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Foot anglais : la formidable ascension de Leicester

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Salvatrice SANDER

On pourrait dire, si on voulait passer pour de brillants auteurs de citations, « qu'ils existent des histoires qui n'existent pas ». «Fige-toi instant, tu es beau ! ». C'est ainsi qu'au sein du championnat anglais de foot, Vardy, Ranieri, Mahrez, Huth, les supporters des Leicester etc., écrivent l'histoire sportive de l'année. Résumé d'un miracle. 

Quand une équipe nouvellement promue en Premier League, la prestigieuse division de football anglaise, arrive 15ème après une saison difficile, sa seule obession est : penser à programmer le maintien de l'année suivante.

Cet été, un choix surprend tout le monde : le club de Leicester décide d'écarter monsieur Nigel Pearson, auteur de la double promotion en League One, en passant par le Championnat (la seconde division anglaise). Le football club de la principale ville des East Midlands a, en effet, réintégré rapidement la division à laquelle elle appartient (48 saisons en première division et une seconde place en 1929), après une seule année de purgatoire en troisième division. Les propriétaires thaïlandais du club, leaders multimillionnaires sur le marché du duty free avec leur KingPower, décident toutefois de confier le banc de touche à un entraîneur italien qui a fait ses preuves.

Le petit vieux qui n'a rien gagné

En juillet 2015, le nouveau coach est annoncé : Claudio Ranieri, déjà passé par Chelsea, Parme, la Juventus, l'Inter, Rome, Monaco et d'autres. Il a récemment coaché l'équipe nationale grecque, obtenant de mauvais résultats. Tony Cottee ex-attaquant des blues de Leicester, à cheval entre deux siècles, déclare, à la presse locale, que la décision est « une erreur de la part des dirigeants. Il est très risqué de se fier à un entraîneur qui est resté loin de l'Angleterre depuis ces 10 dernières années. En revanche, Pearson aurait apporté une continuité aux bons résultats obtenus au cours de la saison passée ». Jamais un pronostic ne fut plus faux. 

Ranieri a un passé médiatique et technique tumultueux. Son éternelle diatribe contre Josè Mourinho, son rival durant des années au cours desquelles le Portugais était assis sur le banc de l'Inter et Ranieri sur ceux de la  Juventus d'abord et de la Roma ensuite. Accusé par le Special One de « n'avoir jamais appris l'anglais en 4 ans lorsqu'il entraînait Chelsea » et de « n'avoir  gagné que quelques petites coupes » (pour info : une Coupe d'Italie et une Supercoupe avec la Fiorentina en 1996, une Supercoupe d'Europe  en 2004 avec Valence, plus de nombreux classements et trophées mineurs). 

L'entraîneur romain (que l'auteur évoque avec respect compte tenu de ses années de transition noir et blanc post-Calciopoli) eut l'aplomb d'affirmer après ces déclarations :  « [Mourinho] a toujours recours à la provocation parce qu'il cherche à motiver son équipe. Pendant quelque temps, il s'était calmé, mais aujourd'hui il a besoin de motiver ses joueurs parce qu'il fait face à deux matchs très importants. En agissant ainsi, il augmente la tension de ces derniers. Il est très fort, il faut le reconnaître ».

Mourinho est un génie du football. Après cette déclaration, il remporta un certain Triplé pour lequel certains se frottent encore les mains et pansent leurs blessures. Mais Claudio le « Discret » n'est pas « l'incompétent » que beaucoup croyaient. Il attend son heure. Sans doute, son année est-elle arrivée ? « Que la chance nous sourit et au travail », dirait-il.

Le premier match de la Premier League 2015/2016 voit Leicester affronter Sunderland : les patrons à domicile sortent vainqueurs du King Power Stadium, score 4-2. Ranieri motive ses joueurs en leur faisant écouter « Fire » des Kasabian dans les vestiaires. Mourinho a également à redire sur cette trouvaille et commente : « Si je faisais voir Gladiateur à mes joueurs, on me prendrait pour un imbécile ». 

Le début de saison est merveilleux. Trois victoires et trois matchs nuls entre août et septembre. Ainsi, on obtient un classement étonnement calme au mois de septembre. Leicester doit affronter, à domicile, Arsenal d'Arsène Wenger, qui, comme chaque année, commence très fort la première partie de saison. On sait ensuite qu'ils s'écrouleront. La victoire des Londoniens est écrasante : 2-5 pour les Gunners.

Mais Leicester, qui a très vite surmonté le choc, entame un nouveau passage positif après sa déculottée. 5 victoires et un match nul obtenus. Ils ne peinent pas quand ils sont en déplacement, accumulent les points, tant à l'extérieur qu'au sein de l'ex-Walkers Stadium. Le 28 novembre, ils jouent et font match nul lors d'un match très difficile face au Manchester United de Van Gaal.

C'mon Vardy, let's go party

On a déjà tant dit sur Jamie Vardy. Ouvrier à 16 ans pour payer ses études, contraint de porter un bracelet électronique durant des mois, maintenu à domicile après une rixe, un passé entre Première division, Excellence et Amateur. Ensuite l'appel de Leicester et son transfert le plus coûteux de l'histoire pour un « amateur » : 1 million de livres versés dans les caisses de Fletwood, après une saison de 34 buts en 42 matchs entre Division 5 et FA Cup. 

