Êtes-vous féministe ou égalitariste ?
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En plein débat sur ces rappeurs misogynes qui dénigrent la femme et qui me donnent envie de dire « le rap, c’était mieux avant », je rétorque à mon interlocuteur qui semble trouver ça drôle : « heureusement qu’il y a encore des rappeurs comme Akro qui n’ont pas peur de passer pour des féministes ». Explications.
Il semble perplexe et je comprends vite que lui aussi ne connaît pas réellement la définition du mot « féministe » qu’il associe à une bande de mégères enragées. Pourtant, le terme « féminisme » n’est pas synonyme de haine des hommes.
Comme le disait Emma Watson dans son discours du 20 septembre à l’occasion du lancement de la campagne « HeForShe », « le féminisme se définit comme la conviction que les hommes et les femmes doivent jouir des mêmes droits et des mêmes chances. Est féministe toute personne qui croit en l’égalité politique, économique et sociale des sexes. »
Je continue sur ma lancée et lui explique que c’est une cause à prendre au sérieux. En 2015, il y a des femmes qui n’ont pas le droit de conduire, pas droit à l’éducation, qui assistent à des conférences assises par terre, car elles n’ont pas droit à un siège comme les hommes. Il y a des pays où le viol est commis en toute impunité. Un président turc qui affirme que « les femmes ne doivent pas être considérées comme les égales des hommes ». Qu’une femme sur trois est victime de violence conjugale. C’est scandaleux, amoral, révoltant, choquant et encore plein d’autres synonymes.
Fort heureusement, on assiste ces dernières années à une popularisation du mouvement féministe (mais pas du terme en lui-même, malheureusement). De plus en plus de personnalités influentes défendent ouvertement cette cause. Christina Aguilera le faisait déjà, vulgairement certes, dans son clip « Can’t Hold Us Down ». Beyoncé le revendique en reprenant une partie du discours de Chimamande Ngozi Adichie dans son single « Flawless ». Patricia Arquette fait de même lors de la cérémonie des Oscars et est applaudie par Meryl Streep. Gucci a lancé sa campagne internationale « Chime For Change ». Il y a des féministes radicales, un peu moins élégantes et plus provocatrices qu’Emma, dont les seins nus sont souvent médiatisés et qu’on nomme Femens. Et puis il y a des hommes comme Guy-Bernard Cadière et Denis Mukwege, tous deux médecins engagés contre la violence envers les femmes. Le message est parfois transmis de manière maladroite, et pas tout le temps intelligemment, mais il est clair : l’égalité des sexes, partout et pour tous.
Après avoir défini le terme « féministe » à mon interlocuteur, celui-ci me répond que pour lui le terme n’a pas été choisi correctement. Si c’est l’égalité pour tous qu’on défend, on devrait appeler ça « humaniste » ou « égalitariste », me rétorque-t-il. Je ne lui donne pas raison tout de suite, encore trop exaltée par mon argumentation, je reste sur mes positions et me revendique féministe. Pourtant, il n’a pas tort. Peut-être aurait-il été, lui et beaucoup d’autres hommes, un bien meilleur activiste si le terme « féministe » ne comportait pas une connotation si négative. Dans certaines interviews que j’ai lues, les hommes commencent souvent leur phrase par « je ne dirais pas féministe, mais je suis pour l’égalité des sexes… ». Messieurs, vous êtes donc bien féministes, ou si vous préférez, égalitaristes. Peu importe le terme utilisé après tout.
La cause défendue est la même.