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Femmes de l'ombre et de la lumière

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Lorelei

Presse à la grecque

Revoici le 8 mars, et la Journée mondiale de la femme. Peu d'exploitation très visible du thème ce week-end dans la presse grecque en ligne, plus préoccupée par l'augmentation de la criminalité dans le pays, la gestion de la crise financière et celle des remous politiques qui n'en finissent plus.

Tout de même, pour illuminer la grisaille des perspectives grecques actuelles, le ministre des Transports a eu une idée géniale (et qui a donné lieu au seul article polémique trouvé sur le Net hellénophone): en ce 8 mars 2009, l'ensemble du beau sexe pourra se déplacer gratuitement en transports en commun afin que « soit reconnue sa contribution à la société ». Dans Kathimerini, Tassoula Karaïskakis voit ça comme une provocation. Elle rappelle le douloureux sujet des salaires, que la généreuse gratuité dominicale et ponctuelle des transports urbains grecs ne saurait apaiser: en Grèce, les femmes perçoivent en moyenne un salaire de 21% inférieur à celui des hommes. Elle préfère considérer les deux sexes dans un concept plus globalisant, celui de l'individu, dont bon nombre des problèmes actuels vient des problèmes irrésolus des sociétés dans lesquelles ils vivent: liberté, justice, démocratie, cohésion sociale. Le féminisme, qui sépare radicalement les deux sexes, n'a fait selon elle que servir les structures patriarcales et les discriminations, au lieu de les détruire.

Cette union du masculin et du féminin est soulignée dans l'hommage rendu à Mélina Mercouri dans les colonnes d'Eleftheros Typos, à l'occasion des quinze ans de sa mort et de cette journée féminine. Un vibrant éloge formulé par des personnalités (hommes et femmes) du monde artistique qui célèbrent le caractère paradoxal d'« une femme qui était aussi un homme » et dont plusieurs soulignent « l'érotisme ». C'est donc un curieux mélange des genres en une seule femme qui est mis en lumière dans ces cinq petites interviews, où l'on constate aussi combien on investit la femme qu'elle incarnait d'une influence sur la société grecque: Stephania Goulioti regrette: « Aujourd'hui, s'il y avait ne serait-ce que dix femmes aussi originales qu'elle, la société serait différente », alors que l'écrivain Petros Tatsopoulos s'enthousiasme: « Son mode de vie, à l'époque, n'était pas celui de la femme grecque typique. Aujourd'hui on peut voir des dizaines de Mélina. La nouvelle génération rappelle la Mélina d'alors. »

Loin de cette icône lumineuse, le journal Ethnos consacre un article aux « femmes silencieuses de Yorgos », c'est-à-dire les femmes qui oeuvrent dans l'ombre du secrétaire général du parti socialiste grec, Yorgos Papandréou. On y apprend que ce dernier a placé à des postes-clés du parti des femmes « discrètes, mais qui jouent un rôle déterminant dans le nouvel Etat-major du parti ». Celles qui sont présentées ici sont archi-diplômées, ont derrière ou devant elles des carrières brillantes. Aucune d'entre elles ne prétend à être réellement au pouvoir malgré leurs compétences et expériences en économie, finances, développement durable... Paulina Lampsa, Tina Birbili (qu'on soupçonne être la rédactrice des discours du chef des socialistes grecs), Efi Chalatsi, Dina Lazari sont des noms connus surtout des cercles dirigeants du parti, mais qui s'effacent délibérément quand il s'agit pour celles qui les portent d'être mises en valeur dans les médias. Leur rôle est plutôt celui de conseillères de choc, en qui Yorgos Papandréou accorde une grande confiance. Le PaSok aura l'occasion de confirmer peut-être dans les mois à venir la justesse du fameux refrain selon lequel « la femme est l'avenir de l'homme »...

Mais la femme grecque n'est pas l'avenir de l'Internet, si l'on en croit les résultats d'une enquête présentée dans Ta Nea à l'occasion de cette journée de la femme. Si 46% des hommes grecs interrogés utilisent Internet, les femmes ne sont que 32% à l'utiliser. Evidemment, une analyse plus fine des réponses fait apparaître des différences énormes entre le lieu de résidence des femmes en question, et leur âge, Mais c'est globalement beaucoup moins que la moyenne européenne.

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