La campagne Stasi 2.0 critiquait l'ancien ministre de l'Intérieur allemand Wolfgang Schäuble pour ses propositions sur les perquisitions en ligne.
Article publié dans le numéro de novembre de Berlin Poche.