Euro 2012 : une opportunité divine ?
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Marine LeducLes tribunes du PGE Arena (le nouveau stade de Gdańsk) sont vides, l’herbe a été fraîchement tondue et… cinq paires de crampons la piétinent fièrement. « C’est l’élément classique de l’uniforme » pourrait-on être tenté de dire. Pourtant, il y a un « mais ». Ces joueurs de football appellent les jeunes hommes à rejoindre une équipe pas comme les autres : l’équipe de Dieu.
Alors que la génération JP II grandit, que l’énergie des « grand-mères aux bérets » (voir la photo) pour défendre le « vrai Polonais » s’affaiblit, et que l’Église catholique se convertit en « victime » de moult scandales moraux, le diocèse de Gdańsk a jugé qu’il était temps de prendre une décision. C’est à ce moment précis que les jeunes séminaristes de la ville sont entrés en action, en mode « gangsta » en soutane. Ils sont 5, et l’un d’entre eux a même délibérément posé sa jambe sur le ballon officiel de l’Euro 2012. Ce n’est pas une blague, mais une authentique publicité du Séminaire de Gdańsk, visible à la fois dans le monde réel (dans les églises du diocèse et même dans certains lycées) et dans le monde virtuel (sur le site officiel du Séminaire)
Les forums en ligne voient apparaître un florilège de commentaires pleins d’étonnement (« c’est le début de la fin de cette institution »), de rage, de critiques (« l’équipe de Dieu n’est pas moins sujette à la corruption que les vrais équipes de football »), mais aussi d’ovations : « l’idée se transmet avec un esprit moderne, un bon slogan et un sujet qui a la pouvoir d’attirer les jeunes. J’aime ça. » Une analyse plus approfondie des réactions sur Internet montre cependant que la majorité des commentaires contient des mots comme « honte » ou « provocation », car comment justifier une annonce pour un job qui ne peut être exercé que par des gens qui ressente une vraie vocation pour celui-ci ? Que révèle donc cette publicité sur l’Église catholique ? Pour certains, cela montre son « vrai visage » d’entreprise, pour d’autres, c’est de la « créativité » tandis que pour le reste, « il y a une totale absence de celle-ci. » Les représentants de l’Église catholique ne semblent pas gênés par la variété des réactions : « Si l’Euro 2012 est supposé apporter du bénéfice à l’ensemble du pays, pourquoi l’Église devrait renier sa part ? »
Est-ce que la – très stéréotypée - dévotion religieuse des Polonais est vraiment forcée à se manifester dans les stades de football ? Ou peut-être que cette campagne insolite a-t-elle été tout simplement lancée pour contrer la chute du nombre de jeunes voués à devenir prêtres ? Cette explication semble avoir un fondement particulier qui serait scientifiquement prouvé, du moins pour des sociologues polonais, auteurs du « Diagnostic social 2011 ». Cette étude analyse les conditions de vie et la qualité de vie des Polonais. D’après les données qu’ils ont recueillies, le nombre de Polonais qui participent à des cérémonies religieuses diminue progressivement chaque année (en 2011, leur nombre était de seulement de 42,7 %). Même si cette tendance est beaucoup plus lente en Espagne et en Irlande, tout semble montrer que la Pologne typiquement religieuse est conduite à se « SE-CU-LA-RI-SER ».
Photo: courtoisie du Séminaire de Gdansk ; Texte : Wikipedia.
Translated from Na EURO 2012 i Kościół skorzystać może...