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Front National : ne nourrissez pas le troll 

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Cécile Vergnat

Politique

Suite aux élections régionales, Les Républicains ont obtenu 7 régions et le Parti socialiste 5. Le Front National n’en a obtenu aucune mais il a tout de même recueilli près de 6,8 millions de voix, triplant ainsi le nombre de ses sièges. Les partis « républicains » ont trouvé le moyen de « gagner » les élections sans l’ombre d’une identité politique. La réserve se trouve entre les guillemets.

Face à la terrible menace fasciste – qui sait ce que signifie le mot « fascisme  » en 2015 ? – il n’y a pas de raisonnement politique qui tienne. S’il s’agit de combattre le Seigneur des Ténèbres du Mordor, peu importe que tu appartiennes au peuple des elfes ou à celui des nains. Il faut combattre tous ensemble, faire front commun contre le grand méchant loup et voter (comme d’habitude) en se bouchant le nez. Face à l’urgence, on oublie que la gauche actuellement au gouvernement en France est la meilleure alliée du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France). On oublie qu'au second tour des élections régionales le Parti socialiste (avec les autres partis de gauche) a retiré ses listes dans deux régions et a invité ses électeurs à voter pour Les Républicains de Sarkozy qui fait, depuis des années, de la lèche à l'extrême droite en proposant en pratique les mêmes choses, mais avec moins de crédibilité. On oublie qu’aucun des partis traditionnels n’est parvenu à trouver une stratégie payante pour résoudre le problème du chômage, la vraie bête noire du peuple français. Bien plus que l’Islam. Mais lorsqu’il s’agit de combattre le monstre, peu importe. Ce qui compte est de rester uni, comme un troupeau de moutons, pour finalement avoir plusieurs gagnants et qu’un seul vaincu. Tu veux pouvoir écrire sur Facebook : « Je suis allé voter et grâce à moi le FN a perdu » ?  C'est ça, tous héros de la démocratie.

Dommage que cette créature si inquiétante qui menace la République compte, parmi ses rangs, le visage d’une jeune femme qui vient tout juste d’avoir 26 ans, que cette jeune femme soit belle et compétente – ne jamais sous-évaluer le potentiel du démon – et que son parti, le Front National, ait recueilli près de 6,8 millions des voix au second tour des élections régionales. Tous des crétins, d’après la presse française. Tous des fascistes.

Recommencer à faire de la politique

Les partis « républicains » - les mêmes qui à cause de leur incompétence et de leur je-m’en-foutisme total vis-à-vis des problèmes réels ont créé ce monstre qu’ils nous demandent à présent de combattre - ont trouvé une façon imparable pour « gagner » les élections sans une ombre d’identité politique, ni d’un programme électoral. En inventant un monstre, une démocratie constamment en état de siège, un état d’urgence permanent, ils ont réussi à amener les personnes aux urnes et à les faire voter pour eux. Si la presse n’avait pas crié à l’aide, si les différents éditorialistes et influenceurs n’avaient pas mis sur le tamis la morale et la « passion républicaine » - des choses qui n’ont rien à voir avec la politique, - personne ne serait allé voter, comme d’habitude, tellement les politiques et leurs discours futiles sont devenus ridicules aux yeux du peuple. Les électeurs du FN sont les seuls à voter pour un parti auquel ils croient.

La politique de diabolisation du Front National mise en place par les autres partis a démontré qu’elle faisait encore ses preuves. Mais pour combien de temps encore cela va-t-il durer ? Après ces élections régionales, l’échiquier politique semble s’être plus que jamais rangé derrière le bipartisme. Marine Le Pen l’a dit et elle a probablement raison. « Le clivage ne se situe désormais plus entre la gauche et la droite, mais entre mondialistes et patriotes. » Que faire ? Continuer à jouer aux bons contre les méchants, à vivoter de slogans pré-confectionnés ? Ou le moment est-il peut-être venu de commencer à faire de la politique ?

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Ce commentaire a d’abord été publié sur le blog From Paris with blog de Linkiesta.

Translated from Regionali in Francia: arrivano i "fascisti", anzi no