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Espagne : le changement tranquille de Ciudadanos

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Philippe Vanderpotte

Politique

Le parti orange, dont Albert Rivera est le leader, se positionne comme une des quatre principales forces politiques en Espagne avant les élections du 20 décembre. Les plus disputées depuis la constitution de 1978.

La montée fulgurante de Ciudadanos (« Citoyens » en espagnol, ndt) comme option de gouvernement en Espagne est un phénomène que peu aurait imaginé il y a à peine un an. Le parti orange commençait 2015 avec une intention de vote de 3,1% selon le CIS, (Centro de Investigaciones Sociológicas, ndlr) un chiffre très loin des 18% que prédisent les dernières enquêtes. Comment y sont-ils parvenus ? Quels sont leurs projets économiques ? Qui soutient ce parti ?

À l'origine, un parti nationaliste

Ciudadanos est né il y a neuf ans en Catalogne avec un message nationaliste clair. Face au nationalisme catalan, le parti joue l'atout de l'étourderie idéologique pour essayer de profiter du mécontentement d'une grande partie de la population. Depuis que le mouvement des Indignés a adressé ses protestations aux partis politiques, Ciudadanos a essayé de se présenter comme le parti d'un renouveau politique. « Concilier l'égalité des chances avec l'économie de marché », affirme la numéro deux du parti Inés Arrimadas dans le programme de radio Carne Cruda quand on lui demande quelle est l'idéologie du parti. « Nous ne sommes ni Podemos, ni de droite », précisait-elle à propos de l'éternelle comparaison avec le parti de Pablo Iglesias, l'autre nouvel acteur politique en Espagne. Cela dit, il faut bien se souvenir que Ciudadanos s'est présenté au sein de la coallition d'extrême droite Libertas, lors des élections européennes de 2009.

Ce qui est certain, c'est que, malgré cette tentative de se démarquer des positions classiques de la droite, Albert Rivera lui-même a milité dans le mouvement de jeunesse du Partido Popular (parti conservateur, ndlr) et l'électeur de Ciudadanos correspond au profil de l'électeur de droite : un homme de moins de 54 ans qui vit dans les grandes villes, est diplômé de l'enseignement supérieur et appartient à la classe moyenne supérieure. Le succès dans les sondages et le soutien croissant lors des élections municipales et régionales - où, par exemple, ils soutiennent le gouvernement du Partido Popular dans la Communauté de Madrid - et lors des élections en Andalousie - où ils ont soutenu le gouvernement du PSOE (parti socialiste, ndlr)  - reposent sur l'attraction du vote des jeunes, une partie importante de l'électorat avec un nombre d'indécis qui approche les 40% pour les élections législatives.

La droite moderne ?

Le programme politique de Ciudadanos est truffé de petits clins d'œil à la centralisation du pouvoir, ce qui, en Espagne, est associé à la droite idéologique. S'ajoutent à cela des déclarations polémiques sur la couverture maladie universelle pour les immigrants, dans lesquelles ils mettent en doute les violences faites aux femmes ou dans lesquelles ils demandent davantage de barrières de sécurité contre l'immigration à Ceuta et à Melilla.

Comme si cela ne suffisait pas, son gourou économique, Luis Garicano, ancien conseiller du gouvernement de Mariano Rajoy et professeur à la London School of Economics, est celui qui détermine la ligne économique du parti. Un parti, qui il y a quelques mois, a reçu l'approbation des principales entreprises du pays et des grands groupes médiatiques, qui voyaient le parti de Rivera comme une transition tranquille face au gouvernement du Partido Popular, repu de scandales de corruption.

Le parti orange a peut-être une révolution en tête. Mais, elle sera tranquille, menée avec le soutien des grandes métropoles et le mécontentement de l'électorat envers les deux partis traditionnels en Espagne, qui se sont partagés le pouvoir depuis 1982.

Translated from El cambio tranquilo de Ciudadanos