Flotille de la liberté : une vague européenne accoste à Gaza
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Alors qu’une flottille internationale de 15 navires devrait prendre la mer cette semaine pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, cafebabel republie un article sur les tenants de l’initiative de « conscience citoyenne ».
Au cours de la deuxième moitié du mois de mai, à une date non précisée, des bateaux venus du monde entier et notamment de pays européens se réuniront à un endroit à déterminer dans la mer méditerranée, pour ensuite repartir tous ensemble vers la bande de Gaza. Des dizaines d’organisations européennes et internationales, regroupées dans la Coalition de la flotille de la liberté pour Gaza, sont à l’origine de ce projet, lancé à l’initiative de la première Freedom Flotilla attaquée par l’armée israélienne dans les eaux internationales le 31 mai 2010. Le message porté par ce rassemblement international est à la fois politique, humanitaire et solidaire. Politique, pour dénoncer et briser le blocus de Gaza et demander le respect du droit international ; humanitaire, pour apporter de l’aide matériel à une population dépourvue des biens de première nécessité ; solidaire, pour montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas seul dans sa souffrance.
« La société civile se prend en main »
Au cœur de cette campagne, il y a une prise de conscience citoyenne : « Nous, citoyens, on se mobilise car les gouvernements ne le font pas, ou dans tous les cas pas assez : c’est maintenant à la société civile de se prendre en main pour faire bouger les choses », lance Maxime Guimberteau, chargé de communication pour Plateforme Palestine, comité qui réunit plusieurs associations et ONG françaises pour la Palestine.
Si la Grèce et la Suède sont les leaders de cette campagne, les deux pays européens ont vite trouvé un formidable écho international. En très peu de temps, presque uniquement grâce à la participation citoyenne, plus de vingt pays ont mis en place une campagne aux rythmes très soutenus dans un seul but : avoir leur bateau national dans la Freedom Flotilla II. Les Canadiens et les Américains ont déjà leur navire, les Turcs réparent celui, très endommagé, qui avait été victime du triste essor de la première flottille. La Malaisie et l’Australie ont rapidement rejoint le projet. En Italie, le bateau portera le nom de Stefano Chiarini, journaliste de Il Manifesto qui avait consacré sa vie à la solidarité aux Palestiniens et à tous les peuples opprimés. L’Espagne, forte de l’adhésion de près de 250 organisations, ainsi que de plusieurs célébrités, prépare le départ de deux bateaux qui puissent loger 200 personnes et 2000 tonnes d’aide humanitaire.
Tour de France pour Gaza
L’Europe est omniprésente avec l’adhésion, en plus des pays déjà cités, de l’Allemagne, la Norvège, la Belgique, l’Ecosse, le Danemark, les Pays-Bas, l’Irlande et la Suisse. Plusieurs instances de travail communes entre les pays européens sont organisées par la Coordination Européenne des Comités pour la Palestine : des réunions de préparation de la deuxième flottille de la liberté ont déjà eu lieu à Madrid, Rome et Athènes.
En France, la mobilisation de la société civile est visible par le succès du Tour de France pour Gaza, organisé du 2 au 26 février pour sensibiliser les citoyens et récolter les fonds nécessaires à l’achat du bateau. Maxime Guimberteau, qui a participé à la première semaine du tour, n’a cessé de s’étonner avec plaisir du soutien des Français : « Partout où on va, on est bien accueillis. Les gens sont sensibles à la cause et nous soutiennent. Nous recueillons environ 20 000 euros par semaine et 85% de cette somme est représentée par les dons des particuliers : à ce rythme, nous pourrons respecter les délais prévus et faire partir le bateau au mois de mai ».
Tunisie, Egypte : signes encourageants
Certes, la situation géopolitique au Moyen Orient et notamment la fin du régime Moubarak en Egypte apporte un nouveau vent d’espoir à la cause palestinienne : « Les Egyptiens et les Tunisiens ont montré le pouvoir révolutionnaire de la société civile, quand elle se mobilise pour ses droits. Ils ont réalisé ce qu’on croyait impossible il y a même pas trois mois », dit Maxime. Pour le succès de la mission de la Freedom Flotilla II aussi, ces circonstances sont encourageantes : « Nous espérons que les changements en Egypte augmenteront la pression sur Israël pour faire passer les bateaux », ajoute-t-il. Cependant, s’il est vrai que la cause palestinienne a revêtu un rôle symbolique entre les pays arabes aujourd’hui en lutte pour la liberté, la charte de la Freedom Flotilla II affirme dans ses premières lignes qu’elle ne sera là que pour demander « le respect de droits de chaque être humain, indépendamment de son identité et sexe, nationalité, citoyenneté, religion ou langue ». Pas question, donc, de rechercher un soutien particulier parmi les sympathisants des revendications « arabes ».
Le résultat de la croisade humanitaire est encore incertain, mais elle peut déjà se targuer d'une première victoire : femmes et hommes européennes de cultures et croyances politiques diverses se sont réunis autour d'une cause, pour refuser la défaillance des gouvernements et les faibles résultats de l’action de l’Union Européenne sur la question palestinienne. « On est tous ensemble, européens, mobilisés contre le blocus », conclut Maxime.
Pour soutenir l’initiative « un bateau français pour Gaza », visitez le site officiel de la campagne.
Photo : Une : (cc)http://edo.medicks.net/flickr ; opération petit navire : courtoisie de Plateforme Palestine ; Freedom Flotilla : (cc)freegazaorg/flickr