Européennes : les jeunes, entre dégoût et soulagement
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Elodie RedSi les jeunes n'ont pas été nombreux à se déplacer pour voter aux élections européennes du 25 mai, beaucoup d'entre eux ont largement réagi suite aux résultats du scrutin qui a vu les partis eurosceptiques augmenter leur nombre de sièges au Parlement. cafébabel a mené un micro-trottoir européen géant pour recueillir le soulagement de certains et écouter « vomir » les autres.
Slovaquie : un job bien Payé sans se fatiguer
On récidive ! Pour la 3ème fois consécutive, la Slovaquie a le taux de participation le plus faible de l’UE. Cette année, le nombre a chuté à 13%, du jamais vu. Apparemment, l’UE n’intéresse les Slovaques que lorsqu'il s’agit de financements. Nos politiques ont une nouvelle fois prouvé qu’ils étaient incapables de faire comprendre l’importance de l’UE et du Parlement européen. Les 13 nouveaux députés sont sans doute contents d’avoir obtenu un job bien payé sans trop s’être fatigués.
Tomas.
France : les comprendre, les convaincre
Ce qui domine après cette journée d'élection européenne, c'est la tristesse et la déception de ne pas avoir pu parler et convaincre ces 25% de Français qui ont voté contre les partis « modérés » de droite et de gauche et contre une Europe qu'ils ne comprennent pas et ne vivent pas au quotidien. Comme membre de la génération européenne, ça me donne surtout envie de tout faire pour arriver à atteindre cette partie de la population, les écouter mais aussi les convaincre de voir en l'Europe un avenir, et en l'immigration une chance. Je suis triste de sentir que notre génération cohabite sans échanger avec cette génération passéiste et repliée sur elle-même. Les impacts de ces élections ne seront pas visibles sur notre quotidien à court-terme, mais ils se feront sentir à plus long-terme sur la paix - paix sociale et paix entre les États - en Europe.
Mélanie.
Écosse : un mélange de fatalisme et d'horreur
Mes amis et moi, nous avons accueilli les résultats des élections européennes avec un mélange de fatalisme et d’horreur. Le parti d’extrême-droite eurosceptique UKIP a obtenu son tout premier siège en Écosse avec 10% des votes (le Parti national écossais – SNP – et le Parti travailliste ont 2 sièges chacun, les Tories 1, ndlr). Seul un tiers environ des électeurs écossais a pris la peine d’aller voter, il a donc suffi à UKIP de faire un minuscule 3%. Ce qui est plus inquiétant en revanche, c’est que UKIP arrive devant toutes les autres forces politiques dans tout le Royaume-Uni, et qu’il batte les deux partis bien établis. En Écosse, beaucoup d’électeurs de gauche ou du centre voient ce mouvement global vers la droite comme une excellente raison de voter Oui lors du référendum sur l’indépendance. J’espère que les gens vont se bouger pour ça.
Ceris.
Royaume-uni : rallumer la lumière du libéralisme
UKIP est désormais le plus gros parti britannique au sein du Parlement européen et les Démocrates libéraux n’ont plus qu’un député. Il y a cent ans, juste avant que l’Europe ne s’entredéchire, le ministre des Affaires étrangères Sir Edward Grey, un libéral, avait déclaré, presque de manière prophétique, « les Lumières s'éteignent dans toute l'Europe, nous ne les reverrons pas s'allumer de notre vivant. » J’espère vraiment que ces élections ne sont que le résultat d’une brève perte de conscience plutôt que le signe annonciateur d’un retour au nationalisme qui, au temps de Sir Edward, a ravagé l’Europe à deux reprises. Mais je n’en suis pas entièrement sûr. Au cas où certains l’oublieraient, le consensus libéral a permis à l’Europe de profiter de la plus longue période de paix et de prospérité de son histoire. J’invite tous ceux qui tiennent à leur liberté, au pluralisme et à la paix à ne pas abandonner cette cause. La lampe du libéralisme doit continuer de briller, car quand les ombres gagnent du terrain, mieux vaut allumer une chandelle que maudire l’obscurité.
Chris.
Italie : un parfum d'excitation
Renzi triomphe, Grillo recule et Berlusconi disparaît. Dans les rues de Rome flotte un air d’excitation post-élections et les kiosques sont pris d’assaut par les lecteurs et les électeurs de gauche qui veulent acheter un exemplaire de La Repubblica ou de L’Unità pour l’afficher dans leur chambre. À l’issue d’une campagne électorale parmi les plus tapageuses et conflictuelles qu’a connues l’Italie, le Parti démocrate de Renzi termine sur un score éclatant de 40%. Une première pour la gauche italienne.
