[Fre] Danemark - Thème Occupy Utopia (occuper l'utopie) de l'exposition Images: l'occasion de découvrir le travail d'artistes des pays en voie de développement
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Yveline Le DonPensez à toutes ces choses que vous ne pouvez pas acheter. Pas à l'amour: ce serait trop évident et trop facile. Quelle sera votre prochaine idée ? Creusez ! Stephen Freiheit, photographe, a élargi l'esprit de centaines de jeunes photographes des pays en voie de développement, encourageant ainsi l'évolution artistique dans des pays où le terme "artiste" reste mal perçu.
"Prenez votre appareil photo pour mettre l'accent sur les choses que vous ne pouvez pas acheter." Telle est la mission que le célèbre photographe danois Stephen Freiheit a confiée, au printemps 2013, à de jeunes artistes du Bangladesh, du Népal et du Myanmar. Stephen Freiheit, après la diffusion de son message par le Myanmar Times (le plus grand hebdomadaire du Myanmar), le journal República (au Népal), la chaîne de télévision NTV ainsi que par l'organisation pour la jeunesse Today’s Youth Asia, a reçu des photos que des centaines de jeunes gens ont prises, explorant ainsi ce qui ce passe dans leurs démocraties en plein essor. Aujourd'hui, ce sont près de 100 oeuvres d'art, témoins d'une vie quotidienne dominée par la pauvreté matérielle et l'instabilité politique, qui sont exposées au Danemark. Dans ce pays, l'un des débats les plus importants en matière de politique et d'économie a été axé, lors de la crise financière, sur la question de la baisse (ou non) du prix des sucreries.
DE NOUVEAUX POINTS DE VUE
L'exposition photographique ayant pour thème "Les choses que vous ne pouvez pas acheter" fait partie du festival d'art Images (au Danemark), qui présente l'art contemporain des pays en développement. En montrant le travail des rappeurs à voix forte, des photographes, des producteurs de films et des musiciens (entre autres), ce festival entend créer un espace d'immersion, de dialogue, de célébrations et de rencontres artistiques, afin de sensibiliser les Danois à la vie dans les pays en développement. Cependant, l'idée n'est pas de se concentrer sur un thème spécifique.
"La mort, la violence et la pauvreté tendent à être des lieux communs lorsqu'il s'agit d'évoquer les pays en développement. Toutefois, avec Images, nous voulons montrer aussi toutes les autres visages de ces pays. Les gens n'y sont pas que tristes et malheureux. Ce sont des personnes normales, dont la vie quotidienne est ponctuée d'expériences et de sentiments multiples, comme tout un chacun," commente Jakob Myschetzky, directeur international du Centre Danois pour la Culture et le Développement, à l'origine de cette exposition.
Stephen Freiheit, qui a voyagé durant de nombreuses années dans les pays d'Asie du Sud-Est, où ses photos ont été prises, a fait très attention à ce que ces dernières représentent bien autre chose que la misère, que les journaux télévisés semblent vouloir nous ressasser tous les soirs.
"La valeur des personnes se résume à autre chose qu'à leurs estomacs vides et leur mauvaise santé. Bien sûr, les problèmes sont bien présents, sans être globaux. Il était important de bien garder cela à l'esprit au moment de la sélection des photos pour l'exposition ayant pour thème "Les choses que vous ne pouvez pas acheter". Il se peut qu'un homme apparaissant sur une de ces photos ait des dents cassées et brunes, mais on ne voit celles-ci que parce qu'il affiche un sourire. L'humour est important aussi. C'est drôle de voir une mère et son enfant courir sous la pluie en se protégeant la tête avec des pots si grands que celle de l'enfant disparaît dedans," explique Stephen Freiheit.
occupy utopia (Occuper l'utopie)
L'édition 2013 du festival Images est la huitième du genre. Chacune est consacrée à un thème différent. Celui de cette année était intitulé Occupy Utopia (Occuper l'utopie).
"Pour de nombreux artistes participant à ce festival, le Danemark est une sorte d'utopie sur les plans matériel et politique. En présentant l'art qui existe dans les pays en développement, nous permettons à ces artistes d'occuper le Danemark et l'esprit des Danois. Un débat est alors ouvert, dont la question centrale est la suivante: Quel est l'endroit idéal ?", poursuit Jakob Myschetzky.
Le thème "Occupez l'utopie" correspond très bien aussi à celui de l'exposition, "Les choses que vous ne pouvez pas acheter". Cependant, au lieu de laisser les visiteurs se reposer en interprétant ce qui est visible, Stephen Freiheit ainsi que les jeunes photographes qui font partie de l'aventure obligent les différents publics à réfléchir, en retournant ces questions dans tous les sens.
"Ce thème de l'utopie marche dans les deux sens. Au Danemark, tout scintille et tout clignote. Nous avons des richesses matérielles que les gens qui viennent des pays ayant contribué à cette exposition ne pourront jamais acquérir – parce qu'ils n'ont pas d'argent. En tant qu'Occidentaux, nous avons tendance à croire que nous possédons tout. Mais de nombreux habitants des pays en voie de développement ont des choses que nous ne pouvons pas acheter avec de l'argent. Grâce à cette exposition, nous pouvons, par conséquent, découvrir en profondeur la croyance spirituelle des gens de ces pays, leur compréhension de la nature ainsi que leur conscience mentale", explique Stephen Freiheit.
Parce que les jeunes sont et créent l'avenir de l'humanité
"Ils en ont la volonté. Ils en sont conscients. Plus important encore, leur engagement est là." Le projet "Les choses que vous ne pouvez pas acheter avec de l'argent" se concentre fortement sur les jeunes gens. Tant devant que derrière les appareils photos, ce sont bien de jeunes mains qui, par leur travail, ont largement contribué à la conception de cette exposition. Pour quelles raisons ? Stephen Freiheit explique que le désir de changement et d'engagement dans le combat en faveur du développement est particulièrement fort chez les jeunes des pays en voie de développement. Ceci est également le cas des jeunes photographes de ce festival.
"Les jeunes artistes qui viennent des pays en voie de développement n'ont pas de bonnes chances de pouvoir exposer leurs oeuvres et ne sont pas encouragés à poursuivre une carrière de photographe. Malgré tout, nous avons reçu des images de centaines de jeunes qui ont tous montré un grand engagement. Ils veulent développer l'éducation, garantir de meilleures conditions de travail, changer quelque chose. Une adolescente de 14 ans venant du Myanmar m'a envoyé une image relativement petite, et je sais combien il lui a été difficile, voire impossible, de télécharger ce fichier même si l'image n'était pas si grande que ça. Cette jeune fille a dû recommencer la même manoeuvre, encore et encore. Il est surprenant de rencontrer des personnes ainsi engagées, et l'image envoyée par cette jeune fille a tout naturellement été inscrite au programme de cette exposition," souligne Stephen Freiheit.
Translated from Denmark's images festival: artists from developing countries occupy utopia