Jamie entame le challenge contre les Red Devils avec un objectif qui aurait même agacé Alessandro Matri pour la comparaison, parce qu'il représente, selon moi, le joueur qui se lamente peu. Un professionnel. Il est facile de le faire quand on est à domicile, ensuite tu attends Federica Nargi

Vardy signa le but qui porte à égalité le résultat et lui permet de gravir l'Olympe du football anglais, d'une simplicité désarmante. Facile à raconter et facile à réaliser pour lui. En effet, Jamie a un don particulier, il le confie à Fox Sports UK dans un documentaire  qui lui est consacré. Le match s'achève par 1-1 et Vardy a marqué lors de son 11ème match consécutif. Au total 14 buts. C'est un record.

Il confie aux journalistes anglais la façon dont il a « amélioré seul ses points faibles. Je cours depuis toujours et je sais traverser le terrain au bon moment, c'est mon style. Je cherche à combler mes lacunes. Mais je ne changerai jamais ma façon de jouer ». Ranieri semble avoir perçu le potentiel dévastateur d'un joueur de ce genre : rapide, même très rapide, un géomètre du trois-quart. Il coupe le terrain en diagonales vertigineuses comme s'il avait des règles et des équerres à la place du cerveau. Un sprinter de football américain. Si le ballon se trouve à 3 mètres de lui et à un mètre du défenseur, il sera le 28ème numéro 9 de Sheffield à prendre le ballon. Toujours.

Le vrai neuf

Ses coéquipiers reconnaîssent que Vardy a permis, à tout le monde, d'aborder les matchs plus facilement. Une fois le ballon récupéré (Kanté et Drinkwater sont deux maîtres de cet art « mineur »), il suffit, à ses coéquipiers de lever la tête et de lancer Jamie : peu importe si la passe est imprécise. Il y arrivera. Et s'il est marqué ? Donnez le ballon à Mahrez qui trouvera quelque chose (14, le nombre de buts marqués par l'Algérien cette saison, autre grande révélation de la saison). 

Le 2 février, Leicester est premier au classement devant Manchester City et Arsenal. Il affronte, dans son stade, le légendaire Liverpool, récemment confié à l'allemand Klopp, auteur d'un autre miracle footballistique sur le banc du Borussia Dortmund. Jamie Vardy signe le 17ème et 18ème but de son extraordinaire année. Le premier est un chef-d'oeuvre de force, de dynamisme et d'inconscience. Il tire de 25 mètres après avoir suivi le ballon à une vitesse folle et avoir attendu le bon rebond. Mignolet, le gardien, est battu. Le match s'achève sur un score de 2-0 et Manchester City reste à 3 points d'écart. 

Samedi 6 février, c'est le jour du grand match, le défi décisif pour beaucoup. Si les renards délogeaient le chasseur azur de leur bunker même les bookmakers changeraient d'avis. En début de championnat, Leicester était donné à 5 000 contre 1 comme vainqueur de la Premier League. City était parmi les favoris.

Manuel Pellegrini s'en ira. La venue de  Pep Guardiola a été annoncée pour la saison 2016/2017. L'entraîneur chilien se fie au trident Aguero-Sterling-Silva, soutenu par  Yaya TouréFernandinho et Delph. Une grande équipe qui affronte la méthode bien rôdée du 4-4-2 de Ranieri. À la 15ème minute, les statistiques quant à la possesion du ballon sont impitoyables : 68% contre 32% pour City. Mais, comme vous le savez, le football n'est pas uniquement fait de statistiques. Après 120 secondes d ejeu, en effet,  le le score est débloqué  grâce à l'intervention de Huth, grand diable teuton, ex-défenseur de Chelsea et Stoke et héros des sanctions infligées avec puissance par celui qui a passé son enfance à jouer à PES 5.

En première période, City se montre dangereuse avec un dribble empoisonné de David Silva et ensuite avec un double passement de jambe dans la zone défendue par Schmeichel Jr vers la fin de la première période de jeu. Il réclame justement un penalty pour une faute sur Zabaleta. Au sujet de la sanction qui provient de cette faute, Huth se sacrifie tel un Schwarzenegger quelconque. Leicester s'est montré très dangereux avec ses interventions proverbiales de Drinkwater et Vardy les plus importantes : l'équipe est un ressort, on l'écrase et elle repart entraînant avec elle le centre du terrain du City, balayé par la vitesse des joueurs vêtus de noir.

Pas même le temps de boire un café ou de retirer son pyjama qu'un cri provient de Fox Sports : Mahrez a marqué un très beau but hors zone.  0-2.  Leicester est maître du terrain. City est à la dérive.  À la 60ème minute, Huth marque le 3ème but avec un coup de tête ajusté sur un corner. On exulte jusque dans notre salon. Au moins aujourd'hui, l'histoire aura un dénouement heureux. Pas d'incident, un beau marquage (même si hors-jeu) de Kun Aguero. Nous sommes à la 80ème minute du match, il n'y a plus rien à dire. Excepté que le numéro 3 allemand Fuchs tente des dribbles comme s'il était Dani Alves, et Jamie Vardy réagit aux sifflets du public à domicile, après avoir raté un but pour la seconde fois. 

City sort ses griffes vers la fin, d'ailleurs l'équipe est forte. Mais Leicester, qui est simplement une merveille, résiste. 6 points d'avance, et maintenant une autre marche Arsenal, la plus difficile.

En ce qui concerne l'Etihad Stadium, on a tout dit. De l'histoire de Vardy et de Ranieri, nous espérons pouvoir vous en reparler plus tard, comme lorsque Leicester remporta son premier championnat anglais envers et contre tous.

Translated from Storie di sport: il Leicester vola all'Etihad Stadium