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Faire du lobbying pour le bien commun

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Cafébabel

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Enfonçons les portes ouvertes: les jeunes ne se sentent pas représentés dans le monde politique. Ce qui est contradictoire et équivaut à se tirer une balle dans le pied, d’autant plus que des jeunes activistes partout dans le monde tentent déjà de sauver notre monde bien mal en point. Pour notre second papier GenerAction, ONE Youth Ambassador Sanskruti Ghosalkar explique comment le lobbying citoyen peut contribuer à rendre nos démocraties plus représentatives, responsables, et être force de propositions dans la recherche de solutions aux défis mondiaux.

Le mot lobbying est souvent synonyme dans nos têtes d’un jeu de pouvoir réservé aux riches et aux puissants. Et "Bruxelles", la capitale belge où sont basées les institutions européennes, est au carrefour de la politique européenne, et donc abrite des milliers de groupes de pression (plus de 7 000 selon le registre de transparence de l'UE) représentant une myriade d'intérêts qui vont de l'intelligence artificielle aux secteurs de l'énergie.

Mais le lobbying n'est pas seulement pour défendre des intérêts privés. Les citoyens ordinaires, en particulier les jeunes activistes, peuvent s’en emparer pour interpeller les dirigeants et faire pression pour une gouvernance des politiques publiques plus efficace. Par exemple, en tant que jeunes activistes de la campagne ONE en Belgique, nous faisons pression sur les députés européens pour un financement équitable du Global Fund, un partenariat mondial pour lutter contre les épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme.

Cette campagne de plaidoyer nous donne du sens et des moyens d’action, même si la gestion de ce fonds est un processus complexe. Mais nous pensons qu'avec cet exercice, le lobbying citoyen est un outil efficace pour dialoguer avec les législateurs. C’est un strapontin pour les citoyens d'avoir un accès direct aux décideurs et d'exprimer leurs points de vue.

Il permet aux citoyens ordinaires de façonner les politiques publiques, même si la politique est devenue de plus en plus professionnalisée. Elle renforce la capacité organisationnelle des communautés et donne aux individus les moyens de s'engager pour la collectivité.

Il facilite la capacité des représentants du gouvernement à prendre en compte les sentiments du public, en particulier ceux des marginalisés. Le lobbying citoyen démocratise l'influence et garantit la représentation d'un large éventail d'opinions. En représentant les intérêts publics collectifs, il pousse l'élaboration des politiques publiques à être plus inclusive.

Comment le lobbying citoyen peut reconstruire la confiance politique et civique

En s’engageant, par le lobbying, pour des causes qui les passionnent, les citoyens peuvent s'assurer que la démocratie reste participative et représentative.

Cependant, le lobbying citoyen signifie également plaider pour un strict encadrement du secteur. Le lobbying incontrôlé a été entaché par une influence politique disproportionnée des intérêts commerciaux. Et le va-et-vient de certaines carrières de fonctionnaires entre le secteur public et des intérêts privés – une pratique connue sous le nom de “portes tournantes” – alimente le cynisme et peine à préserver l'intégrité des institutions publiques.

Pour que le lobbying soit le garant de l'engagement des citoyens, il a besoin d'une plus grande transparence et d'une responsabilité publique encadré par un code d'éthique.

Le lobbying devrait être un moyen de capter diverses voix pour l'intérêt public, et non d'engendrer une population frustrée. La confiance est donc un creuset sur lequel reposent la légitimité et la durabilité des systèmes politiques. Des efforts concertés doivent être déployés pour combler ce déficit de confiance et tenir les dirigeants responsables de leurs promesses et du serment fait d'agir dans l'intérêt public.

Jeunes et téméraires

Les jeunes aspirent à jouer activement leur rôle dans l’espace démocratique et civique.

Ils se sentent sous-représentés et victimes d'un fossé générationnel. Les élus sont souvent plus âgés et n'entendent pas leurs griefs. Souvent, ils ne se sentent pas reconnus et sont parfois rabaissés.

Dites ce que vous voulez, mais de nos jours, les jeunes en sont déjà à leur cinquième crise. Ces dernières, qui vont des crises économiques, des guerres aux pandémies, en passant par les défis environnementaux ne sont pas suffisamment prises au sérieux. Leur participation à la politique ne devrait pas être limitée par des barrières à l'entrée. A l’inverse, leur engagement doit être accompagné et soutenu par des financements, des campagnes de sensibilisations aux élections ou assister aux réunions politiques importantes.

