[fre] Art – A Haunt in a Transitional Society
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Yohann HeliasLe 9 août 2015, une usine désaffectée a été ré-ouverte dans une petite ville située au centre de la Bosnie-Herzégovine. Après des années d'oubli, la ré-ouverture a été rendue possible grâce au travail de trois jeunes hommes. Ils ne sont ni entrepreneurs, ni économistes, ni avocats, mais artistes. Le collectif H.A.D a eu l'audace d'ouvrir une innovante exposition de street art.
Le 9 août 2015, une usine désaffectée a été ré-ouverte dans une petite ville située au centre de la Bosnie-Herzégovine. Après des années d'oubli, la ré-ouverture a été rendue possible grâce au travail de trois jeunes hommes. Ils ne sont ni entrepreneurs, ni économistes, ni avocats, mais artistes. Le collectif H.A.D a eu l'audace d'ouvrir une innovante exposition de street art.
À la base, cette exposition ne devait se tenir que pour une nuit. Seulement quarante personnes environ étaient attendues. Elle était censée n'être qu'une activité de clôture du festival artistique et créatif Many Men Show.
En réalité, ce sont plus de 200 personnes qui se sont réunies à la cérémonie d'ouverture, amenant l'exposition à rester ouverte au public pendant cinq nuits et à attirer l'attention des médias.
Mais pourquoi ?
Dans un pays où la culture fut marginalisée pendant des années et où la jeunesse est considérée comme docile, passive et silencieuse, l'ampleur du succès de cette exposition relève du miracle. En particulier si l'on prend en compte le fait qu'elle ait eu lieu dans une petite ville. La clé du succès est une heureuse combinaison de trois différents caractères ne faisant qu'un. Leur coopération commença le 16 mai 2015, lors d'une exposition qui prit place au musée local, pour la Nuit européenne des musées. C'est à ce moment-là que Mohammed Hamo Bešlagić (étudiant en architecture), Anel Lepić (peintre) et Damir Sarač (artiste de street art) décidèrent de créer ensemble.
La première œuvre signée H.A.D fut créée le 15 juin 2015. Ils ont fait de cette usine abandonnée un lieu où ils pourraient expérimenter et parfaire leur vision, avant de porter leur art dans la rue.
Toutefois, plus le temps passe, plus le potentiel du lieu leur apparaît. On pourrait même affirmer que l'usine a façonné leur expression autant qu'eux-mêmes ont créé l'usine.
« Nous nous sommes créés une nouvelle liberté. Peu de temps après avoir commencé à travailler ici, nous nous sommes rendus compte que nous nous sentions réellement libre seulement quand nous travaillons dans l'usine. Nous ne sommes pas autant libres lorsque nous nous promenons dans les rues de notre ville », déclare Damir.
Leur combinaison unique de compétences professionnelles peut sembler originale lorsqu'il s'agit de choisir quelle technique utiliser pour exprimer leur vision. Ainsi naquit walcut. Walcut est une nouvelle forme de street art basée sur les méthodes traditionnelles du relief et du sgraffite. Pour les membres du collectif H.A.D, les murs délabrés et oubliés de l'usine étaient des toiles qui leur ont donné envie de créer une nouvelle vie à coups de marteaux, de burins, de scalpels et autres outils. Le concept de leur œuvre est la dématérialisation, en parallèle au système oppressif dans lequel nous vivons.
« La situation en Bosnie-Herzégovine pousse chaque individu à s'évader dans son propre monde imaginaire. Chacun créé son univers personnel où l'évasion est possible. Nous avons créé le nôtre et avons incité les gens à le visiter », affirme Anel.
Aujourd'hui, ce type d'approche révolutionnaire montre à tout un chacun que chaque individu peut apporter un changement dans n'importe quel aspect de la société et de la vie. Elle souligne l'importance de la création par la collaboration, pour arrêter l'aliénation que subit la société. Grâce à leur travail, ils ont pu prouvé qu'on est plus fort à trois que seul. Leur approche est aussi basée sur l'art conceptuel et le désir d'enrichir l'esprit de tous les visiteurs en sollicitant tous leurs sens. Une manière de se différencier des formes d'art purement visuelles.
Leur travail ne s'arrêtera pas là : « Nos objectifs futurs sont de propager notre travail dans les autres villes de notre pays, de travailler sur des murs en extérieur et de rendre nos œuvres visibles à tout le monde », déclare Mohammed. Le rêve est de faire de l'usine désaffectée, où ils commencèrent à travailler, une galerie d'art contemporain, qui sera ouverte, si possible, au grand public.
Le succès de leur exposition est-il réellement une surprise ? Ou est-ce simplement une preuve que les gens ont besoin et valorise l'art, même au sein d'une société en transition, avec un niveau de vie inférieur, quand celui-ci est présenté et créé avec un message clair et fort, auquel tout le monde peut comprendre et s'identifier.
Edited by: Stefan Alijevikj
Original article here
Translated from Art – A Haunt in a Transitional Society