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"Etat de siège", des commissaires européens entrent dans la bataille

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Strasbourg

La myriade d’associations à vocation européenne, dont fait partie Cafébabel Strasbourg, a été conviée à une réunion à la Mairie en toute fin de semaine dernière. Un "conseil de guerre" pourrait-on dire, comme pour dessiner une tactique collective sur l’échiquier de la bataille du siège du Parlement européen.

Les stratèges ont défini leur camp, en se déployant sur le versant politique avec la création d’une « task force » menée par l’eurodéputée Catherine Trautmann, mais aussi sur le versant citoyen. La société civile, par la voie associative, est, quant à elle, appelée à contribuer à cet « effort de guerre » à travers le COmité pour l'EURope de et à Strasbourg » (CŒURS) également placé sous la houlette d’une femme, l’élue strasbourgeoise chargée des affaires internationales et européennes, Nawel Rafik-Elmrini. Il s’agit bien d’une guerre dont les fronts des lignes adverses s’entrechoquent ouvertement depuis plus de 20 ans et la décision du Conseil européen d’Edimbourg en 1992, fixant le principe du siège officiel du Parlement européen à Strasbourg. A coups de batailles politico-médiatiques les anti-Strasbourg, à tendance britannico-libérale pour les rebondissements récents, ont pu faire parler d’eux il y a deux ans. Dernier gros dossier en date, le rapport du député européen Mc MilanScott sur le coût d’un double siège et la tendance des Eurodéputés à vouloir se prononcer en faveur d’un lieu unique de travail, de fait à Bruxelles. Malgré le poids du lobbying à et pour Bruxelles, la société civile strasbourgeoise a su rebondir sur ce rapport et se mobiliser. L’année dernière, Cafébabel Strasbourg vous faisait part d’un rapport de l’AEJE qui a mené sa propre enquête pour relativiser le coût réel du siège strasbourgeois.

Le front pro-Strasbourg se mobilise et les associations présentes au lancement du Cœurs ont souligné la pertinence d’y associer leurs voisins de l’autre côté de la rive du Rhin. D’autant plus qu’un de leurs compatriotes, l’Allemand Martin Schulz, accessoirement président (S&D) du Parlement européen, a déclaré sa flamme à Strasbourg au printemps dernier. Si, si, rappelez-vous, Cafébabel Strasbourg était sur le coup …

La bataille se déplace chez les Commissaires

Appui du patron du Parlement lui-même, mais aussi du gouvernement français. Le ministre chargé des affaires européennes, Bernard Cazeneuve avait fait son premier passage cet été à Strasbourg, et Cafébabel avait été missionné pour y recueillir la petite phrase. Si François Hollande a attendu plus de six mois pour franchir officiellement les portes de l’hémicycle strasbourgeois, celui-ci a réaffirmé son soutien à l’institution dans la capitale alsacienne lors de sa visite le 05 février dernier, soit quelques semaines après l’arrêt rendu par la Cour de justice de l'Union européenne du 13 décembre dernier, confortant la tenue de 12 sessions plénières à Strasbourg. Parlement, gouvernement, Cour, quelle autre institution aurait pu entrer dans le débat du siège ? A l’initiative de trois commissaires européens, Neelie Kroes (stratégie numérique), Karel De Gucht (Commerce) et Olli Rehn (Affaires économiques et monétaires et euro), un manifeste pour un siège unique à Bruxelles a été signé hier à Amsterdam par une poignée de libéraux européens. Recadrage de la Commission, celle-ci a immédiatement confirmé que ces trois commissaires s’étaient exprimés à titre personnel. Le contraire aurait fait désordre pour une gardienne des Traités…

Vives réactions également du côté des politiques français. Catherine Trautmann, qui s’est exprimée sur les réseaux sociaux, souligne une certaine incohérence parmi les Libéraux et « ce rendez-vous d'Amsterdam démontre enfin clairement que la campagne "One Seat" est le faux nez d'un agenda ultralibéral qui a déjà fait la démonstration de sa toxicité pour l'Europe ». Le ministère français des affaires étrangères et européennes confirme, quant à lui, que « la France est très attachée au respect des traités, qui ont fixé le siège du Parlement européen à Strasbourg. Cette décision est intangible et non négociable ». Nous voilà -presque- rassurés.