Marco.
Allemagne : doit-on remercie super Angie ?
Les électeurs allemands peuvent éponger la sueur de leur front ! À côté du virage à droite entrepris par plusieurs États européens, le scrutin allemand passe comme une lettre à la poste. Les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates arrivent en tête. Les libéraux sont dans le bas du tableau tandis que les électeurs allemands sont encore nombreux à soutenir le Parti vert. Contrairement à des pays comme la France, le Danemark et d’autres, l’avancée des eurosceptiques allemands est plutôt faible. Les Allemands vivent-ils dans une bulle multiculturelle ? Si tel est le cas, doit-on remercier la superstar Angie Merkel, une situation économique positive et un électorat europhile en Allemagne ?
Lilian.
Pologne : les eurosceptiques comme une bouffée d'air frais
Je n’ai pas pris part aux élections cette année car je ne savais pas pour qui voter. Le gouvernement actuel en Pologne me déçoit énormément et je savais que les partis qui se présentaient aux élections allaient gagner de toute façon puisqu’ils sont au pouvoir depuis 20 ans. Je suis plutôt contente que le Congrès de la Nouvelle droite (petit parti europhobe, ndlr) ait gagné quelques sièges au Parlement européen. Je ne suis pas vraiment fan de Janusz Korwin Mikke et de ses idées scandaleuses, mais je pense que la scène politique polonaise (et européenne) a besoin d’une bouffée d’air frais. Le résultat de ces élections prouve que l’Europe s’éloigne petit à petit de la gauche.
Monika.
Autriche : ouf...
Les Chrétiens-démocrates (ÖVP) ont remporté les élections en Autriche, les Sociaux-démocrates (SPÖ) sont deuxièmes – ils ont chacun obtenu deux sièges au Parlement. Le parti d’extrême droite, le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) est loin derrière mais récolte tout de même 7% de votes de plus qu’en 2009. Au vu des résultats des dernières élections nationales (Nationalratswahl), cela aurait pu être pire. Les Verts ont remporté 15% des votes. À Vienne, ils se sont même calés juste derrière le SPÖ. Les Chrétiens-démocrates ne sont arrivés que quatrièmes dans la capitale, loin derrière le FPÖ. On ne s’attendait quand même pas à voir les deux partis libéraux arriver derniers.
Alicia.
Slovénie : je ne rentrerai pas à la maison
Les résultats ? Déprimants et moisis, ils m’ont laissé un goût plus qu’amer dans la bouche. Premièrement, la bureaucratie slovène ne m’a pas laissé voter. Deuxièmement, les maigres 16% qui se sont rendus aux urnes ont voté en grande partie pour un parti dont le leader est un criminel condamné (Janez Janša, condamné à deux ans de prison ferme pour corruption, ndlr) et Lojze Peterle, qui me donne envie de vomir à chaque fois que je vois son effrayante figure dire qu'il veut interdire à nouveau l’avortement, va de nouveau siéger au Parlement. Tout cela ne me donne pas envie de rentrer à la maison.
Jasna.
Espagne : oui, on peut
En Espagne, les deux partis principaux (le Parti populaire et le Parti socialiste ouvrier espagnol) n’ont pas juste dérapé, ils sont tombés dans un précipice. Pour la première fois de leur histoire, ils ont obtenu moins de 50% des votes. La révélation de la soirée c'est Podemos, un parti d’extrême-gauche qui a été créé il y a tout juste quelques mois. À peine débarqués sur la scène politique, ils ont remporté 5 sièges. Pas mal non ? La Catalogne a aussi fait parler d’elle. Le parti indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne arrive premier. Le taux de participation en Catalogne a augmenté de 10% et les partis en faveur du referendum ont remporté 55% des votes. Un appel au vote qui sonne haut et fort.
Lettonie : comme je vis à l'étranger, c'est compliqué
Je n’ai pas voté parce que j’ai oublié de m’occuper de tous les papiers avant les élections, comme je vis à l’étranger c’est plus compliqué. Je ne sais pas vraiment qui est le grand gagnant, mais je suis plutôt satisfaite des résultats en Lettonie. Les gens pour qui j’aurais voté, dont Dombrovskis (chef de file d'Unité, parti conservateur, ndlr), vont au Parlement, pas Zdanoka (du PCTVL, parti qui soutient la minorité russophone de Lettonie, ndlr).
Inga.
Vous avez raté un Tweet ? une information sur la campagne ? vous n'avez pas voté et vous en avez un peu gros sur la patate ? Retrouvez la série spéciale de Cafébabel sur les élections européennes.
Translated from The Lowdown on The European Elections