Permettre aux jeunes de parler directement aux décideurs est un puissant moyen de légitimer leurs préoccupations. C’est donner aux jeunes leaders l'occasion d'exprimer leurs points de vue afin que les politiques publiques soient inclusives et répondent à leurs besoins.

Par exemple, plus tôt cette année en février, lors du sommet Union africaine-Union européenne, les activistes de ONE ont écrit une lettre aux dirigeants européens et africains, les appelant à agir pour l'accès mondial aux vaccins, la participation des jeunes à la prise de décision et à assurer une reprise économique mondiale juste après la pandémie. Nous avons rencontré des dizaines de responsables gouvernementaux européens et africains pour partager nos recommandations. Ces recommandations ont été présentées lors de la « semaine de la jeunesse », avant le sommet officiel.

De même, en ce qui concerne les discussions sur le climat, les jeunes d'aujourd'hui et leurs successeurs seront sans aucun doute les plus touchés par l'inaction dans tous les secteurs de l’économie, de l'énergie en passant par la mode. Les 10 pays les plus vulnérables au dérèglement climatique dans monde se trouvent principalement en Afrique, et avec leur croissance démographique, la jeunesse africaine est un acteur majeur qui doit être écouté et entendu lors de la conception, de la mise en œuvre et du suivi des stratégies climatiques aux niveaux local et national. Les jeunes ressentent l'urgence et ont le plus à perdre de l'inaction climatique. Au lieu d'être mis à l'écart, ils devraient être à la table des dirigeants. Ne serait-ce que pour assurer une communication efficace.

La participation inclusive donne aux jeunes la possibilité de gérer leur présent et leur avenir.

De nombreux jeunes sont des acteurs déjà incontournables et se mobilisent pour leurs communautés. Du mouvement Fridays for Future aux activistes de ONE, les jeunes font campagne sur tous les continents pour mettre fin à l'extrême pauvreté, et ont un désir insatiable de participer à la vie démocratique leurs points de vue s’invitent dans l'élaboration des politiques publiques.

Comment les activistes contribuer à écrire un nouveau contrat social

Ces engagements avec les gouvernements visent aussi à infuser une démocratie plus délibérative.

Au-delà du simple fait d'influencer la prise de décision, le lobbying, lorsqu'il est encadré, a le pouvoir de démocratiser et de représenter les intérêts du bien commun lors de la prise de décision publique. Les politiques élaborées à travers de tels processus sont importantes, en particulier lorsqu'il faut faire des compromis difficiles et qu'aucun consensus n'est possible.

De tels processus délibératifs ont des espaces pour la reconnaissance de la pluralité, l'apprentissage social et la compréhension mutuelle. Elle oblige les législateurs à repenser leurs priorités politiques et confère aux citoyens un rôle incontournable dans l’élaboration des lois.

Pour qu'il soit considéré comme une nouvelle forme de contrat social, l'architecture du lobbying doit être revisitée. Pour que toute forme d'interaction citoyen-gouvernement soit efficace, elle doit être inclusive et cultiver un sens de la citoyenneté, de la représentation et de l'équité sociale par défaut.

Bien qu'aucun modèle de gouvernance ne soit parfait, le lobbying citoyen peut devenir une nouvelle voie pour combler le déficit de solidarité et créer une société plus représentative. Compte tenu d’une démocratie vue de plus en plus hors sol, le lobbying étend le privilège de la représentation et de la délibération directe à de larges pans de la société.

Au final, dans toute société démocratique, la participation citoyenne doit s'exercer, comme un muscle. Et comme tout muscle, lorsqu'il n'est pas utilisé, il s’atrophie.

Pour que nos démocraties continuent à s'épanouir, un lobbying responsable est indispensable pour maintenir la cohésion sociale. Il offre aux citoyens d’être un acteur dans l'arène politique et garantit que des arguments divergents parviennent aux oreilles des décideurs.


Cet article est le fruit du partenariat entre Cafébabel et l'association ONE pour sa campagne GenerAction campaign. Quelques jours avant le sommet du G7 qui se tient du 26 au 28 juin en Allemagne, GenerAction incite les dirigeants internationaux d’agir maintenant et de réécrire le futur. Ajoutez votre nom pour rejoindre le mouvement GenerAction.

Photo de couverture: Des activistes ONE Youth Ambassadors avec l’eurodéputée estonienne de centre-gauche Marina Kaljurand © ONE

Story by

Default profile picture Sanskruti Ghosalkar

ONE Youth Ambassador in Belgium

Translated from Lobbying for good