Filer à l’anglaise
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Le Belge mange des frites, l’Espagnol festoie et l’Italien drague… L’Europe des stéréotypes se retrouve aussi dans les expressions quotidiennes.
Quand quelqu’un part sans prévenir, un peu en cachette, on dit en allemand (« sich auf Französisch empfehlen »), en anglais (« to take french leave ») et en espagnol (« despedirse a la francesa ») qu’il file « à la française ». Une expression qui remonte au 18e siècle lorsqu’il était de coutume, en France, de quitter une fête sans saluer son hôte. En français, peut-être par riposte langagière, on dit « filer à l’anglaise », de même chez les Italiens (« filarsela all'inglese ») et les Polonais (« wyjśc po angielsku »).
Les Anglais en prennent pour leur grade en Allemagne, où l’on utilise l’expression « Englisch einkaufen » (« faire du shopping à l’anglaise »), à savoir, se servir sans payer. Une expression déjà utilisée à l’époque coloniale, au 18e et 19e siècle… Mais les Allemands aussi se sont visiblement créés une réputation en France : au 17e siècle, on parlait d’une « querelle d’Allemands » pour désigner une dispute sans raison sérieuse. En anglais, l’expression « spanish practices » indique des pratiques irrégulières dans le milieu du travail. Politiquement incorrect pour certains, l’expression se réfèrerait aux traitements punitifs infligés par l’Inquisition espagnole.
Si les Français ont plutôt la réputation d’être des gens distingués, les Anglais font référence à eux lorsqu’ils s’excusent pour leur langage trivial : « Excuse my french ! », disent-ils (« excusez mon français »). Cette tournure daterait du 11e siècle, lors de la conquête de l’Angleterre par les Normands. Pour ces envahisseurs français, le langage anglo-saxon était considéré comme vulgaire, rustre. Formule ironique, « excusez mon français » était en fait une manière de s’excuser d’utiliser le vocabulaire anglo-saxon à la place de l’élégant français. D’autres affirment que l’expression s’est développée au 19e alors que les Français passaient pour des obsédés du sexe et de la pornographie… Ces derniers pourront toujours leur répondre d’« aller se faire voir chez les Grecs », une expression française peu délicate liée à la révolue réputation pédéraste des Grecs…
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