#frenchrevolution : « Pas d’alcool, on veut changer les choses ! »
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Ici, on bosse ! On veut changer les choses ! Beaucoup de choses ont été dites sur la sobriété de la #spanishrevolution. Un mouvement aussi organisé en Espagne, pays du botellon et des bosseurs du dimanche ? Alors à Bastille ce mercedi 25 mai, pas question de changer cette réputation gagnée à la sueur de leur front.
« » C’est en gros le message que Pepa et les autres organisateurs espagnols francophones nous livrent pendant l’Assemblée Générale… qui a rassemblé beaucoup plus de monde que lundi.
Le principal point du programme est le rapport des commissions actions et logistiques, presse et média, France et international. Mais avant, Malika est venue déclamer sa prose au micro pour « mettre un peu de poétique dans la politique », presque gênée d’avoir « pris votre temps de parole à vous les jeunes. » Quand elle a vu Julien Bayou mercredi midi sur Canal plus, elle s'est dit qu'elle devait venir en soutien. Elle a repensé à 1968, confie-t-elle, quand elle était étudiante et ouvrière pour aider le ménage familial. Elle a dû en baver, ce qui ne l’empêche pas de ne souhaiter cela à personne aujourd’hui : « Quand je vois des jeunes filles faire la manche dans le métro ou devoir se prostituer pour suivre leurs études… Je n’avais jamais vu ça avant. »
Changer les choses, c’est commencer par les comprendre. Chacun y va de son petit grain devant l’amphithéâtre, micro en main. Certains en profitent pour en appeler à la lutte des peuples de tous les pays contre le système financier et sa ploutocratie, tandis que d’autres s’en tiennent à des choses plus terre-à-terre. Comme réfléchir à une défense contre les CRS ce dimanche à 14h pour la grande manifestation : « En Espagne, il y avait une élection, donc le gouvernement devait faire attention. Mais en France, la prochaine est en 2012, et on connaît la douceur de nos CRS », précise un homme aux cheveux blancs et aux tatouages sur les bras.
La prise de la Bastille passe par le métro
La commission action va devoir plancher là-dessus. Elle a déjà beaucoup fait. Comme concevoir un plan génial de réseautage. Non, pas sur Twitter, ni sur Facebook. Pourtant, la commission presse et média se vante d’avoir fait de #frenchrevolution le hashtag le plus suivi en France et le onzième dans le monde ! Non, réseauter n’est pas que synonyme de twitter. On a pensé à plus sous-terrain, moins hype et 100% parisien, preuve que la révolution se donne un air local. LE METRO ! En duo, l’un en français et l’autre en espagnol, les indignés iront de wagon en wagon pour diffuser des infos sur leur cause et annoncer la manifestation de dimanche sur la place de la Bastille. Après, libre à chacun d’aller en parler au boulot ou à la fac, tant qu’il n’intègre pas de partis ou de syndicats à la lutte. « Pas de récupération, nous sommes politisés mais apartides ! », cri un des mobilisés.
La commission presse et média est donc très fière de la couverture médiatique. Tous les médias ont parlé de #acampadaparis, mis à part la télévision publique. Curieux de voir l’appétit du mouvement pour les médias quand ils parlent d’eux et leur rejet quand ils les ignorent. Toujours est-il qu’un des organisateurs n’est pas dupe. « On ne doit compter que sur nous. Les médias parlent de nous aujourd’hui et demain ils passeront à autre chose. C’est là qu’il faudra être présent, avec nos propres ressources. » Tous comptent sur la manifestation de dimanche pour marquer les esprits déjà convaincus et ouvrir le mouvement à d’autres secteurs de la société. Comme me le soufflait Julien Bayou dès lundi : « En France, contrairement à l’Espagne où le chômage touche un jeune sur deux dans tout le pays, les banlieues ont un taux de chômage deux fois plus important que dans les centres-villes. » Ce mouvement s’adresse avant tout à eux. Comment les y intéresser ? Pas avec de l'alcool en tout cas, seul invité interdit ce dimanche, à 14h sur la place de la Bastille.
Emmanuel Haddad
Photos : (cc)Joseph Paris/flickr