[fre] Aramburu : « La peur n’a pas déterminé mon œuvre »
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Léna SEGUY-LOUBRADOUFernando Aramburu presentó su novela en el Instituto Cervantes de Bruselas el pasado 27 de septiembre, acompañado por la eurodiputada de UPyD Maite Pagazaurtundúa, presidenta de la Asociación Víctimas del Terrorismo entre 2005 y 2012. Patria ha sido el libro más vendido en España de 2017, con más de 145.000 ejemplares hasta la fecha.
Le succès de Patria ne s’est pas fait en un jour. De fait, Fernando Aramburu reconnaît que son roman, qui retrace la vie de la famille d’une victime du groupe terroriste ETA, n’a pas eu beaucoup de succès au Pays basque dans un premier temps.
C’est devant une salle pleine à craquer de l’Institut Cervantes de Bruxelles, où plus de cent personnes l’écoutent attentivement, que s’exprime le phénomène littéraire de l’année. Aramburu n’a pas l’allure d’un phénomène littéraire mais plutôt celle d’un homme simple à tel point que, dans le public, on lui demande même de relever la tête pour mieux pouvoir l’entendre.
« J’étais loin de m’imaginer le phénomène », explique-t-il. Il est vrai que la publication de Patria aurait pu être difficile à digérer pour la société basque, six ans seulement après l’interruption définitive de l’action armée. « Le livre a provoqué un débat au Pays Basque. Certaines personnes n’étaient pas d’accord », explique Aramburu. Malgré cela, il soutient que la peur n’a pas déterminé son œuvre et que, s’il s’est aventuré sur ce sujet, c’est parce qu’il est important de « dire clairement ce qu’on pense, n’en déplaise à certains ».
Pagazaurtundúa, originaire de Saint-Sébastien, explique que toutes les librairies de la ville n’ont pas misé sur la vente du roman lors de sa publication en septembre 2016, attitude qui a évolué à mesure que le phénomène Patria gagnait le reste du pays : « il y a eu un tsunami qui a renversé l’idée, encore présente à Saint-Sébastien, qu’on peut cacher certains auteurs », commente la députée européenne.
Patria « a été un succès dans les salons de coiffure », conclut fièrement Aramburu. A tel point que, comparé au bouche-à-oreille, la publicité a joué un rôle minime dans la promotion du livre. Les recommandations par des personnalités publiques, comme le basketteur de la NBA Pau Gasol, ont fini par propulser les ventes.
Trois années de construction et une vie de préparation
Le conflit de l’ETA n’est pas un sujet anodin et c’est pourquoi Aramburu ne l’avait pas traité jusqu’alors : « Pendant des années, je ne savais pas comment aborder sur le plan littéraire [le thème du terrorisme au Pays basque], admet-il. L’auteur de Patria explique que ce roman est le fruit de son évolution littéraire tout au long de sa carrière, puisqu’il y utilise des procédés déjà mis en pratique dans ses travaux antérieurs, notamment dans Ávidas Pretensiones (« Avides prétentions ») et Los Peces de la Amargura (« Les Poissons de l’amertume »)
Parmi ces procédés, on retrouve les mots séparés par une barre oblique (par exemple « olvidar/pasar » (« oublier/passer »)) ou l’introduction du participe actif, peu courant en espagnol, comme dans la phrase « Bittori, mascante de carne, abrió la puerta » (que l’on pourrait traduire par « Bittori, mâcheur de viande, ouvrit la porte »).
Trois années de travail, auxquelles on ajoute l’introduction de formules innovantes dans la langue espagnole, ainsi qu’un reflet exact de la façon de parler et d’agir des Basques ; tout cela donne au livre un halo de réalisme difficile à égaler.
« Le type de familles et le langage en Euskadi – le nom du Pays Basque espagnol –contribuent au fait que les émotions ne soient pas exprimées avec beaucoup de facilité », explique Pagazaurtundúa. Ce sont les femmes qui « découpent la morue » - selon une expression espagnole dont l’équivalent serait « faire la pluie et le beau temps » - et il existe un grand sens du devoir, qui fait que les Basques excellent pour le travail en équipe et sont très disciplinés. Si cela est utilisé à mauvais escient, on obtient un groupe de fanatiques, précise Pagazaurtundúa.
Le succès d'Aramburu est tel que le roman est sur le point d'être traduit en plusieurs langues, et la chaîne HBO Espagne s'apprête à produire une série télévisée adaptée du roman. Reste à savoir si la production audiovisuelle parviendra à s'approcher du succès littéraire d'Aramburu.
Translated from Aramburu: “El miedo no ha determinado mi obra”