
Europe : pas de tchèque sans provision
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C'est bien évidemment pour parler de la présidence tchèque de l'Union européenne que, les 4 et 5 mars, Son Excellence Pavel Fischer, ambassadeur de la République tchèque en France, s'est déplacé jusqu'à Clermont-Ferrand, à l'initiative de l'association des Juristes européens en partenariat avec l'association des Jeunes européens Auvergne.
C'est donc tout naturellement que Le Puy de Babel s'est rendu aux deux manifestations publiques du programme : le diner-débat à Ceyrat du 4 mars et la conférence à la faculté de Droit du 5 mars. Pour en savoir un peu plus, suivons ce sympathique officiel qui parle de la France comme de son pays : avec humour et humanité.
Son Excellence l'Ambassadeur de la République Tchèque en France, Pavel Fischer
Lorsqu'on évoque avec lui les différences entre la France et la République tchèque (RT), Pavel Fischer apparaît souriant, décrivant la perception des français par les tchèques : cultivés, admirés, beaux parleurs, riches, mais peu débrouillards. Au dîner débat comme à la conférence, ce père de famille d'une quarantaine d'années garde un ton calme et serein. Même en expliquant les enjeux de la présidence tchèque, ou même en argumentant avec les étudiants, monsieur Fischer n'hésite pas à ponctuer ses récits d'anecdotes, de confidences (il jouait du violon pour pouvoir partir à l'étranger) qui donnent du poids à son discours, loin des blablas habituels. C'est ainsi qu'il a commencé la conférence en nous décrivant le métier de diplomate et l'expérience extraordinaire du dépaysement qu'il nous invite tous à connaître.
Pour reprendre les grands points de son discours, monsieur Fischer a évoqué les objectifs de la présidence tchèque, à savoir les "trois E" : Énergie, Économie, Extérieur. Le volet Énergie prévoit d'harmoniser davantage les réseaux de production et de conduction des énergies à travers le territoire européen. Pendant longtemps, en effet, les réseaux électriques, par exemple, n'ont été construits que dans une logique nationale et sont très peu développés aux frontières, gênant la coopération entre pays voisins. Le volet Économie prévoit des mesures de redressement économique suite à la crise financière. La présidence française a fait " un excellent travail dans l'urgence " et c'est à " notre pays de prendre la suite logique ". Le volet prévoit également le développement du commerce extérieur, notamment avec la Chine. Enfin, le volet Extérieur entend promouvoir la voix européenne sur la scène internationale (USA, Europe de l'Est).
Guillaume Bucherer, président des Jeunes européens Auvergne ; Pavel Fischer, ambassadeur de la République tchèque et Eric Egli, président des Juristes européens
Le diplomate reprend brièvement l'histoire de son pays, un pays ancien, puisque les celtes ont laissé des empreintes de leur civilisation, ainsi que les Romains. La RT voit la rencontre de trois types de langues : latin, germanique et slave. Le pays a donné naissance à Comenius, père spirituel de l'Unicef et grand humaniste. Comme dans le reste de l'Europe, la période de guerre et d'occupation soviétique a laissé de profondes cicatrices chez le peuple tchèque, qui arrive pourtant à se séparer pacifiquement d'avec la Slovaquie. Pavel Fischer parle même de " bonne nouvelle ".
Le débat avec les étudiants a été l'occasion de préciser le rôle de la RT dans la présidence de l'UE, mais aussi d'évoquer l'euro-scepticisme de Vaclav Klaus, président de la RT et du risque tchèque de non ratification du Traité de Lisbonne. La Tchéquie, bénéficiant largement du Fonds européen pour le développement économique et régional (Feder), passe pour être ingrate envers l'Union européenne, que le Président Klaus a comparé à l'Union soviétique. Réel euro-scepticisme ? Réaction normale vis-à-vis du passé communiste ? Pavel Fischer a toutes les raisons de croire en l'Europe, et les six mois suivants nous diront si son gouvernement avait les mêmes intentions que lui.