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Europe de la défense : du plomb dans l’aile ?

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Politique

Avec l’Union pour la Méditerranée, l’Europe a montré une fois de plus son attachement à la voie diplomatique. Mais la politique étrangère d’une puissance telle que l’UE peut-elle se résumer à un « soft power » ?

La première destination du Président Sarkozy dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne a été Dublin, où l’avion présidentiel a atterri lundi 21 juillet. Comprendre le non au traité de Lisbonne, voilà l’objectif que s’est fixé Nicolas Sarkozy. Un non dont les origines sont liées en partie à la crainte des Irlandais de perdre leur neutralité dans le domaine militaire. La politique de défense européenne est donc une nouvelle fois au centre du jeu européen.

Dans son livre La Puissance et la Faiblesse, Robert Kagan distinguait l’Europe des Etats-Unis sur le plan de la politique étrangère. Les Américains viendraient de Mars, le dieu de la guerre dans la mythologie romaine, et auraient ainsi plutôt recours à la force militaire pour régler les affaires extérieures ; tandis que l’Europe, issue de Vénus, aurait plutôt tendance à vouloir régler les conflits par la voie de la négociation.

Militarisme vs. « soft power »

Soldat espagnol devant le Parlement européen à Strasbourg | Crédits : MoeHaf / FlickrEn effet, la politique étrangère européenne est fortement imprégnée de valeurs qu’elle juge universelles, comme les droits de l’homme ou la démocratie. Mais l’Union européenne (UE) ne peut se limiter à un « soft power », comme le fait remarquer à juste titre Jesper Haglund, conseiller politique au sein de la commission du développement du Parlement européen, d’origine suédoise. Sa force doit résider dans sa capacité à n’user de la force militaire que si c’est nécessaire, « après avoir évalué les conséquences possibles d’une telle action vis-à-vis d’une inaction », précise Haglund. Autrement dit, l’Europe peut faire la différence en montrant qu’elle a la possibilité d’effectuer un choix.

« Des instruments puissants »

Foto, hdptcar / FlickrPour y parvenir, l’Europe doit mettre en place « des instruments puissants (…) pour appuyer sa politique extérieure », indiquait Diego Lopez Garrido, secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires Européennes. Cela passe bien sûr par « une coopération toujours plus étroite des politiques de sécurité et de défense nationales, aux niveaux politique, militaire (et civil). », résume Jesper Haglund. Mais au bout du compte, « c’est le droit (…) de chaque Etat membre de décider du rôle de son armée nationale », ajoute-t-il, et la perspective d’une armée européenne et d’une seule et même politique de défense en Europe semble bien loin.

Combattre le terrorisme international

Si l’Europe n’a « pas d’ennemi » au sens militaire du terme, poursuit Haglund, « le terrorisme est un véritable problème. » Lors d’une séance de l’Université d’été aux Pays Basques, Diego Lopez Garrido identifiait même le terrorisme international comme une des priorités de l’UE, au même titre que la lutte contre les armes atomiques et les Etats en faillite.

Mais « il est difficile, voire impossible de le combattre directement », avance Haglund, et « il est plus efficace de lutter contre le terrorisme par des actions visant à un rapprochement entre pays, régions cultures, religions, et visant à réduire les différences entre les pays et populations pauvres. » Le dialogue plutôt que l’action militaire aveugle. Une fois de plus, il apparaît que « l’Europe de la défense n’est pas un problème économique, mais politique », soutient Vincente Palacio, sous-directeur du think-tank progressiste OPEX à Madrid.

Il s’agit de définir des objectifs prioritaires, mais aussi de se repositionner sur la scène internationale, notamment en redéfinissant la relation de l’UE par rapport aux Etats-Unis au sein de l’OTAN, afin de ne plus passer son temps à « payer la vaisselle brisée » des Américains, regrette Palacio.