[fre] Et ils vécurent heureux et satisfaits… Après l’Expo
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Lucia PilòL’Expo a représenté, pour beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes, la première opportunité d’un véritable emploi. Quelques mois après la fin de ce grand évènement, nous avons recueilli les histoires de certains d’entre eux, au milieu d’une multitude de contrats, de fonctions, et de rêves pour le futur.
La Milan de l’après-Expo vit encore dans une dimension d’incrédulité: après avoir passé des années à imaginer ce grand évènement, à ressentir le poids des scandales et les feux des projecteurs pointés sur elle, cela fait désormais un effet étrange que tout se soit achevé le 31 octobre 2015.
Grandes étaient les attentes sur cet évènement, et plus particulièrement celle concernant le sujet du travail en Italie. Pendant une période de 3 ans (De 2012 à 2014), le pourcentage de jeunes (Entre 15 et 25 ans) est passé de 35,3% à 42,7% et le taux de NEET* avoisinait toujours 21% (Données ISTAT**). Par conséquent, beaucoup d’espoirs avaient été placés dans ce grand évènement milanais, qui aurait pu stimuler une économie du travail en stagnation.
Les postes générés par l’agence pour l’emploi Manpower, adjudicataire gagnante de l’appel d’offre lancée pour le recrutement concernant l’Expo, ont déjà dépassé le chiffre de 650, auquel se sont ajouté environ 4000 postes, offerts par les participants et les 9000 entrepreneurs; tout cela fut communiqué sur la page du Official HR Premium Partner, un an avant le lancement de l’Exposition. Une main-d’oeuvre qui a concerné surtout les jeunes, avec une multitude d’offres de contrats, allant des stages à durée déterminée, en passant par le Service Civil, sans oublier les multiples ressources déployées comme le volontariat.
L’Expo a été une importante opportunité pour nombre d’entre eux, justement aux premières expériences professionnelles; dans de nombreux cas, ils ont été insérés pendant leur parcours d’études ou dès l’obtention de leur licence.
laria Testa, 25 ans, a une licence obtenue en trois ans et prépare actuellement sa thèse afin dans le cadre de sa spécialisation. Pendant qu’elle travaillait à l’Expo, de mars à octobre, elle a même préparé et passé deux examens. Elle fait partie de ceux qui ont réussi à se faire embaucher grâce à Manpower : la longue procédure de sélection prévoyait une série de tests de logique et d’anglais sur le portail en ligne. Une fois cette partie réussie, Ilaria a été appelée, à la fin du mois de janvier, pour deux sessions d’entretiens collectifs et individuels. Ils se sont tous très bien déroulés et ont été suivis d’une semaine de formation (Non rémunérée), ainsi que d’autres rendez-vous. En avril, Ilaria ne savait pas encore à quel pavillon elle aurait été affectée, et n’avait même pas la certitude d’être engagée, ce qui était également le cas d’au moins une vingtaine de jeune candidats (Dont nombre d’entre eux avaient la nécessité de déménager sur place). La confirmation est arrivée juste une semaine avant le début des festivités. Ilaria a ainsi commencé à travailler comme animatrice scientifique pour le Cluster du Café. Sa routine prévoyait d’accompagner les visiteurs sur un parcours guidé dont le thème était la production du café, et comme elle l’a souligné plusieurs fois, « Je n’ai jamais cessé de me documenter et d’apprendre des choses nouvelles, jusqu’à la fin de l’évènement. » Une expérience totale : « Vivre durant 6 mois, en travaillant 6h par jour et 6 jours par semaine à l’intérieur de l’Expo m’a complètement changée. » Le contact avec les personnes, que ce soit avec les visiteurs ou les autres travailleurs, provenant des quatre coins du monde, a été l’aspect le plus satisfaisant : au total, 16 millions de personnes sont passées par le pavillon. Bien sûr, tout n’était pas rose : des défauts, surtout au niveau de l’organisation, il y en eut beaucoup. Le plus éclatant résidait dans les files d’attente du matin pour entrer sur le site : jusqu’au mois de septembre, aucun accès réservé aux employés ne fut mis en place. Et après l’Expo? Son contrat à durée déterminée achevé, Ilaria n’a pas reçu d’autres propositions concrètes de la part de Manpower, mise à part la période de formation offerte à tous les anciens employés de l’Expo. Mais désormais, les priorités sont toutes autres : d’abord, finir ses études, puis, très probablement, vaincra le besoin de voyager, l’Amérique du Sud étant la destination la plus probable. Mais surtout, écrire un livre sur cette expérience professionnelle.
