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Fringuez-moi d'occasion !

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Helene Bienvenu

SociétéPolitique

« Avec la crise, vient le moment de rechercher de nouveaux processus créatifs, de nouvelles solutions... de remettre en question jusqu’à nos acquis les plus fondamentaux » disait récemment le couturier français Jean-Paul Gautier. Rien de plus simple à Bruxelles : il suffit de fouiller dans les paniers des boutiques d’occasion ou sur les marchés aux puces. Reportage.

« Et alors, qu’est-ce que ça fait si cette veste est vraisemblablement aussi vieille que moi ? » lance Annette, la vingtaine, depuis la place bruxelloise du Jeu de Balle, la Mecque des chasseurs de vêtements originaux à trois francs six sous. Ce dimanche, Annette passe en revue un tas d’habits étalés sur la bâche recouvrant le sol. Pas impressionnée le moins du monde par la bruine incessante : « J’essaie de ne pas prendre tout cela trop au sérieux. Je sais que quelque part une occasion en or m’attend et je dois tout simplement mettre la main dessus. » Sophie, autre traqueuse de bonnes affaires, confirme : « Ce n’est pas si difficile que cela. Il suffit tout simplement de savoir ce qu’on cherche ». « L'accroc à la mode », comme elle aime à s'appeler, est satisfaite : « Parmi les trésors que j’ai achetés à prix dérisoire, je compte une robe de Barbara Hulanicki des années 60 - la vendeuse ne s’est probablement pas rendu compte de ce qu’elle avait dans son magasin - et un sac en cuir, à peine porté, rappelant l’époque de la jeunesse de ma grand mère ». Le rêve de Sophie, c’est d’ouvrir une boutique en ligne de vêtements d’occasion :« Je me débarrasserais de toutes mes fringues qui encombrent mon armoire, dit-elle en riant. Quoique, cela pourrait bien s’avérer plus difficile que ça en a l’air. » 

Le marché du fait-maison

Les vêtements retouchés sont légionsParfois, il faut quand même se rendre à l’évidence... Les dires de Sophie confirment l’opinion émise de la vendeuse sur la place « la concurrence est de plus en plus forte. C’est facile de repriser ce que l’on a dans son armoire. Ce qui fait que sur le marché on retrouve plein de vendeurs occasionnels, qui offrent quelques fringues pour la plupart déjà portées. Ceux-la restent rarement très longtemps en activité ». Même ritournelle du côté des acheteurs, il y a les clients occasionnels et les chasseurs aguerris. La vendeuse d’occasion du quartier de Molenbeek-Saint-Jean à Bruxelles révèle que ces derniers recherchent des vêtements de qualité, pour lesquels ils sont prèts à débourser un peu plus. Mais il arrive d’en croiser qui relèguent la qualité au second plan et privilégient le prix. « Je sais aussi, qu’un certain nombre de personnes préfèrent acheter des vêtements "reprisés maison" » ajoute-t-elle.

Pas cher et nécessaire

En regardant bien autour de moi, dans la boutique, j’ai effectivement remarqué des acheteurs qui n’avaient pas l’air de courir les étals vestimentaires habituellement, et d’autres pour qui acheter d’occasion relève de la nécessité. A mes côtés, une dame du troisième âge, une poignée de fringues en main, entame la phase de négociation à la caisse.

La Mecque de la récupDans la boutique de l’organisation caritative Les Petits Riens, la foule est tellement compacte qu’on arrive à peine à s’approcher de certains paniers ou porte-manteaux. La queue devant la caisse n’en finit pas, un panneau interdit de négocier les prix, ce qui ne décourage pas pour autant les clients potentiels. « Je viens régulièrement ici. Les prix sont raisonnables et si jamais ce que j’achète ne plaît pas à mon fils ou mon petit-fils, ce n’est pas une grande perte» me confie une cinquantenaire coquette qui se dirigea chemises en main vers la fin de la queue.

L'heure de gloire du discount ?

Est-que la popularité des vêtements d’occasion a augmenté avec le début de la crise économique ? Sur ce point, on ne peut pas formuler de réponse unanime. Comme le reconnait la vendeuse de Molenbeek-Saint-Jean, il a des clients fidèles qui viennent régulièrement, crise économique ou non.

Mais c’est vrai qu’au cours de ces derniers mois de nouveaux visages sont apparus en nombre important. Sylvie, que j’ai surprise en train d’acheter plusieurs robes reconnaît que depuis quelques temps, il est plus difficile de trouver des fringues intéressantes. Annette, qui a perdu son emploi à cause de la crise, se contentant d’un stage moins lucratif, reconnaît que ces derniers temps, sur le marché aux puces, l’argent se fait de plus en plus rare : « j’en vois de plus en plus qui se mettent à vendre. Je me console en me disant que le jour où je serai à court d’argent, je pourrais m’y mettre moi aussi ».

 Quelques conseils bruxellois pour acheter des vêtements d’occasion :

Prendre son temps : Passer plus de temps à fouiller dans les paniers. A la hâte, il est facile de passer à côté d’une perle.

Expérimenter : Ne pas craindre de mélanger habits d’occasion et habits neufs. Ton look y gagnera.

Prendre des risque : Parfois, ça vaut la peine d’acheter une robe ou un chapeau sur lequel on hésite. Peut-être que dans quelques semaines, une veste viendra mettre en lumière cet achat sans conviction ?

L’art des retouches : Une machine à coudre ou un ami coûturier peuvent toujours être utiles. Il n’est pas rare qu’un vrai trésor ne demande que de toutes petites retouches.

L’auteur remercie la rédaction locale de cafebabel.com à Bruxelles pour l’aide qu’elle lui apportée afin de rédiger cet article.

Photos : Place Jeu de Balle©Grégory!Picasa ; Place du Jeu de Balle©lewishamdream/Flickr

Translated from Second hand me!