[fre] Attentats: la peur est mauvaise conseillère
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Julien Rochard[Opinion] Paris, Bruxelles, Istanbul, Ankara – la série d'attentats qui a eu lieu ces derniers mois a laissé des traces. Cela a instauré un climat de stress, d'incertitude et de peur. Et pourtant, nous devrions nous soustraire à cette dernière qui demeure l'arme absolue de ceux qui sèment la terreur.
Quelques jours après les attentats de Bruxelles en Mars 2016, j'ai appelé une amie. Elle a tout juste 20 ans, est ouverte sur le monde et a étudié à l'étranger. Lorsque des partisans d'extrême-droite ont manifesté dans sa ville, nous sommes allées ensemble à la contre-manifestation, avec des banderoles multicolores, en prônant la diversité et la tolérance. Durant nos conversations, nous avons inévitablement parlé de Bruxelles. Cela l'a quelque peu refroidie, et a affirmé qu'elle avait des craintes en prenant le train ou ne se sentait pas forcément à l'aise lorsqu'elle croisait un groupe de jeunes d'origine musulmane. Bien évidémment, dit-elle, elle est consciente que de tels sentiments ne sont pas légitimes et a donc essayé de les réprimer – sans grand succès. Je ne savais pas au départ, ce que je devais dire. D'un côté, parce que j'étudie au Danemark, où vivent, en raison d'une politique d'immigration stricte, très peu de migrants en comparaison avec l'Allemagne – faut vraiment bien chercher pour tomber sur un groupe de jeunes musulmans. D'un autre côté, je peux comprendre le malaise diffus, même si je ne le ressens pas de la même façon. Quoiqu'il en soit, ce n'est nullement l'exception. Bon nombre de mes amis et de mes connaissances se sont exprimés sur la sécurité. La terreur atteint lentement mais sûrement son but perfide: elle sème la peur. Cette peur qui, lentement mais sûrement, menace de nous paralyser.
Quelques semaines après, je me retrouve avec des camarades dans un bar sympa à Aarhus, au Danemark. Nous parlons de Dieu et du monde, je leur parle de mon amie et de son malaise. Et puis, je veux savoir: Et vous, au fait? Avez-vous peur? Non, pas ici. Pas à Aarhus. Un bref silence. Mais chez elle, raconte une Berlinoise, lorsqu'elle était assise dans le train durant les vacances de Pâques, là-bas elle a ressenti un mal-être l'espace d'un instant. Pour la toute première fois.
Cette insécurité, peut-être un phénomène temporaire, qui se reflète momentanément dans mon environnement personnel. Mais une chose est sûre, c'est que tant qu'il y aura constamment des attentats terroristes en Europe, la méfiance et la peur ne s'estompera pas, au contraire. D'après l'ARD, groupe de radio et de télévision allemande, la grande majorité des allemands approuve des mesures de sécurité plus sévères à long terme. C'est tout à fait compréhensible, après les critiques adressées aux autorités de sécurité belges après les attentats en mars. Mais d'une manière générale, il y a quelque chose de toujours vrai: la peur est mauvaise conseillère.
Il est vrai que la peur peut être utile – elle nous amène à rester prudent et à réagir vite dans des situations délicates. Toutefois, lorsque nous la laissons prendre le dessus, elle nous empêche de penser de façon rationnelle. En Allemagne, enfin, dans toute l'Europe, le risque de perdre la vie dans un attentat est bien plus faible contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent penser – le journaliste suisse, Constantin Seibt, écrit que rien qu'en Allemagne, plus de 500 personnes décèderaient chaque année à cause des arêtes de poisson. Aussi, cette dernière statistique est très loin de provoquer une panique générale. C'est de cette manière que nous devrions nous comporter avec la terreur et garder la tête froide. C'est ce que confirme le psychologue Borwin Bandelow dans son interview avec le journal ZEIT Online: „ Néanmoins, il vaut mieux sortir de chez soi, autrement nous ne faisons qu'augmenter notre stress et nos inquiétudes.“ Donc – il faut aller à l'Euro 2016, prendre l'avion, rire et s'amuser. Et pouvoir ainsi braver l'arme la plus dangereuse des terroristes: la peur.
Translated from Terroranschläge: Angst ist ein schlechter Ratgeber