Européennes : Sur Twitter, le FN justifie les moyens
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Au lendemain de la victoire du Front national aux Européennes, la twittosphère française s’est enflammée crachant de mille feux des lignes d’indignation inversement proportionnelles à la participation au scrutin. Rassemblés autour de plusieurs hashtags automatiquement érigés en tendance, voici les tweets les plus marquants qui ont émaillé ce « 21 avril européen ».
« Séisme », « big-bang », « boomerang », « choc »…la presse française ne manque généralement pas d’inspiration lorsqu’il s’agit de qualifier l’inacceptable. Le 25 mai dernier, le Front national est devenu pour la première fois de son histoire le « premier parti de France » en récoltant 24,95% des suffrages exprimés au scrutin des Européennes, soit 4,71 millions d’électeurs. Dans une sorte de consolation républicaine mais surtout pour tenter de minimiser les dégâts, certains se sont – sur les plateaux, dans les médias – essayés à relativiser le score du FN. « Que » 5 millions d’électeurs (sur un corps électoral apprécié à 44,6 millions), « moins » de voix récoltées que Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2002 (4,8 millions), « moins » de voix récoltées que Marine à celles de 2012 (6,8 millions)... Il n’empêche, en quadruplant son score par rapport aux élections européennes de 2009, le parti d’extrême-droite français, a laissé un goût de fuel dans la bouche de pas mal de jeunes français qui se sont d’abord et avant tout gargarisés sur Twitter.
Au lendemain de ce « 21 avril européen » (en référence au 21 avril de la présidentielle de 2002), les jeunes twittos ont donc déversé leur fiel 2.0 à travers plusieurs hashtags, très vite érigés en tendance sur le réseau social. #FN #TristeFrance #Europennes2014…voici les trois principaux canaux de diffusion de l’indignation (ou du désespoir) au lendemain du scrutin. Ainsi, un utilisateur décrit en graphique les réflexes quasi-pavloviens auxquels peut conduire l’utilisation des réseaux sociaux.
un pot de départ pour Hollande
Principal incriminé : le chef de l’État qui, pendant son allocution télévisée d’hier soir, a reconnu l’ampleur de la raclée qui frappe la majorité présidentielle mais qui, selon beaucoup, s’est aussi borné à rappeler sa feuille de route qui n’a pas changé d’une virgule et ce, même après la débâcle des Municipales. Pendant que l’opposition se plaît à rappeler que le FN n’est jamais aussi puissant que lorsque la gauche est au pouvoir, François Hollande sombre toujours un peu plus dans les records d’impopularité. Sur Facebook, un pot de départ prévu pour le dimanche 7 mai 2017 a été organisé dans la foulée de la soirée du 25 mai et l’événement compte déjà quasiment 100 000 inscrits.
Témoignage de l’ancrage territorial du FN, Brachay, une petite commune de la Haute-Marne, et ses 28 votants, ont massivement voté pour une liste tenue par le parti d’extrême droite (84,62% des voix sont revenues au candidat Florian Philippot). Pis, dans le village, l’UMP et le PS n’obtiennent aucune voix.
Il ne serait sans doute pas judicieux de parler de la percée du Front national sans mentionner l’érosion du principal parti d’opposition français, l’UMP. Un parti dont le leader Jean-François Copé, après s’être embourbé dans un scandale politico-financier, a décidé de démissionner. Sur cette image, Copé est comparé à Frank Underwood, le politicien véreux - vedette de la série House of Cards.
Enfin, les résultats des élections ne sauraient être commentés sans prendre en compte la faible participation des Français au vote. Avec un pourcentage très fort (57%) mais pas record, l’abstention est par ailleurs l’un des principaux arguments avancés par ceux qui tendent à relativiser le score du FN - qui ne pourrait légitimer une victoire électorale sur la base de ce qui ne représente même pas la moitié du corps électoral français. Côté jeune, seuls 27% des moins de 35 ans sont allés voter (et 30% d'entre eux auraient voté FN, ndlr)
En revanche, c’est probablement cette abstention qui a délié le plus de doigts sur Twitter puisqu’un tweet sur trois a été adressé aux personnes qui ne sont pas données la peine d’aller dans leur ancienne cantine d’école primaire pour mettre un papier dans une urne. Sur Twitter, certaines personnes vont jusqu’à l’insulte pour qualifier les abstentionnistes tandis que d’autres se fendent de tribunes de plus en plus solennelles pour expliquer la FN du monde.