Participate Translate Blank profile picture
Image for Européens surtaxés: le mythe descendu par un Américain

Européens surtaxés: le mythe descendu par un Américain

Published on

Story by

Default profile picture steven hill

Translation by:

Default profile picture Eléonore Arbona

Politique

Aux États-Unis, la rumeur veut que les pauvres Européens soient des serfs écrasés par les impôts. Mais le 15 avril, dernier jour pour payer les impôts aux États-Unis, Steven Hills, directeur de programme pour la New America Foundation constate que la note n'est pas aussi « light » qu'on a coutume de penser... Au moins, les Européens savent à quoi servent leurs impôts.

 Il y a quelques années, une de mes connaissances américaines, qui vit en Suède, a partagé une limousine – pour se rendre dans le quartier des théâtres de New York – avec un sénateur du sud des USA : un démocrate conservateur et anti-impôts, qui a fait une remarque sur « tous ces impôts que payent les Suédois ». Ma connaissance a répliqué : « Le problème aux États-Unis, c’est que nous ne tirons rien de nos impôts ». Bizarrement, la suite du trajet s’est faite en silence.

L’Europe : autant d’impôts, plus d’aide

Le fait est qu’en échange de leurs impôts, les Européens bénéficient d’un système d’aide aux familles et aux individus qui coûte extrêmement cher aux Américains – du moins quand ils peuvent l’obtenir. Ce système prévoit une sécurité sociale de qualité pour tous, en retour d’une somme modeste déduite du salaire. Le coût moyen représente environ la moitié de ce que payent les Américains. Aux États-Unis, tandis que 47 millions de personnes n’avaient aucune assurance maladie jusqu'à la réforme de la sécurité sociale engagée et obtenue par Barack Obama, beaucoup d’assurés devaient payer des primes et des franchises dont le coût ne cesse d'augmenter en flèche. Et ce n’est pas tout. En échange de leurs impôts, les Européens bénéficient également de structures d’accueil abordables pour les enfants, de retraites correctes, d’universités gratuites ou très accessibles, de programmes de reconversion professionnelle, de congés maladie et de congés parentaux payés, de vacances confortables, de logements bon marché, de structures d’accueil des seniors, de moyens de transports efficaces, et ainsi de suite.

Certains de mes amis disent devoir économiser près de cent mille dollars pour le cursus universitaire de leurs enfants ; et la plupart des diplômés ont un crédit de dizaines de milliers de dollars à la sortie de la fac. Quant à eux, les enfants européens vont à l’école gratuitement ou presque, selon le pays. Aux États-Unis, l’éducation des enfants coûte plus de 12 000 dollars par an à une famille avec deux enfants. En Europe, il faut compter environ un sixième de ce montant, pour une qualité bien supérieure. Des millions d’Américains mettent autant d’argent que possible dans leurs plans d’épargne retraite parce que la sécurité sociale ne fournit qu’environ la moitié du revenu de retraite nécessaire pour vivre. Cependant, les systèmes de retraite européens les plus généreux versent entre 75 et 85% (selon le pays) du revenu pendant la retraite. Dans tous les cas, on paye.

Les USA cachent leurs impôts

Aux USA, les dépenses privées par tête en soins des seniors sont presque trois fois plus importantes qu’en Europe, car les Américains doivent financer seuls une bonne partie de ces soins. Ils ont également tendance à payer plus d’impôts locaux, d’impôts d’état, d’impôts fonciers et d’impôts « cachés », comme les 300 milliards de dollars qu’ils versent chaque année en impôts fédéraux aux entreprises qui fournissent des avantages santé à leurs employés. Quand on fait le total, il s’avère que les Américains payent tout autant que les Européens – mais en ont beaucoup moins pour leur argent. Malheureusement, ce genre de complexité n’est pas pris en compte dans des analyses simplistes comme l’enquête annuelle de Forbes sur les pays les plus imposés, le Tax Misery Index. Cette « étude » présente les nations européennes comme les moins bien loties, tandis que les Américains, peu imposés, sont heureux comme des coqs en pâte – venant juste après l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Dans notre ère de compétition économique, ce genre de services est de plus en plus nécessaire pour assurer la bonne santé, le bonheur et la productivité des familles et des travailleurs. À moins d’être membre du Congrès, institution qui assure bien évidemment à ses députés et à leurs familles une aide à la hauteur de l’offre européenne.

Steven Hills a publié récemment "Europe’s Promise: Why the European Way is the Best Hope in an Insecure Age"; il est le directeur du programme de réforme politique pour la New America Foundation

Photos: Une ©@superamit/ courtesy of Flickr, fondateur de Photojojo

Story by

Translated from Happy tax day, Americans: though Europeans get more for their money