Et si le soleil sauvait la Grèce ?
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Naima Bautista RimPays du vent et du soleil, la Grèce offre un potentiel de développement considérable en matière de développement des énergies renouvelables. Actuellement, 99% des constructions privées grecques utilisent l’énergie solaire. Mais sous les panneaux plane l'ombre de la crise : fuite des fonds régionaux européens, gestion bureaucratique de l'industrie solaire...
La Grèce saura-t-elle tirer profit des richesses d'Helios sans tout gâcher ?
Dans un pays qui ne semble pas déborder de conscience verte, il est surprenant de découvrir que 99% des constructions privées utilisent l’énergie solaire pour générer de l’eau chaude (salle de bain, cuisine et électroménager). Dans une Europe avant-gardiste en la matière, la Grèce se place au second rang en ce qui concerne ce type d’utilisation par habitant. Juste derrière Chypre. Depuis 2000, l’Union européenne a demandé à ses Etats membres qu’ils obtiennent 12% de leur production d’électricité à partir de sources renouvelables : le pays méditerranéen a déjà dépassé le seuil des 15%. Et consacre plus de 320 jours de soleil à l’année au service de la science et de l’économie énergétique. La Grèce en crise ? Pas sur tous les tableaux.
Un engagement précoce
Avant même que l'UE ne prenne des mesures fiscales à ce sujet, les Hellènes ont pris de l'avance sur ce qui est maintenant une nécessité. Depuis que l’ancien Premier ministre grec Konstantinos Karamanlisa installé des panneaux solaires sur sa résidence et sur le toit du Parlement en 2005, les énergies renouvelables ont la cote en Grèce. Et pour cause, le pays est si bien exposé à la lumière solaire que le potentiel économique de ce dispositif est immense. Englué dans une crise systémique, le pays méditerranéen peut même trouver dans « l’économie verte » un moyen de s’extraire de sa panade budgétaire.
Un engagement de longue date
Mais dès 1980, bien avant l'initiative un brin mégalo de Karamanlis, des entreprises pionnières dans ce secteur avaient montré la lumière. Ces firmes, comme Sole S.A, ont décidé de s’associer pour promouvoir une conscience écologique émergente. Une campagne publicitaire et un ministre-modèle plus tard, les Grecs se sont rués sur les panneaux solaires. « Le succès fut tel qu’il est rare de voir aujourd’hui une maison sans plaque », souligne Vangelis Lamaris, le directeur marketing de Sole. Reste un souci : l’esthétique. Mais, contrairement à l’Espagne ou à l’Italie, la Grèce n’a pas promulgué de loi urbaine interdisant la prolifération de « plaques ». Au contraire ! L’Etat subventionne ce type d'initiatives, permettant ainsi à une famille de quatre personnes de jouir d’une installation solaire pour la somme symbolique de 1.000 euros. Le village de Pefki est un exemple clair de cette politique. Situé dans la périphérie d'Athènes, « l’équipement solaire » a été attribué à plusieurs de ses logements sociaux. La zone est aujourd’hui connue sous le nom de « shine floor » (« plancher brillant »).
Électricité à vitesse bureaucratique
L’énergie solaire photovoltaïque est, toutefois, ralentie par la bureaucratie. Malgré le marché prometteur que pourrait susciter ce secteur, le pays a bien du mal à assumer le défi technologique. Les sources du ministère de l'environnement m'ont affirmé que des demandes de subventions s’empilent dans les couloirs en raison du manque de formation technique des intervenants. Tigás Kostas le représentant de CRES (Center for Renewable Energy Sources and Saving) pointe, lui, la mauvaise gestion du pays qui dépenserait mal les fonds reçus par l'Europe.
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En 2010, un milliard d'euros ont été alloués pour stimuler l'utilisation des énergies renouvelables, mais « plus de la moitié reste sur le papier, ce qui explique notre déficit technique au moment de lancer les ressources dont bénéficient ce pays, comme le sont le soleil et le vent. La survie des hommes politiques ne dépend pas du programme vert qu’ils développent, comme dans le nord de l'Europe, c’est pourquoi ils ne sont pas encore punis, de manière électorale, pour ce gaspillage », argumente Kostas.
Prochain arrêt : aire conditionné
Actuellement, le grand engagement technologique concerne la climatisation et la réfrigération par le biais de l'énergie solaire (illiakós klimatismós). Seulement, avant le début de la crise économique, l'Union européenne subventionnait 50% de ce type d’installation. Et, comme le reconnait un technicien de la société Sole S.A., « là où on employait avant 26 travailleurs, ils sont maintenant quatre ». Gel des fonds européens, manque de main d'œuvre, baisse de la demande... Autant d'éléments qui souillent toute perspective de développement pour les entreprises implantées en Grèce.
La société Sole SA a été pionnière dans la grande étape de l'exploitation du soleil méditerranéen. Il y a de cela 12 ans déjà, elle s’est risquée à installer une superficie de 1.500 mètres carrés de panneaux solaires pour fournir la climatisation et l'électricité à une usine de parfums, située à 50 kilomètres de la capitale grecque. Le coup de l'époque avait été de 240.000 euros, sans compter les 2.200 euros d'entretien mensuel. Aujourd'hui une telle prise de risque serait suicidaire.
Le pays manque d'air, et avec 320 jours de pleine exposition au soleil, la clim' ferait peut être du bien face à l'insolation financière. Mais aujourd'hui, les particuliers ne semblent pas en mesure d'acquérir le fameux illiakós klimatismós, sauf exception. En effet, pour une surface de 200 m², le coût atteindrait les 20.000 euros. Le seul espoir à l'horizon, selon Vangelis Lamaris, serait que les exportations d'énergie solaire vers la Hongrie ou l'Espagne - des pays friands du savoir-faire grec en la matière - réduisent à terme le coût d'installation pour les particuliers en Grèce. Reste à savoir si l'intérêt montré par les particuliers pour l'énergie solaire sera récupéré par le gouvernement... Dès qu'il ne sera plus « congelé » par la crise.
Photos : Une : ©Tom Ollivier/Flickr ; "Burned out" : ©Lefteris Koulonis/Flickr; Panneau solaire artisanal : ©fermedesmeuniers/Flickr ; Climatisation : ©bondidwhat/Flickr
Translated from Energías renovables: Los días al sol de Grecia