Fiamma Luzzati : les aventures d’une Italienne à Paris
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Fiamma Luzzati est arrivée à Paris il y a environ 5 ans de cela pour y « trouver sa voie ». Aujourd’hui bien intégrée, elle nous raconte sa passion pour la BD qu’elle partage grâce à ses deux blogs : l’Avventura, racontant la vie d’une Italienne à Paris et Il Premier, une BD retraçant la vie d’un Premier ministre qui rappelle curieusement un certain Silvio Berlusconi… Rencontre.
Fiamma Luzzati c’est d’abord une femme aux cheveux bouclés et au petit nez pointu. Son personnage, présent dans les deux blogs, évolue dans des histoires différentes mais reste le même. Souvent observatrice, Fiamma est curieuse et interroge plusieurs types de situation. Dans l’Avventura, vous la suivez dans des scènes de la vie quotidienne, ou en pleine discussion avec ses amies. Tandis que dans Il Premier, son deuxième blog, Fiamma endosse le rôle d’une journaliste fraîchement embauchée dans une gazette dont le tout nouvel actionnaire majoritaire est le groupe du Premier ministre italien, Tassoni. Elle en vient rapidement à travailler sur le Gynéthéon, un genre de Panthéon destiné à « célébrer la femme». Une idée assez curieuse tout comme l’homme qui en est à l’origine, le même Tassoni, dont les traits ne sont pas sans rappeler ceux de Silvio Berlusconi.
Mais qui se cache derrière Fiamma ?
Une chose est sûre, on peinerait à présenter qui se cache derrière l’auteure. Alors que nous étions à deux doigts de découvrir qui elle était, elle avoue vouloir garder son identité secrète et rester sous le pseudonyme de Fiamma Luzzati. Pourtant, Fiamma papote. Beaucoup. Elle veut simplement « rester libre de s’exprimer ». D’ailleurs, ce qui lui plait dans ses histoires, c’est qu’elles sont « tra finzione e realtà » (« entre fiction et réalité »), ce qu’elle veut protéger. Sans avoir à lui poser aucune question, elle raconte progressivement ses débuts et comment elle en est arrivée à faire des vignettes de BD pour un blog de Libération, en France. À dire vrai, tout n’a pas toujours été très simple pour elle. Lorsqu’elle était encore en Italie, Fiamma s’est essayée aux livres pour enfants dont certains ont été publiés (mais pas sous le pseudonyme de Fiamma) et aux livres pour adultes. Elle se cherche. Ne parvenant pas complètement à trouver sa voie et aussi un peu « nauseata del paese » (« dégoûtée de la situation en Italie ») elle décide de partir pour la France où elle espère trouver davantage de débouchés. « Je trouve qu’il est plus facile de publier en France. En Italie, le marché est un peu bouché, surtout pour la bande dessinée. Les Italiens n’apprécient pas trop les BD. »
« Le récit de mon arrivée à Paris n’est que prétexte pour raconter, sensations, aventures, impressions vécus et imaginés par une femme partagée entre l'Italie et la France »
Arrivée à Paris, Fiamma propose d’abord quelques vignettes. « J’ai commencé par proposer un livre entier sur Berlusconi, satirique et divertissant. Puis l’idée m’est venue de raconter "le débarquement à Paris", ce n’étaitqu’un prétexte pour raconter les aventures, les impressions, les sensations d'une femme partagée entre l'Italie et la France et au début de son l’immersion dans la vie parisienne. » Son intégration a donc eu une certaine influence sur son travail : « Paris n’est pas une ville dans laquelle il est facile de s’intégrer, à la différence de Barcelone ou de Rome par exemple. Au début, je gardais un pied entre Paris et Rome, faisant souvent l’aller-retour. Et, parallèlement à mon intégration progressive dans la capitale, je redoublais d’effort pour écrire en français. Arrivée où j’en suis il n’est plus question pour moi de quitter Paris. »
Aujourd’hui, elle fait tout à la main puis scanne ses vignettes, elle semble avoir trouvé son rythme et une certaine stabilité. Pour autant, tout n’est pas rose : « J’aimerais beaucoup vivre exclusivement de la BD même si pour l’instant ce n’est pas possible. » Du coup elle fait aussi quelques traductions à côté. Mais les choses peuvent encore évoluer pour elle, et l’idée lui plaît. Tout rassembler et faire une BD papier ou numérique : pourquoi pas ! Elle n’est pas non plus contre l’idée de sortir ses BD en version italienne. Une version italienne ? Mais ses lecteurs ne sont-ils pas français ? Pas toujours : « Curieusement il y a pas mal d’Italiens qui viennent sur Libé et tombent sur mon blog. A Paris notamment il y a une importante communauté italienne. » Peut-être y retrouvent-ils des aventures qu’ils ont déjà vécues. En tout cas, il faut quand même le faire, une Italienne lue par des Italiens en français.
« J’ai beaucoup de contact avec mes lecteurs, ce sont surtout des hommes qui laissent des commentaires »
Mais ce qui compte aujourd’hui, c’est que ses blogs aient du succès : « Je suis moi-même surprise de voir combien je suis suivie », avoue-t-elle. Et ce n’est pas qu’une histoire de like. « Beaucoup laissent des commentaires et surtout des hommes ! » Oh, bien entendu il y a aussi des commentaires négatifs : « On critique parfois une certaine ambiance bourgeoise dans mes vignettes. C’est vrai que je m’en sers, mais c’est pour me moquer. » Fiamma ne s’offusque pas de ces critiques, ça fait partie du jeu.
Finalement, savoir comment se nomme la dessinatrice de Fiamma importe peu. Ce qu’on peut vous dire, c’est qu’elle est simple, accessible et qu’elle a le sens de l’humour. C’est déjà un bon début. Pour le reste, à vous de le découvrir.
Photos et dessins © Fiamma Luzzati.