Eurogroupe : Bruxelles va tirer les oreilles de Bercy
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Le 9 octobre, les ministres des Finances des Vingt-Sept se réuniront pour examiner à la loupe le niveau de la dette et du déficit public des Etats membres. Dans le collimateur : la France.
60% et 3%, alias les chiffres d’or qui gouvernent l’économie européenne. Depuis le traité de Maastricht et l’imposition de critères financiers, l’équation pour harmoniser les économies européennes est simple. La dette publique doit rester inférieure à 60% du PIB et le déficit public à 3% du PIB. Cohésion oblige, ne pas respecter ces règles, c'est ne pas respecter ses partenaires économiques.
Keynes périmé ?
A l’origine, une recette simple et quasi-magique, théorisée par l’économiste Keynes : quand l’Etat augmente les dépenses publiques, les entreprises produisent davantage pour répondre à cette demande, les revenus des employés augmentent, ceux-ci sont tentés de consommer plus, la demande s’accroît etc... C’est un cercle vertueux : la demande finale est plus importante que celle du début. C’est le principe du multiplicateur de Keynes.
Cette politique qui a commencé à être critiquée dès 1973 puis encadrée strictement par les critères de Maastricht atteint aujourd’hui ses limites. Dans une économie ouverte, la majeure partie de l’argent public investi va directement à l’étranger : en clair, un pays va financer ses voisins ! Puis, comme l’Etat doit emprunter l’argent qu’il investit, les taux d’intérêts ont tendance à monter, ce qui ralentit l’économie. Toutes les économies liées sont ainsi pénalisées.
Ainsi, une politique de relance budgétaire isolée au sein de l’UE ferait chuter le cours de l’euro ! La principe est simple : quand un seul membre fait un écart, tout le monde trinque.
Pour maintenir une certaine cohérence au sein de l’Union européenne, il est donc nécessaire d’adopter des règles communes pour encadrer les politiques budgétaires : c’est le critère du 3%. Pas plus de 3% du PIB pour la relance budgétaire. Cette stratégie a aussi le désavantage d’endetter l’Etat. Et celui-ci espère que la relance de la croissance lui permettra de rembourser plus tard ses emprunts, mais le plus souvent, cette relance se conclut par une hausse de la dette publique. C’est pourquoi on doit également limiter la dette à 60% du PIB.
Rigueur garantie
Le hic, c’est que ces critères sont très stricts. Trop stricts, inspirés par la rigueur de la Banque centrale allemande. Ces politiques budgétaires jouent également un rôle contra-cyclique : c’est-à-dire qu’elles aident l’économie quand tout va mal, mais aussi qu’elles la ralentissent quand tout va bien. On parle de modérateur économique.
On voit donc que ces deux critères sont les gages d’une cohérence économique dans l’Union Européenne et qu’un pays qui veut faire cavalier seul fait preuve d’égoïsme, en favorisant son économie au détriment des autres. La France par exemple voit sa dette flirter avec les 66,6%. Au lieu de faire profil bas, elle a demandé à ses partenaires une dérogation : le temps suffisant pour attendre les fruits des réformes économiques qu’elle fait aujourd’hui. La situation énerve et vexe les autres pays européens qui font maintenant front commun contre l’Hexagone. Ce qui n’est pas le meilleur gage de solidarité européenne.
La ville hollandaise de Maastricht
Où va l'argent des amendes imposées par la Cour de Justice des communautés européennes (CJCE) ?
Il va dans le budget général de l'UE. L'argent du total des amendes représente 1% du budget de l’institution, soit 1,3 milliards d'euros par an. Mais il est bien possible qu'en 2007, ce taux augmente notamment en raison de l'énorme amende imposée à Microsoft le 17 septembre dernier. Son montant : 497 millions d'euros, soit 0,4% du budget annuel.
Cet argent est ensuite reversé pour financer les différentes politiques communautaires. En gros, Microsoft financera une partie de la PAC, par exemple. Il remboursera ainsi 1 euro à chaque citoyen de l'UE, ce qui, comparé aux 150 euros que coûte le programme Windows, est plutôt ‘peanuts’
Billet de 100 euros (Photo, Jul Riera/Flickr)