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Espagne : ces jeunes qui restent pour le(ur) bien (2/2)

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BruxellesStyle de vie

Il n'existe pas de chiffres officiels sur la quantité exacte de jeunes qui abandonnent l'Espagne à la recherche de travail. Mais qu'arrive-t-il à ceux qui décident de rester dans leur pays en essayant de le faire bouger ? Quatre jeunes, âgés de 25 à 35 ans, sont restés et ont misé sur la réalisation de leurs projets d'affaires. Jolies petites histoires.

Luis López et Mari Carmen Redondo se sont rencontrés pendant leurs études sur le campus de l'Universitat de València à Gandía, et travaillent maintenant sur place. Ils profitent d'un espace de coworking que l'université a aménagé dans l'un de leurs bâtiments. « Tu es en contact avec d'autres professionnels aux mêmes inquiétudes, tu partages des idées, c'est constructif », commente Luis.

Dans leur bulle

Luis, tout comme Mari Carmen, est licencié en communication audiovisuelle, et gère la communication digitale de son agence,Diez y Diez Comunicación. Le jeune homme évolue donc dans un monde qui va vite et qui selon lui, même face aux voix qui prétendent qu'Internet est une bulle sur le point d'éclater, fait désormais profondément partie de notre quotidien. « Dire cela d'Internet, c'est comme si on avait dit, il y a 80 ans, que le téléphone était une bulle qui éclaterait, et qu'il n'avait pas d'avenir. Cela n'a pas de sens. Internet est là, il s'est consolidé et c'est un moyen de communication de plus », explique-t-il. Confrontés à la multitude d'acteurs professionnels qui florissent sur le Web, Luis tout comme Mari Carmen ont une vision claire de l'avenir : ce sont les meilleurs et ceux qui ressentent une vraie passion pour ce travail qui finiront par rester.

Mari Carmen, en charge de la partie audiovisuelle de l'entreprise, se retrouve face à une réalité plus compliquée. Elle s'avoue un peu déçue du secteur audiovisuel valencien. Un secteur secoué, en novembre 2013, par le gouvernement autonome qui a décidé de fermer la télévision publique, non sans polémiques. « Je suis très déçue par le panorama audiovisuel valencien. C'est un problème de Valence : si tu n'entres pas vite dans le milieu, tu n'en feras jamais partie. Et il faudra que se passe beaucoup de temps pour que l'on puisse accepter de te considérer », affirme-t-elle. Mari Carmen continue à se battre quotidiennement depuis le campus de Gandía, pour préserver la relation qu'elle entretient avec sa terre et sa langue. Pour ressentir, comme Luis, qu'elle apporte quelque chose à l'environnement dans lequel elle évolue, « et pour voir que ce que tu as commencé avec joie, la petite flamme que tu as allumée un jour, se développe ».

« Ne pas tout abandonner »

L'optimisme et l'envie de rester là où il sont pour travailler sont aussi des choses que partagent Almudena Forner et Cristina Miralles, « Almu et Cris » comme elles aiment qu'on les appelle. Ensemble, elles forment le Pepa's Party Celebration Decor Studio, qui comme son nom l'indique,  est une boîte concentrée sur l'évènementiel.

Aucune n'a évoqué sérieusement le fait de partir, bien qu'elles avouent que cela leur est passé par la tête quand elles se sont aperçues des avantages en matière de droits et de bénéfices professionnels que l'on trouve à l'étranger. « Il y a toujours eu quelque chose ici. On y trouve des éléments précieux. L'environnement dans lequel nous évoluons, ce que nous y faisons et ce que nous pouvons y apporter sont autant d'éléments qui pèsent dans la balance pour ne pas tout abandonner », commente Almu.

Alma est licenciée en publicité et relations publiques, Cris en journalisme. Leurs chemins se sont croisés lors de la confection de la robe de mariée de Cris. Le feeling, nous racontent-elles, a surgi immédiatement. On approche les trois années d'existence des Pepa's et malgré cela , les jeunes filles n'oublient pas leurs débuts. « Nous avons été téméraires sur le plan managérial : ni prêts, ni crédits, poursuit Cris. Il s'agit simplement de notre amour pour ce que nous faisons. ». Elles se sont pourtant vite retrouvées noyées dans une mer de paperasserie bureaucratique, avec de maigres aides et des impôts à n'en plus finir. Malgré tout, elles ont continué d'avancer, avec leur passion pour l'art, pour la création. « Quand tu commences quelque chose, l'espoir te rend aveugle parce que tu vois que tout est possible. » Aujourd'hui elle n'ont pas perdu cet espoir, nous explique Almu, mais elles ont choisi de se concentrer sur ce sur quoi elles se sentent le plus l'aise, laissant de côté la fonction de wedding planners qu'elles avaient à leurs débuts.

Dans les deux cas, l'option choisie fut celle d'entreprendre. Un chemin loin d'être simple mais choisi par beaucoup de jeunes actuellement, selon les données du Ministère de l'Emploi et de la Sécurité Sociale. De 2007 à 2013, les 25 -34 ans enregistrent le taux d'activité d'entreprise le plus élevé, au-dessus de la moyenne sur toutes les années concernant la période. En 2013, le taux de ce groupe s'élevait à 6,1 %, alors que la moyenne totale se situait aux alentours de 5 %.

Aussi bien Diez y Diez que Pepa's Party ont su tirer parti des nouvelles technologies en matière de communication. Pour l'équipe de Diez y Diez, ce n'est pas seulement la matière avec laquelle ils travaillent qui importe, mais aussi l'outil pour communiquer avec des clients qui se trouvent loin de Gandía. Pour Almu et Cris, montrer leurs travaux sur le Web, réussir à faire parler d'elles via les blogs et donner une résonnance à leurs oeuvres sur les réseaux sociaux constituent une façon très efficace de se faire connaître. Voici donc deux autres cas de jeunes entrepreneurs qui ont joint l'idée à l'enthousiasme, en montant leur projet sur la terre qui les a vu grandir, contribuant à y développer des valeurs et une vision d'avenir.  

Retrouvez la première partie de cet article ici.

Translated from Profetas en su tierra (emprendedores en España, parte II)