Européen ? Vos papiers !
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Depuis quelques mois les ressortissants européens résidant en France sont sommés par la Caisse des allocations familiales de justifier de la régularité de leur présence sur le territoire national. Inutile de préciser que pendant l’examen du dossier, les prestations sont suspendues, ce qui peut devenir assez rapidement critique dans le contexte économique actuel.
De nouvelles frontières de la solidarité ?
Au mois d’août, pas d’aide au logement… un retard de l’administration ? Curieux, tout était pourtant en règle… C’est ainsi que pour un allemand, un belge, une polonaise… commence un parcours du combattant administratif. Les semaines passent et toujours rien. Certains s’inquiètent auprès de leur CAF : le dossier doit être réexaminé, il faut toujours plus de documents. Il faut même parfois fournir un même document à plus reprises.
Ensuite arrive une jolie enveloppe avec le sigle de la CAF… dans laquelle il est demandé, ni plus ni moins, de justifier de la régularité de son séjour en France. On demande un titre de séjour et de retracer un historique de sa vie en France depuis son arrivée sur le territoire. Un titre de séjour… curieux dans une Europe où chacun peut se déplacer et s’installer dans le pays signataire de son choix.
Depuis ce charmant courrier, la polonaise continue docilement à fournir les pièces les unes après les autres et à essayer de se procurer une carte justifiant son « européanité » dont la CAF a besoin…. mais que personne ne peut lui fournir puisque cette carte n’est plus exigible pour les ressortissants des pays entrés dans l’Europe depuis suffisamment longtemps. Sa situation continue doucement à se débloquer puisqu’elle reçoit à nouveau les APL. Mais elle confie volontiers ne plus trop croire au versement des trois mois d’arriérés datant de la période où son dossier était bloqué.
Cela fait plusieurs fois que le belge revient à la CAF pour apporter un document, il parle d’appeler son ambassade. « Je viens de l’un des pays fondateurs de l’Europe et on ose me demander un titre de séjour ! » s’insurge-t-il. L’agent de la CAF le rassure en lui expliquant le problème : inutile d’ameuter l’ambassade. Suite au dernier élargissement de l’espace Schengen, les prestataires sociaux ont vu arriver des vagues d’immigrants venus de l’Est. Et afin de ne pas payer pour tout le monde, sous-entendues les personnes venant des nouveaux pays, les moins riches, on a demandé à la CAF de couper le robinet. C’est ce qui cause le ré-examen de tous ces dossiers et la suspension du versement des prestations. Les blocages sont d’autant plus longs que le personnel de la CAF déjà surchargé de travail se voit affecter d’une nouvelle mission. Mission dont on peut légitimement se demander si elle est bien du ressort des travailleurs sociaux.
Amis Européens, bienvenus dans une Europe sans frontières, dans une Europe de la solidarité… dans une Europe à la française ?