Foc ou phoque ?
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Papillon ou petite Marie, les métaphores incongrues pour désigner les gays fleurissent en Europe.
L'anglais ‘queer’ provient d'abord d’une vieille expression allemande ‘quer’ pour ‘oblique’. Par opposition, les hétérosexuels sont eux dits ‘straight’, un mot qui signifiait d'abord ‘droit’ avant de sous-entendre ‘coincé’. On a les vices qu'on peut. Plus imaginatifs, les homosexuels espagnols ont détourné une expression qui était d'abord une insulte. Ils ont ainsi pris l’habitude de se surnommer entre eux ‘papillon’ [« mariposa»]. Mais le terme principal pour désigner les homosexuels, «maricon», vient lui de « mariquita» pour 'petite Marie' [le prénom typique des femmes en Espagne]. Dans la péninsule ibérique, il arrive aussi que l’on dise d'un homme gay qu'il est ‘plus homo qu'un pigeon boîteux’ [«mas maricon que un palomo cojo»].
Toujours très poétiques, les Français eux glissent parfois à propos d’un homme qu'il est « pédé comme un phoque ». Vérification faite : ces chers Pinnipèdes de la banquise ne semblent pas plus enclin aux sauteries gay ou lesbiennes que les autres animaux. D'où vient alors cette comparaison animale ? Peut-être du verbe « phoquer », une expression québécoise, qui désigne la sodomie et dérive directement du cosmopolite « fuck » [baiser]. Ce n'est pourtant pas la seule explication plausible. En langage maritime, le grand foc est une voile prévue sur les bateaux pour prendre le vent... par derrière.
Autre joyeuseté navale : l'expression hexagonale 'à voile et à vapeur' qui désigne une personne dont les goûts multiples la portent à la fois vers les filles et les garçons. Nettement plus pragmatiques, les bisexuels anglais sont réputés jouer pour les deux camps [« play for both teams» ou «bat for both sides »].