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Erlend Oye : la Dolce Vita

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Translation by:

Coumba

BrunchCulture

Etre à la fois norvégien et amoureux de la Sicile ? Erlend Oye qui vit à Syracuse depuis 1 an et demi, en est le parfait exemple. A son insu, il est devenu le visage de l’intégration européenne. A coups de guitare acoustique et de musique traditionnelle italienne, il est en passe de conquérir un public toujours plus large. Rencontre à Milan.

Bien dormi ? « Oui merci, j’étais fatigué : je reviens tout juste d’Oslo. Je travaille sur un album avec un groupe de reggae islandais ». Erlend Oye (qui se prononce « Arl eye » en norvégien), se réveille d’une sieste à l’ombre d’un des nombreux arbres du Parc Sempione, à Milan. Nous sommes au début du mois de septembre et le soleil brille encore sur la ville qui accueille le Milano Film Festival : un flot de films de réalisateurs débutants, une avalanche de court-métrages et de films d’animation, et en parrallèle, des concerts de musique indépendante qui résonnent dans les jardins du Château des Sforza. Ce soir c’est au tour de Erlend Oye, qui, pour la première fois, joue sur scène des reprises de Mina, Gino Paoli, et Bruno Martino. « Je travaille sur pas mal de projets en même temps, mais je ne suis pas encore sûr de sortir un nouvel album. Est-ce que ça aurait encore un sens, de nos jours ? »

LE GOUROU

Erlend Oye, moitié des Kings of Convenience et idole des Sicules, qui l’ont accueili à Syracuse depuis environ 1 an et demi, est un gourou scandinave à la chevelure blonde qui respire le calme et la sérénité, tout comme le reflète son regard, son ironie, ses vêtements bariolés et ses chaussettes rayés. « Pendant 1 an je ne jouerai pas sur scène avec le groupe. Ma priorité c’est l’album de reggae, ça fait 6 ans que je travaille dessus », raconte-t-il. Vous imaginez vous la voix fondactrice du new acoustic movement européen, qui s’est déjà essayée à l’électro grâce à Royksopp, faire ses premiers pas dans la musique caribbéenne ? « Ce sera plus genre Lovers Rock », précise Erlend, faisant référence au reggae teinté de soul très populaire au Royaume-Uni dans les années 70.

« J’adore chanter en italien. J’ai eu un déclic auquel je ne m’attendais pas ». Au printemps, le chanteur de Bergen avait annoncé avec circonspection : « j’envisagerai d’enregistrer un album uniquement si les italiens aiment mon single ». En l’espace d’un été, le clip de « La Prima estate »  a été visioné 300 000 fois sur YouTube et les fans l’ont innondé de compliments. A Syracuse, il n’a même plus besoin d’acheter une voiture. « Pour me rendre à Ortigia, je fais du stop. Tout le monde me connaît, je n’attends jamais plus de quelques minutes. »

Récapitulons : un album de reggae, un album de reprises en italien, et un autre en anglais. Mais pas d’urgence : « L’album  peut vous être utile à vous, journalistes, qui en écrivez les critiques, mais de nos jours, écrire un album prend beaucoup de temps et la rémunération est maigre. Je peux me le permettre, parce que j’ai beaucoup de fans, mais le concept est à revoir ». Et puis, il y a la musique électronique : « je me demande pourquoi les Daft Punk ne m’ont pas téléphoné, dit-il en blaguant. Leur nouvel album me plaît, surtout les paroles. Cependant, j’aimerais que le prochain disque qui prenne la même direction soit le mien. Je vais avoir besoin de temps pour apprendre à utiliser un ordinateur pour composer ».                                                                                                                    

« Grande grande grande » 

Les Kings of Convenience sont deux rois opposés : d’un côté, Erik, qui vit à Bergen avec sa famille, et de l’autre, Erlend, qui a realisé son rêve et qui désormais vit en Italie avec sa mère. « On a dû partir ensemble, puisqu’il s’agissait d’un projet de vie. Tout le reste est arrivé spontanément : nous sommes arrivés à Ortigia et un ami de Catane m’a mis en contact avec quelqu’un à Syracuse. Il nous a emmené dans un bar, et j’y ai rencontré mes amis d’aujourd’hui. Entre autres : le frère et le cousin de Lucia (protagoniste du clip de “La Prima Estate”, ndlr). Le jour qui a suivi notre rencontre, ils m’ont fait visiter Pillirina, au sud de la ville. Ça a été le coup de foudre ! Une mosaïque de paysages qui ne se trouve nulle part ailleurs en Italie. A 2 pas de chez moi, il y a la mer, la nature sauvage, et une ancienne ville riche en histoire et en monuments. »

Son premier concert solo en Italie, au Park Live (le rassemblement musical organisée en parralèle du Milano Film Festival, ndlr), restera sans aucun doute le moment le plus émouvant pour le musicien norvégien. Erlend avait promis des morceaux de ses 5 musiciens italiens préférés : « Mina, Gino Paoli, Fred Bongusto, Bruno Martino, et... Alan Sorrenti, avec son titreFigli delle stelle" ». Mais en grand perfectionniste, Erlend a choisi des morceaux qui comportent des textes qu’il est certain de pouvoir prononcer :  « Grande grande grande » de Mina, « E la chiamano estate » de Bruno Martino, et bien entendu son propre titre « La prima estate ». L’hommage aux années 70 a débuté avec le morceau « 13» de Big Star, et s’est clôturé sur une reprise de Simon et Garfunkel. Une guitare acoustique douce et lente, accompagnée de son regard incrédule et amusé : « Vous n’arrivez pas à prononcer mon nom ? Appelez moi comme ça vous vient ».

Crédits vidéo : Bubbles Records/youtube; Nicola Accardo/youtube

Translated from Erlend Oye: il re norvegese  della Sicilia