À l’intérieur de l’immense site d’exposition existaient également d’autres types de formes de contrats et de fonctions : à côté des très nombreux employés aux stands comme barmen ou restaurateurs, il y avait aussi ceux qui ont eu l’opportunité de travailler en tant que freelance dans des rôles organisationnels, comme c’est le cas par exemple d’Angelo Napolillo. Jeune campanien de 27 ans, Angelo organisait des évènements au Cluster des Céréales. Pour lui, l’expérience de l’Expo l’a certainement marqué à cause de la masse de travail : ce n’était pas rare qu’il frôle les 13 à 14h de travail quotidiennes. S’agissant de journées très stressantes, Angelo n’a pas identifié dans tout cela le problème majeur de cette manifestation : l’aspect logistique, par exemple, a causé des ralentissements non négligeables à l’activité, par exemple des files interminables auprès du guichet accrédité (À Pero, pas à Rho), ou encore une multitude de problèmes bureaucratiques pour faire arriver sur le site un transporteur pour le courrier. Par conséquent, l’opinion générale reste sceptique, mais pas tout à fait négative : «L’Expo s’est révélée être ni plus ni moins qu’un fast-food à ciel ouvert, de remarquables dimensions. Au niveau professionnel, je suis cependant satisfait de l’expérience : cela est certain que l’occasion de participer à un évènement d’une telle importance ne se représentera jamais plus. »Et cela ne constitue pas un aspect mineur pour un travailleur autonome.
Un aspect sur lequel l’avis des jeunes travailleurs de l’Expo se rejoignent est la perception d’un fort sentiment de communauté et d’entente entre tous ceux qui s’attelaient quotidiennement à rester en contact avec le public, tâche qui devint problématique à gérer à partir du mois de septembre, à cause de l’affluence. Le même sentiment a été mis en évidence – En tant que point fort de son expérience – par Marco Erba, 26 ans, volontaire embauché avec un contrat du Service Civil, à partir du 3 juin, grâce à un avis extraordinaire mis en place exprès à l’occasion de l’Expo. Employé auprès du stand de la Caritas Ambrosiana, sa fonction était de faire office de guide sur le parcours artistique dont la devise était « Diviser pour multiplier ». Son type de contrat prévoyait 6 mois de travail sur le site de l’Expo et 6 autres mois comme volontaire auprès des filiales de l’association, placées par exemple auprès du centre d’accueil de la Gare Centrale de Milan. Tout compte fait, l’expérience de l’Expo s’est révélée constructive, même pour sa carrière universitaire, lui ayant donné la possibilité de rassembler du matériel pour une recherche archéologique, domaine dans lequel il s’est diplômé.
Il nous semble de lire entre les lignes de ces récits une légère satisfaction d’avoir pris part à un évènement d’une telle ampleur, au point de faire passer au second plan les aspects pratiques de cette expérience professionnelle, laquelle représente pour beaucoup une petite parenthèse dans le long parcours de recherche d’une voie personnelle. Une valeur ajoutée qu’aucun autre évènement comme EXPO MILANO 2015 ne réussira à donner à ces jeunes.
*NEET : "Not in Education, Employment or Training" (Ni étudiant, ni employé, ni stagiaire)
**ISTAT : Istituto Nazionale di Statistica (Institut National des Statistiques, équivalent de l'INSEE en France)
Toutes les photos de l'article font partie du projet "People of Expo" de Ecledesign, avec le soutien de la Ville de Milan, qui raconte l'Expo à travers le visage de ses participants.
Translated from Dopo l'Expo: e tutti i giovani vissero felici e contenti...